11 : Le Poète

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Dans les jardins du château, le soleil brillait et réchauffait légèrement la terre humide. Sophie était avec Éléonore, en train de profiter de l'air frais de mars lorsqu'une voix familière se fit entendre derrière elle. Elle se retourna, une main sur son front pour se protéger de la lumière du soleil et sourit en reconnaissant la personne.

– Mon ami. Comment allez-vous ?

– Ce serait plutôt à moi de vous poser cette question duchesse. Votre sourire me va droit au cœur et savoir que vous vous remettez petit à petit de cette maladie me fait du bien.

– Vous ne pouviez vous débarrasser aussi facilement de moi Poète. Je continuerai à venir aux soirées des artistes.

– Je pensais avoir réussi à vous empêcher de revenir !

Sophie rit et s'approcha de lui pour le prendre dans ses bras. Cela n'était pas dans le protocole mais après ce mois sans beaucoup de visites, elle se fichait éperdument du protocole de la Cour. Elle était heureuse de revoir son ami le Poète.
Surpris, l'artiste se laissa faire et rendit même son étreinte à son amie. Car oui, il la considérait comme une bonne amie. Cette jeune femme timide à son arrivée avait su conquérir bien des cœurs. Dont le sien. Elle se détacha de lui un grand sourire aux lèvres, et il se surprit à en vouloir encore. Il voulait de nouveau la serrer dans ses bras.

– Que comptiez-vous faire ce matin ?

– Je pensais me promener avec Éléonore, ici présente. Les fleurs commencent à éclore et les bourgeons à pousser. Si l'eau n'était pas aussi fraîche, je me serais baignée. Mais le médecin m'en voudrait et je devrais rester confinée dans ma chambre. Chose que je ne souhaite point, dit la duchesse en riant doucement.

– L'air frais vous fait du bien mais attention de ne point trop en abuser. Vous vous retrouviez dans l'air frais du matin et vous vous sentiez si heureuse d'être vivante que vous auriez aimé le crier à tue-tête. J'apprécie ce que je viens de dire. Il faudrait que je le note !

– Mon ami, vos paroles sont tout à fait véridiques ! L'on ne vous appelle point Poète pour rien à ce que je vois.

– Douteriez-vous encore de moi duchesse ? demanda-t-il d'un air mi-offusqué, mi-amusé.

La duchesse d'Aquitaine sourit et continua de marcher vers les Bosquets, créés par André Le Nôtre. Lorsqu'elle aperçut les fontaines et autres statues et vases, elle sourit et s'assit sur le bord pour tremper sa main dans l'eau fraîche.

– Nonore, as-tu apporté mon livre ?

– Bien sûr ma dame. Le voici, dit-elle en lui tendant le livre.

Sophie la remercia et prit le livre dans ses mains. Elle le tendit à son ami le Poète et lui demanda s'il pouvait lui en faire la lecture. En souriant, il attrapa délicatement l'œuvre et lut à voix haute le titre :

– « La Voiture Embourbée », Pierre Carlet de Chamblain de Marivaux. Vous avez bon goût duchesse.

– Dites plutôt ceci à mon époux, le duc. Je l'ai trouvé sur sa table de chevet. J'en avais entendu parler dans les salons avant de tomber malade. J'espère ne pas être déçue. Je pense ne point l'être si vous m'en faites lecture.

– Je vais tâcher de m'appliquer. Pour vous duchesse.

De sa voix grave et chaude, il lut une bonne partie de l'œuvre durant toute l'après-midi tandis que la duchesse d'Aquitaine fermait les yeux et profitait du soleil. Ils étaient quelques fois interrompus par Éléonore qui leur apportait de quoi boire ainsi que de quelques courtisans qui saluaient la duchesse, heureux qu'elle soit de nouveau parmi eux. Elle n'hésitait pas à rendre sourires et compliments à tous ceux qui venaient la saluer.

Le Poète l'observait lorsqu'elle discutait et il ne pouvait s'empêcher d'admirer la finesse de son visage, son bout du nez pointu, ses lèvres roses qui contrastaient avec sa peau blanche et immaculée. Ses yeux bleus-gris qui possédaient cette étincelle, leur donnant quelque chose d'unique. Il était fier d'avoir été le premier à l'accompagner dans cette Cour pleine de complots, d'empoisonnements et autres malédiction. Était-ce ainsi dans tous les palais d'Europe ? Les nobles se tuaient-ils entre eux ? Le Poète se fit alors une promesse. Il empêcherait quiconque voudrait du mal à sa protégée. Il s'était attachée à elle et plus les jours avaient passés, plus il sentait qu'il se rapprochait d'elle. Était-ce réciproque ? Quelques fois, il lui semblait. Elle n'aimait pas son mari, et elle ne semblait pas vouloir aller dans la couche du roy pour avoir toutes les faveurs. Non elle était spéciale, elle était unique. Il s'était méfié de toutes les femmes de la Cour. Certaines avaient tenté de se rapprocher de lui seulement parce qu'il était apprécié du roy. Mais la duchesse n'était pas comme les autres. Elle possédait tout ce qu'elle voulait. Elle venait d'une famille riche et puissante. Le pouvoir ne l'intéressait pas. Ce qu'il fallait à Sophie d'Aquitaine, c'était de l'Amour. Avec un grand A. Quelqu'un de doux et d'affectueux. Une personne qui saurait l'aimer et la mettre en valeur. Et cette personne, ce serait lui. Il prendrait soin d'elle. Il se le jurait !

Avec un grand sourire de joie, il continua la lecture jusqu'à ce que la duchesse pose une main sur sa cuisse pour l'arrêter et lui proposer de rentrer. A ce moment-là, il se rendit compte que le soleil était sur le point de se coucher et que le dîner n'allait pas tarder. Il se leva rapidement et tendit sa main pour l'aider à se mettre debout. Ensemble, ils rentrèrent au palais pour se changer afin de rejoindre la famille royale au banquet. 

Le "Printemps" de Vivaldi est un concerto pour violons qui ouvre le recueil "la Confrontation entre l'Harmonie et l'Invention"

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Le "Printemps" de Vivaldi est un concerto pour violons qui ouvre le recueil "la Confrontation entre l'Harmonie et l'Invention". Il fait partie de l'ensemble "Les Quatre Saisons". 

Les Secrets du Duc d'AquitaineOù les histoires vivent. Découvrez maintenant