Au nom du Père

8 - Bunker : 5 novembre 2019

En fait, si Dean se croyait seul, c'était parce qu'il n'avait pas encore aperçu Stiles, dissimulé derrière le mur qui séparait la salle de séjour du corridor menant aux chambres et qui avait entendu l'entièreté de la conversation entre Chuck et son père. À peine Dieu eut-il disparu que le garçon sortit de l'ombre, les bras croisés contre son torse et les traits tordus par une animosité envers l'aîné Winchester que Dean ne lui connaissait pas.

-Alors, tu vas l'accepter cette alliance ? Tu vas t'associer à Dieu et l'aider à détruire le monde et tuer des millions d'innocents ?

-Tu sais aussi bien que moi que c'est pas aussi simple, Stiles, se défendit le chasseur, qui commençait à sentir la fatigue accumulée au courant des derniers jours lui engourdir le cerveau. Loin de moi l'idée de participer de nouveau à la fin du monde, d'accord, mais dans une situation comme celle-là, il n'est plus seulement question de nos valeurs, mon gars. Si on veut survivre, il faut faire preuve de réflexion, et tu sais tout aussi bien que moi qu'on n'est pas équipés pour combattre le Seigneur de l'univers et qu'on court inévitablement à notre perte autant que tes copains du SAS si on lui tient tête. Mon devoir est de pourvoir à la protection de cette famille et c'est tout ce qui m'importe à partir de maintenant.

-C'est la peur qui parle pour toi, Dean, répliqua durement Stiles en pointant un doigt accusateur dans sa direction. Il va falloir que tu commences à admettre que tout le monde dans ce bunker est autant capable que toi de se défendre et que tu n'as pas le droit d'aller à l'encontre de notre volonté. Peu importe ce que Dieu t'a menacé de me faire si je ne t'accompagnais pas dans ta mission douteuse, je n'irai pas avec toi et tu n'arriveras pas à me faire changer d'avis. On parle de l'asservissement du monde, là, Dean ! Tu veux vraiment être celui qui n'a rien fait pour l'en empêcher ?

-Je veux être celui qui aura tout fait pour protéger sa famille ! Je veux être celui qui regardera ma mère dans les yeux demain matin sans avoir à penser qu'elle pourrait disparaître à tout moment de notre existence !

-À quoi ça servira de nous protéger si le monde qu'on connaît n'existe plus après cette crise, tu peux me le dire ? Eh puis, ta mère est tout autant consciente des risques que toi et moi, elle sait que Dieu ne l'a pas ramenée sans raison, et pourtant elle était en accord avec moi sur le fait qu'il faut agir, merde !

Dean retrouva son siège en soupirant d'exaspération, les mains posées contre ses tempes. Il avait mal à la tête et sentait ses paupières s'alourdir de minute en minute. Il avait plus que jamais besoin d'une bonne nuit de sommeil, mais Stiles ne semblait pas vouloir démordre de son idée et il voulait à tout prix convaincre son père de prendre la bonne décision avant de lâcher le morceau.

-Laisse Dieu en faire à sa tête et accepte l'aide du SAS, Dean, souffla plus doucement le garçon en prenant place sur la chaise à côté de celle de son père. Tu sais que c'est la chose la plus honorable à faire et t'es le type le plus honorable que je connaisse.

-Il a menacé de te faire du mal, Stiles, et d'en faire à ma mère, souffla le chasseur d'un ton désespéré en encrant ses prunelles vert pomme dans l'ambre des yeux de son fils. Je peux pas prendre ce risque. J'en n'aurai pas la force. Pas cette fois.

-Alors tu devras trouver un moyen d'expliquer à Dieu pourquoi je suis parti rejoindre le SAS contre ton gré, parce qu'il est hors de question que je devienne le pantin du futur destructeur de notre planète. Je pars demain matin et t'as pas ton mot à dire là-dessus.

-Merde, Stiles, mais tu comprends pas ! s'écria Dean en se relevant brusquement de son siège pour faire face à son fils de toute sa hauteur. J'essaie de te sauver la vie ! Si t'arrêtais de jouer au héros pendant un instant, tu verrais que toute cette foutue guerre n'en vaut pas la peine, alors laisse-moi faire mon job de père pour que je puisse te protéger !