19 : Rescousse

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 – Si au bout de mon décompte, vous n'êtes point sortie, alors j'exécute votre seul garde qui est vivant.

– N'y allez point Sophie, c'est un piège, murmura Éléonore en pressant la main de sa maîtresse.

– Ces hommes ont juré de me protéger. Je ne peux les abandonner à leur triste sort. Ils ont une famille, et le dernier en vie veut sûrement rentrer chez lui. Ne sors point et sois discrète. Je vais tenter de le mettre dos au carrosse, comme cela tu pourras partir chercher de l'aide. Quoi qu'il advienne dehors, n'essaie point d'intervenir !

La suivante acquiesça et embrasse le dos de la main de la duchesse. Cette dernière prit une forte inspiration et poussa la porte du carrosse pour descendre. Elle tourna la tête vers la gauche, en direction du malfrat qui menaçait la vie de son garde, et manqua de vomir en voyant les cadavres étendus, sur le sol.

– Vous n'étiez point obligé de les tuer. Leurs proches doivent sûrement les attendre.

– Et ils pourront encore attendre un moment avant de les retrouver.

– Qui êtes-vous monsieur ?! Comment osez-vous attaquer un convoi royal ?

– Vous dire mon nom ne vous servirait en rien. Tout ce que vous devez savoir, c'est que quelqu'un à la Cour m'a payé pour que j'accomplisse ce travail.

– Et quel est-il ?

– Passer cette lame sur votre peau fine de votre cou. En tout cas, je vous remercie d'être sortie de ce véhicule, vous m'avez facilité la tâche !

Et sur ces mots, il trancha la gorge du garde qui était agenouillé devant lui. Sans le vouloir, Sophie poussa un cri en voyant le corps sans vie de son garde, tomber sur le sol mouillé. La main sur sa bouche, elle dut fermer les yeux pour tenter de faire passer la nausée qui l'envahissait.

– Pardon Votre Altesse, vous ai-je dégoûté du monde réel ?

– Vous m'aviez dit que vous ne le tueriez point ! Vous n'êtes point un homme d'ho...

– Tut tut, je vous arrête là. J'ai dit que si vous ne descendiez point, je le tuerais. Vous êtes descendue, et je l'ai tué quand même. Maintenant, je vais me charger de vous ! Soyez gentille, et vous ne souffrirez qu'un peu.

L'homme enjamba le corps encore chaud du garde et s'avança vers la duchesse. Cette dernière avait toujours les yeux fermés pour tenter de ne pas rendre le repas qu'elle avait ingéré quelques heures plus tôt. Elle tressaillit en sentant le gant mouillé sur son épaule.

– Vous les nobles, vous êtes tellement raffinés, vous prenez tellement soin de vous-même. Alors que nous, nous devons nous battre pour notre survie. Voyez ce que je dois faire pour tenter d'avoir un morceau de pain ? Vous êtes tous méprisables.

Sur ces mots, il balança sa main sur le visage de la duchesse qui dans un cri de douleur tomba à terre. L'homme s'agenouilla, tourna Sophie pour qu'elle soit sur le dos et posa ses paumes de main sur sa gorge. A chaque fois qu'elle tentait de se remettre sur le ventre pour tenter de de dégager, l'assassin la plaçait face à lui et lui assénait une gifle qui manquait de l'assommer. Au bout de la énième claque, Sophie était tellement sous le choc qu'elle n'arrivait plus à réfléchir, ni à bouger. Sa seule pensée heureuse était qu'Éléonore avait pu s'échapper et donc prévenir des villageois aux alentours.

Ô Philippe... Comme j'aimerais que vous soyez avec moi. Pourquoi suis-je partie du château ?

Des larmes coulaient le long de ses joues tandis que l'homme appuyait de plus en plus fort sur sa gorge, l'oxygène passant de moins en moins dans ses poumons. Mais une détonation se fit entendre et tour à coup, Sophie réussit à respirer. Que s'était-il passé ? Pourquoi l'agresseur avait-il arrêté ? La garde était elle arrivée ?

– Sophie !

Une voix masculine qui connaissait son nom, cela ne courrait pas les rues. Sophie tourna la tête vers la voix et vit une personne floue s'approcher d'elle. Elle cligna plusieurs fois des yeux et arriva à distinguer la personne qui se trouvait devant elle.

– Phi... Philippe ? dit en toussant fortement la duchesse.

De ses deux bras, Philippe souleva la jeune femme qui cala la tête sur son épaule en pleurant de tout son soûl avec sa respiration sifflante. Le duc tentait d'apaiser son épouse en murmurant des mots doux et d'un signe de tête, il ordonna aux gardes de couvrir le périmètre afin qu'ils soient en sécurité.

– Je suis là Sophie, je suis avec vous. Vous n'avez plus rien à craindre.

– Oh Philippe, si vous aviez vu comment cet homme était... Menaçant.

– C'est fini, ne pensez plus à ce qui s'est passé. Vous êtes saine et sauve et nous allons vous accompagner en Lorraine.

– Monseigneur, le carrosse est prêt. La duchesse peut s'y installer.

– Merci capitaine. Éléonore !

– Votre Altesse ? demanda la suivante tout proche de la porte.

– Veillez sur elle, le temps du trajet. Combien de temps nous reste-t-il capitaine ?

– Encore deux heures votre Altesse, dit le soldat en s'approchant du duc.

–Nous nous arrêtons à la prochaine auberge !

Philippe donna les ordres pour repartir puis embrassa sur la joue son épouse en ordonnant à la suivante de le prévenir au moindre problème. Durant le reste du trajet, Sophie somnola tandis que Philippe avançait sur son cheval, près de la lucarne du carrosse. Dans sa tête, il se repassait en boucle les scènes auxquelles il avait assisté. Tout d'abord, tandis qu'il galopait, il avait croisé Éléonore, qui les avait supplié de les aider. Elle avait raconté brièvement ce qui s'était passé et Philippe, avait talonné sa monture pour arriver rapidement sur les lieux malgré la bruine. En voyant l'homme gifler sa femme et serrer son cou si fin, la colère avait pris place et il n'avait pas hésité un seul instant à prendre le pistolet coincé dans sa ceinture et à tirer sur ce malfrat. En s'agenouillant près d'elle, il avait vu directement les larmes couler, il avait vu les meurtrissures sur sa peau si douce et si fine. Comment avait-il osé toucher à cette créature ? S'il n'avait été déjà mort, il l'aurait de nouveau tuer.

Au bout d'une heure de chevauchée, alors que le soleil n'allait tarder à se coucher, un village apparut et tous s'arrêtèrent près d'une auberge qui semblait correcte pour accueillir les voyageurs. Philippe démonta son cheval et s'approcha du carrosse pour prendre dans ses bras son épouse.

– Veillez à ce que toutes les affaires soient montées. Éléonore, préparez un bain. Capitaine, allez dire à l'aubergiste que nous réquisitionnons son auberge pour la soirée. Donnez-lui assez d'argent pour qu'il ne discute point.

Sophie se laissa aller contre lui et nicha sa tête dans le creux de son cou. Philippe suivit les autres à l'intérieur et monta directement à l'étage pour entrer dans la première chambre de disponible. Là il posa sur le lit la jeune femme et s'assit près d'elle pour l'observer. 

"Prince Caspian Flees" est une musique tirée du film "Le Monde de Narnia : Le Prince Caspian", sorti en 2008

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"Prince Caspian Flees" est une musique tirée du film "Le Monde de Narnia : Le Prince Caspian", sorti en 2008. La bande-originale est composée par Harry Gregson-Williams. 

Les Secrets du Duc d'AquitaineOù les histoires vivent. Découvrez maintenant