37 - Oslo : 15 novembre 2019

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-Alors, gamin, tu veux bien me dire pourquoi t'as continué de t'acharner sur ce pauvre type alors qu'il était à terre ?

Dean le fixait plus durement qu'il ne l'avait jamais regardé auparavant. Stiles notait bien une forme d'inquiétude dans ses yeux verts, mais aussi une contrariété qui effrayait le garçon. Si son père était déjà en colère contre lui, alors il n'imaginait pas à quel point il serait furieux d'apprendre que ce que Stiles avait fait à ce garde, il avait eu envie de le faire à tous ceux qui lui avaient barré la route depuis son épisode avec le Nogitsune.

-Ça a un lien avec ton cauchemar, n'est-ce pas ? demanda l'aîné Winchester en voyant que l'adolescent ne comptait pas répondre à sa première question. J'avais bien vu que t'étais bizarre depuis ton réveil, mais de là à massacrer un homme à mains nues pour aucunes raisons...

Stiles essaya de trouver quelque chose à dire pour rassurer son père, mais ses mots se perdirent dans sa gorge et ses cordes vocales se nouèrent. Ce devait bien être la première fois de sa vie que Stiles Winchester se muait dans le silence, et c'était étrangement auprès de celui dont il était le plus proche, celui à qui il croyait jusqu'alors pouvoir tout dire.

-Si ça t'allume pas de parler de ça, alors tu peux toujours commencer par m'expliquer pourquoi c'est de Castiel que j'ai appris que, contrairement à ce que tu m'as certifié, tu fais toujours des cauchemars presque toutes les nuits et qu'ils sont encore assez intenses pour te garder éveillé jusqu'au lever du jour ? ajouta Dean d'un ton ferme en se plantant devant l'adolescent. J'attends des réponses, Stiles, et on ne sortira de cette cabine avant que tu te sois ouvert à moi. Quoi, tout à coup ça ne vaut plus la peine qu'on se dise tout comme on l'a toujours fait, toi et moi ?

-C'est pas ça, d'accord ? parla enfin le jeune Winchester. C'est pas toi le problème dans cette histoire. C'est moi. Oui, je t'ai caché que je faisais encore des cauchemars pour ne pas t'inquiéter, mais y a d'autres choses, aussi, que j'ai refusé de t'avouer et même de m'avouer à moi-même parce que j'avais honte, parce que j'avais peur de...de moi, en fait. De ce que je pourrais devenir si j'acceptais de me laisser aller à qui je suis réellement au plus profond de moi-même.

-Tu commences à me faire peur, gamin. Si ce connard d'Hopkins t'a fait encore plus de mal que ce que tu m'as avoué, je te jure que je...

-C'est pas seulement ce qu'Hopkins m'a fait subir, l'interrompit le garçon en levant timidement les yeux vers son interlocuteur, le priant silencieusement de lui pardonner à l'avance ce qu'il se préparait à lui annoncer. Ce que j'ai vécu à Eichen House n'a pas arrangé les choses, c'est certain, mais cette obscurité à l'intérieur de moi, elle grandissait bien avant mon internement.

-On a tous une obscurité à l'intérieur de soi, Stiles, s'adoucit Dean. Ça ne fait pas de nous des monstres pour autant. Si tu voyais la part d'obscurité en moi, tu cesserais probablement de douter de ta propre monstruosité.

-Ça va plus loin qu'un simple côté sombre pour moi, tu vois ? Ça a commencé à partir du moment où le Nogitsune a pris possession de mon corps et s'en est servi pour tuer des dizaines et des dizaines de gens. Il se nourrissait de la douleur de tous ces pauvres gens, il ne vivait que pour faire souffrir, et à partir d'un moment...j'y ai pris plaisir aussi.

Stiles se tut, les yeux maintenant rivés au sol, et attendit que son père prenne la parole, qu'il lui assène le coup fatal, qu'il lui crache au visage, qu'il fasse n'importe quoi qui établirait une bonne fois pour toutes qu'il était un monstre, mais Dean resta ostensiblement silencieux pendant de longues et pénibles secondes. L'adolescent évita tout contact visuel avec lui sachant qu'il serait incapable de le supporter s'il décelait du dégoût ou de l'horreur dans les yeux de celui qu'il considérait comme son plus grand héros.

Au nom du PèreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant