CHAPITRE 9

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Alexander

Je ne sais pas depuis combien de temps je suis là dans cette ruelle, au sol, enseveli sous un flot d'émotions que je n'arrive plus à contenir. Le dégoût et l'amertume ne font qu'accentuer les larmes qui coulent sur mon visage et ressasser cette question qui tourne en boucle dans ma tête : Pourquoi ? Pourquoi mon père n'arrive t-il pas à m'accepter comme je suis ?

La relation que j'ai avec lui n'a pas toujours été aussi toxique.
En tant qu'aîné de la famille, mon père a toujours attendu beaucoup de moi et bien évidemment il souhaitait que je suive son exemple en devenant moi aussi cuisinier. Mais en réalité, il ne m'a poussé à rien. C'est moi qui ai voulu faire ce métier qui m'a toujours fasciné et lorsque qu'il a vu que je portait un réel intérêt à la cuisine, il m'a rapidement appris les rudiments du metier.
J'ai passé mon adolescence à suivre ses directives sans me plaindre et ce même lorsqu'il était dur. Lui qui de nature n'est pas très loquace et montre peu ces émotions, a tout de même fait preuve d'une grande admiration de mon travail et n'a cessé de m'encourager aux cours des années passées à travailler à ces côtés.
Mais le jour où il a appris mon homosexualité, quelque chose s'est brisé.
J'ai d'abord mis son absence de réaction à mon coming out sur le compte de son caractère taciturne mais à partir de ce jour, il n'a plus réellement posé les yeux sur moi et nos rapports n'ont plus jamais été les mêmes. La relation père fils que nous avions jusqu'en cuisine est devenu une relation purement professionnelle.
J'ai attendu qu'il s'ouvre à moi comme me l'a conseillé ma mère à l'époque mais rien n'est arrivé. Jusqu'à ce fameux jour où la seule chose qu'il a daigner me montrer, c'est son point dans la figure.
Ce jour là, j'ai cru mourir de chagrin. Mon père me rejetait, moi, son fils et pourquoi ? Parce que j'étais différent. Mais en quoi était-je différent ? J'étais toujours moi, Alec, le garçon qu'il a élevé et dont il était fier jusqu'à peu. Mais rien à faire, il ne voulait rien savoir. Grand dieu, il était hors de question que son fils puisse aimer les hommes ! Oh non, hors de question que le fils du grand Robert Lightwood soit une de ses tapettes et pire encore, personne ne devait connaitre sa façon de penser. S'il venait à se savoir que ce grand chef étoilé était homophobe, cela nuirait trop à son image.  
Du coup, j'ai fait ce que tout bon fils fait dans ces cas là. J'ai suivi les ordres et essayé de renier qui j'étais. Mais c'était trop dur. Après toutes ses années à vivre dans le déni, je ne pouvais plus cacher qui j'étais, qui je suis... Malgré tout, je ne voulais pas le perdre alors j'acceptais son châtiment sans sourciller à chaque fois que selon lui je dérapais, quel idiot j'ai été....
Toute cette souffrance pourquoi hein ? Pour rien ? Et encore aujourd'hui, il continu de me faire payer mon comportement. Je n'arriverai jamais à le comprendre...

- Alec ? Alec s'il te plaît regarde moi.

Les doigts chauds d'Izzy caressant mon visage me sortent de ma torpeur.

- Alec qu'est qui se passe ? Dis moi ce qu'il y a !

Inquiète, elle passe ces doigts sous mon menton et m'oblige à la regarder. Me rendant compte de mon état, je m'empresse d'essuyer mon visage du revers de ma manche et essai de reprendre ma respiration pour calmer mes sanglots.

- Rien, je vais bien ne t'en fait pas

- Alec regarde toi ! Je vois bien que quelque chose ne va pas. Parles moi ! C'est papa c'est ça ? Il a essayé de te contacter ?

Ma soeur est une futée et tape toujours dans le mille, après tout pourquoi lui mentir...

- Il m'a grillé Izzy dis-je en détournant les yeux

- Quoi ? Je ne comprend pas

- Papa, il m'a grillé, il a contacté la plupart des restaurants de New York et leur a demandé de ne pas m'embaucher

Almost FriendsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant