Au nom du Père

49 - Port Arthur : 20 novembre 2019

Commencer à écrire votre histoire

Le ciel se couvrit d'épais et menaçants nuages noirs alors que l'équipe de secours se trouvait à mi-chemin entre la prison souterraine et le jet du SAS. Ils cachèrent la moindre parcelle de ciel bleu et masquèrent entièrement le soleil, si bien que la troupe dut user de lampes de poches pour continuer d'avancer dans cette obscurité aux allures surnaturelles. Dean ne douta pas une seule seconde que ce soudain changement météorologique était l'œuvre de Chuck et ne pouvait signifier qu'un mauvais présage, alors il pressa encore plus le pas, obligeant le soldat déjà essoufflé qui l'aidait à transporter la civière de Ben à suivre son rythme.

Comment avait-il pu être assez stupide pour laisser Sam et Mary seuls, blessés et sans protection dans le jet au lieu de les amener avec lui pour veiller à leur sécurité ? Et quel idiot il était de ne pas avoir ne serait-ce que prévu que Chuck ne les attaquerait peut-être pas de front, mais qu'il chercherait plutôt à contrecarrer leur offensive en s'en prenant aux blessés et aux civils restés en retrait ! À cause de sa stupidité, la vie de son frère et de sa mère était maintenant en jeu !

Un éclair stria le ciel à proximité de leur position, ce qui permit au chasseur de mieux voir, l'espace d'un instant, les nuages qui se multipliaient au-dessus de leurs têtes et qui se mouvaient avec une telle facilité et grondaient avec une telle ferveur qu'ils semblaient...vivants. Stiles partageait vraisemblablement son inquiétude, puisqu'il le surprit à plus d'une reprise en train de loucher entre le ciel et les alentours. Leurs regards se croisèrent au bout d'un moment et ils n'eurent pas besoin de se dire quoi que ce soit pour comprendre l'épouvante de l'autre à l'idée que leur initiative de sauver Lucas et Ben avait peut-être coûté la vie à Sam et à Mary. L'atmosphère était si pesante entre les membres du groupe à mesure qu'ils approchaient du site où ils avaient laissé le jet que l'on aurait littéralement pu la couper au couteau. Lorsque la clairière se présenta finalement devant eux au bout de deux longues heures de course effrénée, les chasseurs et les agents du SAS se sentaient sur le point d'étouffer tant l'angoisse leur nouait la gorge.

La première chose qu'ils virent fut l'avion, ou du moins ce qu'il en restait. Un trou béant dans la coque laissait le cockpit complètement à découvert et rendait l'engin tout à fait inutilisable pour le voyage du retour. L'idée que leur équipe n'avait plus aucun moyen de quitter l'île était toutefois le dernier problème de Dean et de Stiles à ce moment. Leurs regards anxieux scrutèrent la moindre parcelle de terrain à la recherche de Sam et de Mary, qu'ils trouvèrent de l'autre côté du jet, gisant sur le sol. Les deux gardes qui devaient s'occuper de leur protection furent retrouvés dans les fourrés quelques dizaines de mètres plus loin, mais il n'y avait plus aucune trace des autres membres du groupe. Tout portait à croire que Dieu avait également déserté les lieux.

Stiles et Dean s'avancèrent doucement vers leurs proches, le souffle court et le cœur battant, craignant de découvrir qu'ils se tenaient face à leurs dépouilles. Le marteau de Thor reposait près de Sam et Mary portait le carquois d'Artémis, signe qu'une bataille avait bel et bien eu lieu contre Chuck, mais au plus grand soulagement des Winchester, ils constatèrent que les deux chasseurs respiraient toujours et ne semblaient pas souffrir de blessures trop importantes. Dean remua délicatement le bras de son frère en l'intimant de se réveiller tandis que Stiles faisait la même chose auprès de sa grand-mère, et tous deux eurent le bonheur de constater que les deux accidentés répondirent rapidement à leurs appels. Sam ne tarda pas à bouger les yeux sous ses paupières closes, qui s'ouvrirent tant bien que mal et papillonnèrent pendant un moment pour s'habituer à la lumière tamisée par les nuages et pour regagner un semblant de lucidité. Puis, tout à coup, le cadet Winchester se redressa subitement en balayant la clairière d'un regard paniqué, mais Dean ne lui laissa pas le temps de parler : il lui tomba plutôt dans les bras et le serra le plus fort qu'il put, incapable de soutenir plus longtemps la peur et l'anxiété viscérales qui le meurtrissaient jusqu'alors de l'intérieur. Les bras de Sam se refermèrent presque immédiatement sur lui et tous deux s'étreignirent pendant un long moment pour exprimer leur soulagement d'avoir une fois de plus survécu miraculeusement à un combat qui semblait perdu d'avance.