Meilleurs amis et rien d'autre

Chap 21 🍿 Part II

CLÉMENT

Partie II/II

J'accroche une guirlande autour du sapin, grognant parce qu'il va falloir que j'en fasse le tour. J'enjambe Amaury qui place toutes les boules d'un seul côté et soupire lorsque j'en vois le bout. Je m'éloigne et grimace, me disant que cela fera l'affaire. De toute façon, notre sapin ne ressemble jamais à rien. Les guirlandes sont bancales, les boules pas assez réparties et l'étoile toujours penchée d'un côté. Il faut croire qu'il représente à merveille ma famille. Un bordel monstre !

Je me laisse tomber dans le sofa en poussant un soupir satisfait et viens piocher dans les petits bocaux déposés sur la table basse, saisissant une poignée de cacahuètes. Ma mère travaille tard, mais mon père s'est fait un point d'honneur à être présent. Il a mis des jingles de Noël sur YouTube et a promis de faire la crèche avec les tout petits. Pauline arrive avec une tasse de chocolat chaud parsemé d'une montagne de chantilly et je me lèche les lèvres, tendant ma main. Elle me sourit et me la donne avant de me rejoindre, sa propre tasse dans la main.

— Nathan arrive quand ? me demande-t-elle.

Comme à chaque fois que mon meilleur ami est mentionné ces derniers temps, je repense à cette soirée en novembre où je n'ai écouté que mon désir pour satisfaire celui de Nathan. Ok... j'ai carrément profité de sa faiblesse pour obtenir ce que je me refusais jusqu'à maintenant. De quoi me rendre encore plus confus. Même si, au fond, je sais déjà pourquoi tout cela m'arrive. Simplement, je repousse le moment où je devrais y poser un mot. J'ai tellement peur de la vérité.

— T'as trop chaud ? me demande ma sœur en collant son front contre le mien.

Super... si même mon corps commence à me trahir ! je songe en secouant la tête. Je plonge ma cuillère dans la chantilly et l'enfourne dans ma bouche avec délectation.

— Ils arrivent pour le dîner.

— Je suis étonné que Nath ne soit pas venu pour faire le sapin, dit-elle en me caressant la joue avant de s'enfoncer dans son siège.

— Il devait emmener Kuro chez le vétérinaire, j'explique en me débarrassant lentement de la mousse blanche, conscient qu'elle fond à cause de la température du chocolat. Il a voulu faire le malin en sautant partout, résultat : il s'est fais mal à la patte.

Elle rit légèrement et secoue la tête avant de se lécher les lèvres, récupérant la chantilly qui y était déposée.

— Alors tes révisions ?

— Ça va, je réponds en plongeant mon regard dans la boisson.

— Tu es sûr ? s'inquiète-t-elle.

Je hausse les épaules avant de sourire.

— C'est juste fastidieux.

— Je comprends. Mais c'est bientôt finit.

Oui, enfin, il me reste encore six mois... Je déguste mon chocolat chaud en observant Daphné se hisser sur la pointe des pieds dans l'espoir d'accrocher une boule de noël aux branches les plus hautes. Aussitôt, notre père débarque et lui donne un petit escabeau sur lequel elle prend position. Pour une fois, Amaury et elle ne se font pas la guerre. Et c'est tellement agréable.

— Toujours célibataire ? je demande avec un sourire amusé.

— Ah ! M'en parle pas, soupire-t-elle.

Elle me raconte alors qu'un serveur plutôt mignon dans le café où elle prend toujours un chocolat le matin lui a tapé dans l'œil et qu'elle se faisait un plaisir d'y aller tous les jours jusqu'à découvrir qu'il était déjà pris. Je compatis en tapotant sa cuisse avant qu'elle ne me ramène contre elle, passant un bras autour de mes épaules. Pauline et moi avons toujours été proches. Et j'adore cette complicité.