51 - Aéroport de Hobart : 23 novembre 2019

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Les Winchester et leurs amis du SAS observèrent avec une sorte d'enthousiasme exalté le petit avion apparaître sur la piste d'atterrissage. Il n'y avait plus âme qui vive excepté eux dans l'aéroport de Hobart, ce qui leur facilitait grandement la tâche et leur permettait de transporter les armes légendaires et de pousser les fauteuils roulants de Lucas et de Ben sans avoir à affronter les regards inquisiteurs de toute une foule de touristes indiscrets.

Le sinistre nuage ne s'était toujours pas éclairci alors que presque trois jours étaient passés depuis l'affrontement de Sam et de Mary contre Dieu, et même que le temps avait carrément empiré, si cela pouvait être possible. Partout à travers le monde, on notait une hausse incontrôlable du facteur vent et une augmentation inexplicable des catastrophes naturelles. La planète entière était en état d'alerte, et on clamait de tous les côtés que la fin de notre civilisation approchait, que Dieu avait fait sonner les trompettes de l'Apocalypse. Nuls excepté le petit groupe réfugié dans l'aéroport ne pouvait deviner à quel point toutes ces spéculations étaient véridiques : l'Apocalypse avait véritablement commencé, le compte à rebours de la fin du monde avait été enclenché. Tout portait à croire qu'ils avaient provoqué la colère de Dieu et qu'il ne se contenterait plus d'asservir l'humanité à sa volonté comme il en avait d'abord eu l'intention : il allait détruire toute trace de vie sur la Terre sans exception si on ne l'arrêtait pas au plus vite.

Le plus ironique dans cette histoire, c'était que dans tous les journaux et dans chaque bulletin de nouvelles que les Winchester avaient épluchés au courant des derniers jours, il n'était jamais question de blâmer Dieu pour tous ces bouleversements. Même qu'au contraire, les journalistes de partout à travers le monde conseillaient à leurs lecteurs et à leurs téléspectateurs de prier pour demander pardon au Seigneur, parce qu'il était le seul à pouvoir sauver l'humanité. On montrait ensuite des images de fidèles croyants à genoux qui levaient leur chapelet vers le ciel ou priaient les bras en croix, comme si ces simples gestes pouvaient les préserver contre ce qui était à venir. Malgré tout le mal que Chuck faisait à l'humanité, il leur apparaissait encore comme leur unique sauveur.

Toute la troupe fut amenée en vitesse à l'intérieur de l'appareil, qui ressemblait plus à un avion militaire qu'à un petit jet de plaisance. Tout portait à croire que le SAS ne rigolait plus avec la menace que représentait Chuck. On les fit asseoir dans des sièges aux sangles renforcées et on les avertit qu'ils ne devaient sous aucun prétexte détacher leur ceinture de sécurité ou se lever pendant le voyage, qui n'allait pas être de tout repos.

-Je sens qu'on va bien s'amuser, grommela Dean, qui était déjà blanc comme un drap, en empoignant les courrois de sa ceinture avec une telle virulence que ses jointures en blanchirent. On se prépare à parcourir la moitié du monde à travers des tornades et des ouragans, ça promet d'être palpitant...et parfaitement sécuritaire.

-On n'a pas d'autres choix, Dean, lui répondit doucement Sam en posant une main rassurante sur son épaule. Tu nous vois affronter Dieu depuis un coin paumé de l'Australie ? Depuis que Chuck a décidé de passer à l'offensive, c'est devenu impossible pour nous d'espérer réussir à le vaincre sans alliés. On aura besoin d'une armée et le SAS peut nous en fournir une, mais il faut bien que quelqu'un la dirige au cœur de l'action, et ça c'est notre rôle à nous.

Dean ne répliqua pas, mais chacune des personnes présentes dans l'avion put très distinctement le voir marmonner des injures à son frère cadet. L'aîné Winchester se tut néanmoins dès que l'appareil prit son envol, et le reste de l'équipe ne l'entendit dès lors que lorsqu'ils affrontaient des turbulences, toutes plus violentes que ce qu'ils n'avaient jamais connu.

-Ça y est, on va mourir, soufflait le chasseur à chaque fois que l'avion virevoltait dans un angle inhabituel ou que le tumulte provoqué par le vent ne semblait plus vouloir s'arrêter.

Au nom du PèreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant