Meilleurs amis et rien d'autre

Chap 21 🍿 Part I

NATHAN

Partie I/II

Le mois de novembre s'écoule lentement, sûrement parce qu'on ne sort pas vraiment la tête de nos révisions. Bien que j'oppose un silence radio à Jacques et que j'ai beau lui faire comprendre qu'entre nous il n'y aura rien de plus qu'une amitié, il n'en fait qu'à sa tête. Toujours. Parfois, il débarque devant chez moi et pour qu'il me laisse tranquille, je suis obligé de descendre et de le rencontrer. S'ensuit des disputes insupportables avec Clément qui ne mènent à rien. Sincèrement, j'ai d'abord pensé qu'il s'énervait de me voir aussi proche de ce type parce qu'il ressentait quelque chose. Cependant, plus je le pousse, plus je creuse, plus je me retrouve face à la terrible réalité : Clément déteste simplement Jacques et trouve qu'il n'est pas quelqu'un de recommandable pour former un couple avec. De quoi m'irriter d'avantage. J'ai l'impression qu'il n'est pas honnête, mais au fond, peut-être me convainquais-je d'avoir une chance simplement parce que je suis raide dingue de mon meilleur ami ? Je suis pathétique...

Allongé sur le sofa, je place les paumes de mes mains sur mes paupières dans l'espoir d'évacuer cette tristesse qui me sert la gorge. Tout aurait été bien plus simple si je n'avais jamais pris conscience de mes sentiments. Après tout, nous serions restés Clément et Nathan, les meilleurs amis du monde/insupportables de profession. Certes, si je n'avais pas fait le premier pas avec cette question, nous n'en serions pas à ce point pris dans ce jeu ridicule, mais je dois bien avouer être content lorsqu'on se touche. Et surtout lorsque je vois les expressions de Clément, des expressions que je n'aurais jamais eu le loisir d'apercevoir si nous n'avions pas dérapé derrière cette fragile ligne de l'amitié.

Le problème, c'est que je suis dorénavant à un point où je ne peux plus ignorer tout ce que sa présence déclenche en moi. Je ne crois pas avoir été un jour aussi fébrile devant quelqu'un. Lorsqu'il s'approche de mon visage, je sens mon cœur s'emballer, mes mains devenir moites, je déglutis et je me demande s'il va oser m'embrasser à nouveau. Mais quel intérêt quand il se penche juste pour récupérer le sel ? Je deviens idiot, putain..., je songe en lâchant une lamentation.

Je soupire et laisse mon bras droit pendre dans le vide tandis que je ramène ma main gauche sur mon abdomen. Tout me ramène sans cesse à Clément. Je pourrais oublier mes sentiments, décidé de mettre un terme à ce que nous faisons de temps en temps, tourner la page, mais je crois que j'espère qu'un jour il ressente la même chose. Et puis, comment passer à autre chose quand toute ma vie a été moulée en fonction de nous deux ? On partage tout et pour effacer tout ce que je ressens, il faudrait sûrement mettre de la distance entre nous deux ce que je suis bien incapable de faire. Je suis condamné.

— Kuro..., je fais faiblement en espérant que mon chat décide de quitter le panier où il a élu domicile. Je crois que je deviens un putain de cliché. Du genre, le gars amoureux de son meilleur ami dans une relation à sens unique. C'est tellement merdique...

Je soupire profondément, perdu. Parfois, la vie a vraiment besoin d'être compliquée. À croire qu'elle ne m'en a pas déjà fait assez baver. Au point où j'en suis, je suis presque en train de désespérer. J'ai beau faire des appels de phare à mon acolyte de toujours, c'est comme s'il avait des œillères. À ce stade, ça devient grave..., je soupire à nouveau.

Je préférais ne jamais avoir ressentis tout ce chamboulement. J'aurais pu continuer de prétendre que Clément est mon frère de cœur, que je l'aime d'un amour inconditionnel d'un point de vue amical, et je ne me serais pas posé toutes ces questions qui - loin de m'aider - me détruise petit à petit. Je ne veux pas abandonner mon meilleur ami. Je ne veux pas avoir à le rayer de ma vie. Je ne veux pas ressentir cette attirance si c'est pour détruire quelque chose qui m'est précieux.