34 : Persuasion

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Plusieurs semaines passèrent et la marquise était toujours présente chez le duc d'Aquitaine. Elle tentait par tous les moyens de le faire revenir à Versailles. La mi-mars était arrivée et Catherine ne savait plus comment faire pour réussir à bien sa mission. Elle avait reçu plusieurs lettre du roy lui même pour la pousser à faire vite. L'avenir de la France dépendait d'elle selon le souverain.

La marquise rejoignit la duchesse qui brodait dans le salon. Elle s'inclina et resta debout face à elle. Sophie, sans lever les yeux demanda :

– Que me voulez-vous donc marquise ?

– Votre Altesse, je viens vers vous pour demander de l'aide. J'ai besoin que vous persuadiez votre époux de rentrer pour aider son frère.

– En quoi cela me concerne-t-il ? J'ai dit à sa Majesté que jamais nous ne reviendrions à la Cour. Peu importe pour quel sujet.

– La France va mal votre Altesse. Qui sait ce qui peut se passer dans quelques années. L'Aquitaine ne sera sûrement plus française mais prussienne ? Ou bien espagnole ?

– Je pense que la France sait très bien se défendre contre les invasions. Regardez le passé de ce pays. Il est l'arrière petit-fils du Roy Soleil. Je pense qu'il a hérité de certaines qualités quand même.

– Pensez à votre fils votre Altesse. Si la France tombe, l'Aquitaine tombera aussi et vous serez dépendants des prussiens. Votre fils sera emprisonné avec votre mari et donc vous sera retiré. Imaginez-vous de ne plus voir votre cher fils pendant de nombreuses années ? Voire plus jamais ?

La marquise se leva, hors-d'elle et répondit férocement :

– Je pense que vous avez oublié votre place madame. N'oubliez point qui je suis.

– Je ne désirais point vous offenser mais seulement vous dire la vérité. Ma grand-mère a vécu cela avec les italiens. Elle nous en parlait très souvent. Je vous en prie, réfléchissez à ce que je viens de vous dire. Je veux seulement le bien de la France.

– Je réfléchirais à votre position mais je ne promets rien.

La marquise la remercia et partit. Sophie soupira et réfléchit à la manière d'en parler à Philippe. Elle se leva et se dirigea vers la chambre de leur enfant. Elle le vit, allongé sur le côté au sol, près de son fils qui se trouvait sur le ventre. S'accoudant à la porte, elle observa ce beau tableau en souriant.

Philippe tenait le cheval de bois dans sa main tandis que Thomas agitait ses quatre membres en bavant partout.

– Et voilà que le chevalier d'Henri IV, roy de France et de Navarre, mon arrière-arrière-arrière-arrière et un peu plus d'arrière grand-père, débarqua sur son cheval blanc et chargea la horde de huguenots. Il brandit son épée scintillante au-dessus de sa tête et hurla : «Pour la France ».

Philippe prit Thomas dans ses bras, le cheval toujours dans une de ses mains, et courut jusque vers la fenêtre, théâtralisant la scène de bataille.

– Et tous ses soldats hurlèrent son soutien, ajouta-t-il en imitant le bruit du soutien. Vive le roy, vive la France.

Le bébé rit en agitant ses mains avant de mettre son poing dans la bouche pour le goûter et bien baver dessus. Son père lui prit le poing et l'enleva pour le garder dans sa main. Il continua son histoire et prit un bouquet de plantes pour en faire une épée.

– Il tuait et tranchait tous les protestants qu'il pouvait croiser sur son chemin. Hop un coup dans le ventre, hop plus de tête et hop...

Il s'interrompit lorsqu'il vit son épouse dans l'encadrure de la porte de bois. Il reposa le bouquet et dit tout confus :

– Hum hum j'apprenais à notre fils comment les chevaliers avaient vaincus nos adversaires d'autres fois.

– Je croyais que votre ancêtre était lui-même huguenot converti en catholique. Cela m'étonne qu'il tue des siens, répondit Sophie en arquant un sourcil.

– Je ne savais point. Vous venez de m'apprendre une chose vraiment importante.

– J'ai à vous parler Philippe. D'une chose importante, dit la duchesse en perdant son sourire.

Philippe reposa Thomas dans son berceau qui bailla et s'agita légèrement. Il le baisa sur le front en murmurant : « Votre mère va me disputer, je le sens. » Il sourit et s'avança vers son épouse et la prit par le bras.

– Allons discuter dans les jardins. Cela nous permettra de prendre l'air frais en ce mois de mars.

Une fois dans les jardins, Sophie tritura son alliance, nerveuse à l'idée de lui parler de leur retour à Versailles. Philippe, sentant sa gêne prit sa main dans la sienne et caressa du pouce le dos.

– Vous savez que vous pouvez tout me dire Sophie.

– Philippe, je pense que nous devrions rentrer à Versailles. Soutenir votre frère mais avant tout la France.

– La marquise a réussi à vous convaincre à ce que je vois...

– Elle a eu des arguments convaincants. Notamment concernant notre fils. Si la France tombe, nous tomberons aussi. Je ne veux point vous perdre. Vous et Thomas, avoua-t-elle en se mettant face à lui, les larmes aux yeux.

– Vous ne me perdrez point. Je vous en fais la promesse, murmura-t-il en posant une main sur sa joue et en souriant tendrement. Mais avouez que je m'étonne de ce changement de position. Vous qui avez tenu tête au roy de France en lui disant que jamais vous ne reviendriez l'aider.

– Des mois se sont écoulés et nous avons une chose bien précieuse. Un don de Dieu que nous devons préserver et protéger. Rentrons à Versailles et partons aider les troupes.

– Vous... Vous voulez venir avec les troupes sur le front ?

– Je ne veux point vous abandonner, ni rester seule à Versailles. Peu importe le temps qu'il faudra rester là-bas. Au moins nous serons ensemble.

Philippe sourit et se pencha pour embrasser tendrement son épouse. Elle était clairement différente de la première qui jamais n'aurait osé salir sa belle robe de soie pour l'accompagner sur les champs de batailles. Il la serra contre lui et murmura dans son cou :

– Vous êtes parfaite. 

 

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Les Secrets du Duc d'AquitaineOù les histoires vivent. Découvrez maintenant