35 - Oslo : 14 novembre 2019

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Lucas et Ben réalisèrent rapidement qu'il était impossible de calculer le temps depuis leur cellule. Ils ne savaient même pas s'ils étaient encore sur Terre, si Dieu les avait amenés au Paradis ou s'ils étaient séquestrés dans une réalité à part de laquelle ils ne pourraient jamais s'échapper. Il n'y avait aucune fenêtre qui aurait pu leur donner un quelconque indice sur l'heure de la journée ou l'endroit où ils étaient retenus et on ne les nourrissait que deux fois par jour à des moments vraisemblablement variables. Tout ce qu'ils savaient, c'était qu'ils étaient enchaînés depuis suffisamment longtemps pour être courbaturés par leur immobilité, mais pas assez pour que l'état physique de Ben s'améliore.

Le bouclé restait éveillé par intermittence, mais il était si faible qu'il ne pouvait garder les yeux ouverts et discuter avec Lucas bien longtemps avant que l'épuisement ne reprenne le dessus sur lui. Le blond le laissait se reposer avec bienveillance et assurait sa protection pendant son sommeil. Il valait mieux pour Ben qu'il se repose, et puis cela lui permettait au moins de passer le temps, qui se trouvait à être considérablement long lorsque l'on est enchaîné à un mur et emprisonné dans une cellule.

Il avait insisté pour que la tête de Ben reste posée sur ses genoux. De cette manière, son meilleur ami serait plus confortable que sur le sol dur et froid du cachot et il pouvait ainsi veiller sur sa respiration et les battements de son cœur. Comme il n'était pas en mesure de savoir quelle était l'étendue de ses blessures, le garçon préférait rester prudent quant à l'état de santé de Ben.

Lui-même était sur le point de s'endormir, bercé par l'ennui et la chute d'adrénaline, lorsque la porte qui menait à leur geôle s'ouvrit brusquement pour laisser entrer Dieu, qui piétina pendant quelques instants le sol de long en large devant leur cellule sans même porter un regard sur ses prisonniers, les mains placées derrière le dos et le regard perdu dans le vide.

-Je me suis servi de ce que j'ai trouvé dans la tête de ton ami, lança finalement Chuck en daignant enfin se tourner vers eux. J'ai cru qu'en forçant les Winchester à affronter leurs pires cauchemars, ils cesseraient toute initiative contre moi.

-Ces hommes affrontent leurs pires cauchemars au quotidien et ça ne les a jamais arrêtés auparavant. À force de baigner dans la terreur, ils ont appris à s'endurcir contre elle. Ce sont les lois de la nature, Chuck. Tu nous as toi-même façonnés pour que notre espèce puisse s'adapter à n'importe quelle situation.

-Si retourner leur passé contre eux ne fonctionne pas, alors je vais devoir changer de tactique en perçant le voile du futur, souffla le Seigneur en dardant sur Lucas son regard le plus fourbe. Vous avez déjà été témoin de ce dont je suis capable de faire avec vos esprits même si vous ne coopérez pas, agent Lucas, alors j'espère que serez moins stupide que votre ami et déciderez de collaborer pour votre bien-être, le mien, celui de vos proches et du reste de l'humanité. Et si vous me disiez ce que vos visions peuvent m'apprendre sur le futur, prophète ?

Si Lucas n'avait pas craint de réveiller Ben en bougeant le moindrement, il n'aurait certainement pas hésité à se lever pour se positionner devant Chuck et ainsi lui montrer que ses menaces ne l'effrayaient pas et qu'il n'allait pas fléchir pour si peu. Sa situation le plaçait déjà en position d'infériorité face à son adversaire, mais il avait encore plus l'impression d'être à sa merci en le voyant le dominer de sa hauteur tandis que lui ne pouvait faire autrement que rester assis.

Au nom du PèreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant