41 : Dispute

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Philippe entra fier dans la tente et chercha du regard son épouse. Il la vit assoupie sur son lit, le livre ouvert reposant sur sa poitrine. Il fixa ouvertement cette même poitrine qui se soulevait et s'abaissait au rythme de sa respiration. Enlevant sa chemise trempée de sueur, il s'approcha et mit un genou un terre avant de se pencher vers Sophie. D'un doigt fin et délicat, il remit une mèche de ses cheveux en place et posa ses lèvres sur les siennes délicatement. Il descendit sur sa nuque puis au creux de sa poitrine avant qu'une petite main le repousse par une épaule.

– Je pense que vous vous égarez monsieur !

– Voyons Sophie, après ma victoire bien méritée, je pense qu'un peu de tendresse serait la bienvenue, dit-il avec un grand sourire.

Sophie se redressa tout en repoussant son époux et vit le coquard se former au niveau de sa pommette. Sa lèvre inférieure était abîmée tandis que sur son torse, des bleus apparaissaient. Elle soupira et partit vers la bassine d'eau chaude où elle prit un morceau de tissu et le trempa.

– Asseyez-vous sur le lit, je vais m'occuper de vos blessures.

Philippe se déchaussa et s'assit comme demandé, sur le lit de camp. Il se tint bien droit et attendit que son épouse arrive près de lui. Il frissonna en sentant le tissu tiède contre sa blessure à l'abdomen. Avec ses mains douces, elle arrivait à lui faire oublier la douleur qui émanait de ses bleus. Sophie remonta jusqu'au visage et, attrapa le menton de son époux pour faire basculer légèrement la tête en arrière d'un mouvement sec. Elle pressa le tissu contre sa pommette de manière si peu délicate que Philippe gémit.

– Ah, pour jouer les durs il y a du monde, mais dès qu'il faut se faire soigner par la gent féminine, les hommes deviennent des couards, dit sèchement Sophie en continuant son travail.

– Couards ? Moi ? Je ne pense point l'être. Mais vous n'étiez point présente lors de mes précédentes batailles. Comment pourriez-vous savoir ?

– Si je n'étais point présente peut-être était ce de votre faute tout simplement. La marquise était sûrement de meilleure compagnie.

– Oh je t'en prie, ne revenons pas sur le passé.

– Je ne pense point que ce soit du passé étant donné que tu en as parlé il y a une huitaine de jours. Et je me souviens très bien de l'endroit. A l'auberge !

– Vous les femmes, vous oubliez bien des choses mais pas les meilleures, grommela le duc. D'ailleurs, je remarque que tu viens de me tutoyer. Et cela sonne bien dans ta bouche, ajouta-t-il avec un sourire narquois.

Il avança la tête pour la poser contre la poitrine de sa femme en fermant les yeux. Sophie, ne voulant pas se laisser faire, attrapa les cheveux de son époux pour lui mettre la tête en arrière.

– Donc je dois te servir et te satisfaire quand bon te semble ?! Je suis donc qu'une servante pour toi ?

Elle jeta le torchon sur lui qui tomba sur son visage et se mit près du baquet d'eau chaude pour se laver les mains. Philippe, enleva rapidement le morceau de tissu, les sourcils froncés. Il se leva et fit un pas dans sa direction, la colère commençant à monter en lui.

– Puis-je savoir ce que tu me reproches concrètement ?

– Oh tu oses demander ?

– Si je te pose la question, cela signifie que je ne connais point la réponse, répondit Philippe curieux.

– J'ai une liste avec au moins dix chapitres. Cela pourrait remplir un livre entier.

– Ne liste que les points essentiels, ce sera plus simple pour moi de suivre, dit-il en croisant les bras sur son torse nu.

Sophie prit dans sa bibliothèque transportable quelques livres et commença à lui lancer dessus, tentant d'atteindre une partie de son corps.

– Tout d'abord, tu restes tout le temps avec tes hommes. Ensuite, tu ne passes aucune nuit avec moi. Dois-je te rappeler que Thomas a aussi besoin de son père ? Il est ton fils ! Et je suis ta femme. Comment oses-tu me traiter de la sorte ?

A ce moment là, un des gardes entra et se stoppa net en voyant les deux époux se quereller. Philippe d'un geste froid le chassa de la tente et fit un pas vers Sophie. Il attrapa ses poignets et les lui serra fortement. Sophie tenta de se libérer sans succès.

– Regarde-moi Sophie ! REGARDE-MOI, dit-il en serrant légèrement plus. Je t'ai expliqué pourquoi je dormais avec mes hommes, pourquoi je passais tout mon temps avec eux. Dois-je te rappeler que c'était ton idée que tu viennes avec moi ?

– Dois-je te rappeler que tu m'as épousée devant Dieu et le roy ?

– Au diable le roy. A cet instant, il n'y a que nous. Et seulement nous. Écoute-moi bien Sophie de Lorraine. Tu es certes ma femme mais j'ai un devoir d'État envers mes hommes. Ils passent avant tout le monde. Surtout lorsque nous n'allons pas tarder à assiéger cette forteresse.

– Donc te bagarrer pour montrer tes talents c'est un devoir ? Tu n'es même pas venu voir une seule fois ton enfant Philippe, gémit Sophie les larmes aux yeux. Tu me fais mal...

– Non car je ne veux point avoir à me préoccuper de vous deux. Le jour du combat, j'aurais déjà à penser à toi et à Thom as et à me rassurer en sachant que vous êtes en sécurité. Dieu merci, tu ne seras pas sur le front, murmura le jeune homme en desserrant légèrement sa prise.

– Retournez auprès de tes hommes puisqu'ils sont si importants pour vous. Je ne veux plus vous voir ici. Allez donc auprès d'eux et allez passer du bon temps aussi. Peut-être qu'une des prostituées voudra bien de vous dans son lit. Vos hommes doivent aussi prendre du plaisir de temps en temps n'est-ce pas ? Pourquoi ne pas faire comme eux ? Je ne suis point votre putain vers qui vous pouvez vous tourner juste quand vous le souhaitez.

Philippe la lâcha sous le choc et la regarda, ébahi.

– Moi qui pensais que j'avais réussi à te prouver mon amour. Je pense que je vais appliquer tes conseils. Peut-être que l'une d'entre elle ne me refusera pas sa couche étant donné mon rang. Au moins, je ne penserai plus à vous et à vos stupides reproches !

Il remit ses bottes rapidement et enfila sa chemise. Il regarda le berceau où dormait encore Thomas puis sa femme, et sortit en trombe de la tente.
Sophie courut vers lui, regrettant déjà les paroles qu'elle venait de sortir. Elle le chercha des yeux en vain. Elle retourna à l'intérieur et pleura profondément, implorant la Vierge Marie de l'aider dans cette épreuve. 

 

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Les Secrets du Duc d'AquitaineOù les histoires vivent. Découvrez maintenant