6 - Lebanon : 4 novembre 2019

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L'agent Lucas gardait les yeux fixement rivés dans ceux de Stiles, qui nota que les prunelles couleur océan de son interlocuteur prenaient une teinte métallique en l'absence de soleil et dévoilaient une fermeté, une rigueur ainsi qu'une détermination derrière ses traits de gentil garçon que le jeune Winchester n'était pas parvenu à distinguer au premier coup d'œil. Peu importe qui était ce type, il savait bien cacher son jeu et le garçon réalisa bien malgré lui qu'il avait fort probablement mal jugé la menace qu'il pouvait représenter.

-Vous êtes probablement déjà au courant que Dieu est de retour parmi nous, n'est-ce pas, monsieur Winchester ? demanda-t-il d'une voix assurée qui ne laissait aucunement place à la discussion. Après tout, nous savons de source fiable qu'il a offert un cadeau plutôt spécial à votre père il y a de ça quelques jours.

-Je suis confus, monsieur l'agent, lâcha Stiles sans jamais lâcher son opposant du regard, engageant ainsi entre les deux jeunes hommes une forme d'œillade compétitive pour déterminer lequel d'entre eux était vraiment maître de la situation. Vous dites travailler pour le gouvernement, mais j'ai plus l'impression d'avoir affaire à des témoins de Jéhovah présentement. À force de me parler du retour miraculeux de Dieu sur la Terre, vous allez finir par perdre un peu de crédibilité. Qui êtes-vous vraiment ? Comment m'avez-vous trouvé ?

Stiles détestait cette impression d'être diminué face à son adversaire, qui semblait mystérieusement connaître les moindres détails de son existence sans que lui n'ait même qu'une mince idée de qui étaient ces hommes. Sam, Dean et lui étaient restés très prudents sur l'étalage du lien de sang qui unissait le garçon aux Winchester pour éviter de partager de possibles nouveaux points faibles aux nombreux ennemis des Sam et Dean, alors rien ne pouvait expliquer comment l'agent Lucas et ses acolytes étaient parvenus à apprendre le sens de la relation qu'il entretenait avec son oncle et son père. Et puis, si son détracteur était déjà au courant de la résurrection de Mary, c'était qu'il avait forcément dû suivre Dean à son insu et le jeune Winchester avait de la difficulté à croire que ces hommes aient autant de moyens en leur possession pour tromper la vigilance d'un Winchester.

-L'organisation pour laquelle je travaille n'est pas officiellement reconnue par le gouvernement, mais elle en fait bel et bien partie. Vous devez certainement savoir qu'il ne serait pas judicieux de mettre l'ensemble de la population au courant des créatures surnaturelles qui se tapissent dans l'ombre et qui pourraient les menacer d'extinction à tout moment. Les hauts-dirigeants du pays se partagent néanmoins le secret depuis des siècles et ils ont trouvé bon de fonder une agence qui répondrait au ministre de la défense en personne et qui serait capable d'endiguer les problèmes majeurs liés au surnaturel dans la plus grande discrétion. On nous appelle le SAS, le Service des Activités Surnaturelles, et nous sommes en quelque sorte une branche cousine de la CIA, excepté le fait que nul en dehors du service n'est au courant de notre existence. Notre organisation rassemble à la fois la recherche, la documentation ainsi que la méthodologie des Hommes de lettres et la stratégie, la vigueur ainsi que l'adresse des chasseurs, ce qui fait en sorte que nous sommes probablement l'agence la plus informée et la plus efficace qui existe sur Terre.

-Si c'est le cas, alors où est-ce que vous étiez quand Sam et Dean ont dû affronter l'Apocalypse, ou encore les léviathans ou les Ténèbres ? Vous étiez où, merde ?

-Nous étions là tout ce temps, Stiles. Nous nous battions dans l'ombre auprès de ton père et de ton oncle, à leur insu et à celle du reste du monde. Nous avons des contacts et des alliés partout, sur tous les paliers, qui ont pour ordre de protéger coûte que coûte la famille Winchester. Tu crois que ce n'est qu'une coïncidence si Sam, Dean et même toi êtes parvenus à échapper si souvent à la mort ? Non, bien sûr que non. C'est le SAS qui a toujours été derrière tout ça, et il faut dire que vous nous avez donné du fil à retordre au courant des dernières années.

Au nom du PèreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant