Chap 24 🍿 Part I

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NATHAN

Partie I/II

Après ma dispute, je suis rentré aux alentours de dix-neufs heures pour ne retrouver que mon chat et ma mère. Clément n'est pas rentré et puisque ma colère s'était calmé, j'ai daigné répondre à son texto en lui retournant la question. Question qui a écopé d'un « Je suis malade 🤧 » très clair. Pendant un instant, je me suis demandé s'il mentait et avait trouvé une excuse pour ne pas me voir. Puis je me suis dis qu'il me l'aurait simplement dit. Et maintenant, mon lit l'appelle depuis trois nuits. Au moins, je sais qu'il est bien cloué dans le sien. Je suppose que les révisions ont eu raison de sa santé.

Je roule à l'autre bout du lit et plonge mon nez dans l'oreiller qui porte son odeur. Je suis tellement habitué à dormir avec lui que son absence me pèse. Encore plus que mes mots. J'étais sérieux quand je lui ai dit vouloir abandonné. Sincèrement, je ne veux pas espérer pour rien. Je sais qu'il fait mine de ne rien voir. Sûrement par peur de briser notre amitié. Cette même peur qui me retient de dire ce que je ressens. Cependant, je sais aussi que mes sentiments ne disparaîtrons pas du jour au lendemain. Je crois que pour tourner la page, je devrais prendre du recul. Plus facile à dire qu'à faire..., je songe avant de me lever.

Je traîne les pieds jusqu'à la cuisine avant d'enlacer ma mère qui coupe des légumes en morceaux. Le mois d'avril sera bientôt là, mais nous continuons de faire des soupes pour le dîner. Je ne dis pas non, elles ont le mérite d'être bonnes et de me réchauffer.

— Ça va, mon cœur ? me demande-t-elle.

Je sais qu'elle a remarqué mon humeur dernièrement. Elle ne dit rien, mais la façon dont elle me regarde me fait comprendre qu'elle s'inquiète. Je m'accoude au plan de travail pour observer son travail et bascule ma tête vers l'arrière en soupirant.

— J'arrive pas à dormir sans Clément...

Elle sourit doucement et me jette un coup d'œil après avoir glissé les morceaux de courgettes dans son mixeur. Elle s'attaque ensuite au poireaux, concentrée.

— Tu sais... vous ne serez pas éternellement ensemble.

— Bien sûr que si ! je proteste, trouvant cette perspective horrible.

— Je ne dis pas que vous ne serez plus amis, reprend-elle avec un sourire amusé. Je dis juste qu'il y a un moment où vous grandirait tous les deux, où vous rencontrerait d'autres personnes, où... vous allez tomber amoureux. Il y a un moment où vous ne pourrait plus dormir ensemble comme avant.

— Pourquoi pas ? je réplique.

— Ce que je veux dire...

— Je sais ce que tu veux dire, maman, je la coupe, contrarié.

Elle se pince les lèvres et m'offre un sourire désolé tandis que j'observe mes doigts qui se cramponnent au plan de travail. Mes dents martyrisent ma lippe alors que mes pensées fusent dans tous les sens. J'ai besoin d'en parler, mais j'ai tellement peur. Peur de son regard, peur de sa réaction. J'ai beau l'aimer et savoir qu'elle m'aime, me dire qu'elle est la personne la plus tolérante et géniale du monde, j'ai peur de voir de la déception.

Sauf que tout garder pour moi me ronge. Bien sûr, j'en parle à Aïdan quand c'est trop lourd, quand j'ai besoin de vider mon sac. Cependant, je ne lui dis pas tout. Je n'ai pas envie qu'il juge Clément ou ses actions même si je suis pratiquement sûr qu'il ne le fera pas. Et surtout, j'ai besoin d'un avis éclairé. De le dire à ma maman. J'ai besoin qu'elle me rassure, qu'elle me dise qu'elle sera là. Peu importe qui j'aime.

— Maman ?

— Oui, mon chéri ?

Je suis content qu'elle ne me regarde pas, trop concentrée sur ses légumes, parce que mon cœur bat la chamade, mes mains sont moites, mes jambes flageolent, un noeud se noue dans ma gorge et mes iris transmettent ma peur. Celle d'être rejetée par la personne qui m'a donné la vie.

Meilleurs amis et rien d'autreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant