38 - Hiratsuka : 16 novembre 2019

61 6 2
                                    

Les Winchester fixaient Hidesato Nakamura comme s'il venait de lui pousser une deuxième tête et un troisième œil. Ce type venait-il tout juste de convoquer Stiles en duel comme s'il avait affaire à un samouraï du XVe siècle ? Les chasseurs s'attendaient encore à ce que le vieil homme éclate à nouveau de rire et leur annonce qu'il les faisait seulement marcher, qu'il ne s'attendait pas à ce qu'ils perdent leur temps à se battre inutilement alors que l'humanité tel qu'ils la connaissaient courait à sa perte. Mais Nakamura resta outrageusement silencieux, son petit sourire narquois toujours accroché aux lèvres. Ce type était en train de se foutre ouvertement de leur gueule, il n'y avait pas d'autre raison logique à son dernier commentaire.

-Pourquoi me regardez-vous comme ça, bande d'idiots ? s'insurgea finalement l'héritier de Masamune en se penchant pour ramasser l'un des deux sabres qui traînaient toujours par terre et pousser l'autre derrière lui pour le mettre hors de portée de Stiles et de sa famille. Je n'ai pas été clair, peut-être ? Si vous voulez l'un de ces sabres, vous aller devoir me le prendre, c'est la seule solution. Ça a toujours été le premier principe de mon maître : nul ne peut avoir le droit de manier l'un des sabres de Masamune sans l'avoir préalablement mérité. Alors, petit, qu'est-ce que tu attends ? Montre-moi ce que tu as dans le ventre.

-Écoutez, on n'a pas le temps pour ces conneries, soupira Dean en se passant une main fatiguée sur le visage. On a un sac rempli d'argent dans la voiture, alors dites-nous le montant qui vous intéresse et on va payer ce qu'il faut pour cette épée, mais on a une apocalypse à gérer, un Dieu surpuissant qui nous sèvre de sommeil depuis deux jours à écraser et un profond désir de mettre toute cette merde derrière nous au plus vite, alors allez-vous nous donner cette épée, oui ou merde ?

-Je regrette, monsieur Winchester, mais ça irait à l'encontre des désirs de mon maître si je vous laissais partir avec ce sabre alors que vous ne vous en êtes pas montré méritant. En fait, tout porte à croire que le pouvoir qui a rendu ces lames légendaires ne vient pas de sa confection en tant que tel, mais de sa connexion avec celui qui la manie. Si ce n'est pas le jeunot ici qui accepte de se battre au nom de votre famille, alors vous pouvez choisir n'importe qui d'entre vous et retenter votre chance en cas d'échec, mais vous ne pourrez vous y prendre qu'un à la fois pour m'affronter. Avez-vous bien compris les règles ?

-Très bien, alors, on n'a qu'à envoyer Castiel, répondit Dean en haussant nonchalamment les épaules avant de se tourner vers l'ange, qui hocha la tête en signe d'assentiment. 

Il était en train d'enlever son manteau pour se préparer au combat, qui s'annonçait particulièrement facile à gagner pour un être aussi puissant que Castiel, lorsque Hidesato reprit la parole.

-Vous êtes bien naïfs de croire que le fait que votre ami ici soit un ange puisse changer l'issue du combat, lança-t-il en dégainant son sabre et en écartant les jambes en position de combat. Si ce sabre est capable de tuer un dieu lorsqu'il est bien utilisé, que pensez-vous qu'il puisse faire à un simple petit angelot ?

-Vous feriez mieux de ne pas me sous-estimer, vieil homme, grinça Castiel en pénétrant dans la zone de combat. Ceux qui ont fait cette erreur par le passé ne sont plus présents aujourd'hui pour raconter leur expérience.

-C'est toi qui ne devrais pas me sous-estimer, gardien du ciel. Je suis peut-être humain, mais ça ne m'empêchera pas de te botter les fesses.

Castiel ne laissa pas le samouraï en dire plus et se jeta sur lui, prêt à montrer à son adversaire l'étendue de ses pouvoirs. Il propulsa des coups d'une force surhumaine de tous les côtés, mais Hidesato se montrait incroyablement rapide et évitait chacune des attaques de son adversaire sans aucune peine, comme s'il pouvait prévoir les mouvements de l'ange à l'avance. Il tournait autour de l'envoyé céleste en brandissant son épée et lui infligeait des blessures avec la lame que son opposant ne voyait jamais venir. Les coupures n'étaient que partielles et n'atteignaient pas Castiel outre mesure, mais la patience de l'ange, qui n'avait pas l'habitude de se retrouver dans une telle position de faiblesse lors d'un combat – et surtout contre un humain – craqua bien avant que ne lui soit porté un coup davantage meurtrier et il prit un risque incalculé pour terminer le duel au plus vite. C'est ce qui lui fut fatal. Il voulut se projeter sur l'élève de Masamune pour s'emparer de son sabre et le désarmer, mais Hidesato ne semblait attendre que cette offensive pour en finir avec lui. Plus agile qu'un félin, il parvint à utiliser le corps de Castiel contre lui pour l'envoyer au sol et passa la lame tranchante de son sabre juste sous sa gorge pour l'empêcher de bouger.

Au nom du PèreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant