7 : L'Epidémie

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2 février 1333


Cela faisait quatre mois que la duchesse d'Aquitaine était enceinte. Son époux et elle l'avaient annoncés le 2 janvier dernier, à tous les courtisans. Le roy s'était déplacé jusqu'à eux pour venir les féliciter en personne. Malgré la posture raide de Philippe, ce dernier remercia son frère.

Alors que pratiquement toute la Cour était rassemblée dans l'Opéra Royal, une jeune femme marchait difficilement dans une des salles du palais. Un des gardes qui était à son poste, s'approcha d'elle et posa sa main sur son épaule pour la maintenir droite.

– Ma dame ? Est-ce que tout va bien ?

– J'ai... J'ai besoin d'air, répondit simplement la jeune femme transpirante.

Le garde l'accompagna jusque dehors où elle inspira profondément pour faire parvenir de l'air frais jusqu'à ses poumons. Elle fut prise soudainement de vertiges et s'évanouit dans les bras du garde. Il hurla pour qu'on lui vienne en aide. Ce que de nombreux nobles firent.

Deux jours plus tard, c'était le quart du château qui était tombé malade. Selon les rumeurs, il s'agissait de la dysenterie et du typhus. Selon d'autres, la peste était de retour au palais. Plusieurs nobles avaient déjà préparé leurs bagages, prêts à partir rapidement en cas d'évacuation ordonnée.
Cependant, la vie au château continuait. Malgré la peur de beaucoup des courtisans, des fêtes étaient données pratiquement tous les soirs malgré les décès qui augmentaient. Les ministres et les gardes faisaient tout leur possible pour cacher le nombre de nobles qui mouraient.
Le soir du 2 février, un grand bal devait avoir lieu. En effet, le roy de Pologne était mort de la peste la veille. Cela allait permettre au père de la reine Marie Leszcynski de pouvoir accéder aux trône. Ce devait être une réjouissance pour tous et Louis XV avait donc convié toute la Cour en donnant un bal masqué.

Sophie était dans sa chambre, prête à se préparer en attendant sa suivante. Elle prenait de l'avance en démêlant ses longs cheveux, assise devant son miroir.

– Pardonnez mon retard votre Altesse, je récupérais votre robe aux couturières.

– Ce n'est rien Nonore. J'ai encore un peu de temps avant que mon mari ne vienne me chercher.

Sophie posa une main sur son ventre qui commençait à s'arrondir et sourit. Éléonore lui demanda de se lever, ce qu'elle fit puis l'aida à mettre son corset puis à enfiler sa robe dorée. Elle mettait en valeur sa fine taille ainsi que son corsage.

– Vous allez rendre tous les hommes envieux et les femmes jalouses avec cette robe ma dame ! Foi d'Éléonore.

Sophie sourit et prit un mouchoir pour se tamponner le visage. Elle avait déjà chaud à cause de l'angoisse. Le fait d'attendre un bébé et d'être près du feu ne l'aidait pas à être à une bonne température. Sa suivante lui donna son masque. C'était une sorte de couronne dorée avec un fin voile qui descendait sur son visage pour le cacher tout en pouvant voir les autres. Elle tamponna une dernière fois ses joues où de la sueur coulait puis descendit son voile. Sophie se tourna vers Nonore pour avoir son approbation et rit lorsque cette dernière applaudit. Elle passa ensuite les grandes portes de sa chambre et descendit les grands escaliers de marbre qui conduisait dans le salon de Vénus. Grande salle où était dressée de grandes tables avec des corbeilles de fleurs, de fruits frais, confits ainsi que des massepains. A la vue de toute cette abondance et de tout ce monde, la duchesse sourit et entra cherchant des yeux des visages connus.
Elle soupira, la chaleur étant toujours présente, et s'approcha de son mari. Ce dernier était en grande discussion avec le Poète. Elle qui pensait qu'il ne l'appréciait pas, elle fut surprise de cette discussion. Elle inclina la tête vers son mari et lui souhaita une bonne soirée. Le visage de ce dernier s'approcha du sien et il murmura à son oreille :

– Vous êtes resplendissante en cette froide soirée. Une des plus belles femmes de la Cour !

– Je vous remercie Monsieur. J'ai fait un effort pour rendre honneur à votre famille et la mienne, lui sourit Sophie.

La musique s'éleva et les deux époux se tournèrent vers les musiciens. Une musique baroque venait d'être commencée invitant par là-même les convives à danser. Sophie, mal à l'aise regarda autour d'elle les couples se former. Elle savait que son mari allait demander à la marquise de danser avec lui. Même si elle portait son enfant, le duc rendait toujours visite à la marquise. Au moins, elle savait qu'il n'avait pas d'autres liaisons avec d'autres femmes nobles. Ia fidélité était une qualité chez lui.
Contre toute attente, Philippe se plaça devant sa femme et tendit sa main. Pas un mot ne sortit de sa bouche mais Sophie avait comprit qu'il l'invitait à danser. Elle posa délicatement sa main dans celle de son mari et ensemble, ils s'avancèrent vers le centre de la pièce pour s'installer. Prêt à danser . Ils se placèrent l'un face à l'autre et s'inclinèrent. Deux pas sur le côté, puis deux de l'autre avant de s'avancer. Sophie faisait tous les efforts du monde pour se souvenir de tous les pas. Elle n'avait pas danser depuis longtemps.

Ils se rapprochèrent, Philippe posa une de ses mains sur la hanche de sa femme tandis que l'autre se plaçait dans son dos. Sophie retint sa respiration puis posa les siennes. Une sur celle de son époux, l'autre prenant celle qui se trouvait dans son dos. Leurs yeux se rencontrèrent et ils tournèrent pendant quelques secondes avant de changer de sens. Durant ce court instant, Sophie put lire dans les yeux un sentiment de joie mêlé à quelque chose d'autre. Ils se séparèrent et revinrent à la même place qu'au début. Les pas s'enchaînaient faisant virevolter les robes des dames. Alors qu'ils revinrent face à l'autre, les corps proches, les yeux dans les yeux, Sophie sentit tout à coup un vertige. Voyant du noir apparaître devant ses yeux, elle fit quelques pas vers son mari les mains tendues. Elle s'emmêla les pieds et tomba à la renverse prête à se faire mal sur le sol. Heureusement Philippe la rattrapa au dernier moment et l'accompagna jusqu'au sol pour l'allonger.

– Sophie ? Sophie répondez-moi !

Il n'eut aucune réponse si ce n'est des tremblements de son corps. N'hésitant pas un seul instant, il passa ses bras sous les jambes et le dos de sa femme pour pouvoir la transporter dans un endroit plus calme où il y aurait moins de monde.

– Je l'emmène dans la chambre. Allez immédiatement chercher le médecin, qu'il soit là-bas aussi vite que possible où je vous coupe la langue et les oreilles.

Les gardes hochèrent de la tête et firent demi-tour pour courir chercher le Premier Médecin du Roy dans l'Aile des Princes. Pendant ce temps, le duc avait déposé son épouse sur le lit et avait appelé Éléonore pour qu'il l'aide à dévêtir Sophie. Elle repoussa le duc et lui demanda de sortir le temps qu'elle s'occupe de bien l'installer. A contrecœur, Philippe sortit et attendit patiemment le médecin de la Cour...


Composée en 18 jours, la "Moldau" de Bedrich Smetana est une oeuvre montrant en musique l'angoisse pour un musicien d'être totalement sourd. Elle a été composée en 1874. Elle est l'oeuvre la plus connue de Smetana. 


Je publie ce chapitre avant que je ne parte en renfort à Metz pour m'occuper des malades

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Je publie ce chapitre avant que je ne parte en renfort à Metz pour m'occuper des malades. Je n'aurais pas énormément de temps pour m'en occuper. Du coup, je vous publie les chapitres de 2 de mes fictions.


Prenez soin de vous et surtout ne sortez qu'en cas de nécessité absolue ! 

Les Secrets du Duc d'AquitaineOù les histoires vivent. Découvrez maintenant