31 : Révélations

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 – Le duc et la duchesse d'Aquitaine, tonna une voix grave.

La musique ne s'arrêta pas pour autant de jouer et les danseurs continuèrent de danser. La seule personne qui se redressa sur son fauteuil fut le roy Louis. Il sourit en voyant sa belle-sœur avancer au bras de son époux. Et ce qui était étonnant, c'est que ce dernier avait l'air de mauvaise humeur. Cela fit sourire Louis, heureux de voir que les choses allaient être encore plus simple pour son plan.

Les deux époux s'inclinèrent devant leur souverain puis se dirigèrent vers le buffet. Sophie attrapa le poignet de Philippe et tenta de le tourner vers elle.

– Philippe... Laissez-moi vous expliquer.

– Il n'y a rien à expliquer. Vous avez failli comme toutes les autres avant vous. Il les aura toutes. Parce qu'il est le roy et qu'il est puissant.

– Si vous pensez que c'est pour son pouvoir que je me suis laissée faire alors vous vous trompez. Si vous ne pouvez pardonner, alors demandez-vous combien j'ai dû prendre sur moi pour vous pardonnez à vous qui êtes allé voir plusieurs fois la marquise.

– Comme je vous l'ai dit, murmura glacialement Philippe, la marquise est définitivement rayée de ma vie. Je l'ai même renvoyée de Versailles pour vous montrer à quel point je tenais à vous.

Sophie lâcha le bras de son mari et pris une coupe de vin avant de sortir sur la terrasse. Que pouvait-elle faire mis-à-part lui laisser du temps pour réfléchir ? Peut-être arriverait-il à pardonner. Elle soupira et grimaça en sentant une contraction dans son ventre. Ce n'était clairement pas le moment de souffrir et encore moins de mettre au monde un enfant. Arriver alors que les tensions étaient aussi hautes qu'une montagne, ce n'était pas une bonne idée. La jeune femme baissa la tête et inspira lentement pour tenter de se calmer. Elle devait partir avec lui en Aquitaine. Lui montrer qu'elle tenait à lui. *

– Sophie. Ma chère Sophie. Comment allez-vous ? Cela fait depuis plusieurs semaines que je ne vous ai point vue.

– Votre Majesté, répondit-elle en s'inclinant, en effet. J'ai eu d'autres soucis à régler. Notamment concernant Forbach.

– En effet... Je suis vraiment désolé pour ce qui s'est passé. Et croyez-bien que les coupables ont été châtiés. Enfin, j'aimerais que nous dansions vous et moi. Montrer ainsi que vous me soutenez toujours malgré ces derniers jours.

– Je... Je ne sais si c'est une bonne idée votre Majesté. Je n'ai toujours pas dansé avec mon époux et...

Le roy ne lui laissa pas le temps de continuer sa phrase qu'il l'attrapa par la taille et l'approcha de lui. Elle sentait la respiration du souverain sur son visage et elle pouvait voir ses yeux. Des yeux bleus si clairs qu'il semblait ne montrer aucune empathie ou gentillesse.

– J'aimerais vous embrasser. A cet instant précis, murmura-t-il en s'approchant doucement.

– Je vous en prie, dit-elle en tentant de le pousser. Je suis une femme mariée et je ne veux point vous embrasser. J'aime mon époux.

– Pourtant, la dernière fois, vous sembliez avoir apprécié.

– Si avez cru cela alors c'est que vous connaissez mal les femmes. Peut-être que toutes vos maîtresses sont en réalité que des personnes dont vous avez mal interprétées les émotions, dit-elle avec un air de défi.

Le roy recula de quelques pas, fulminant de rage. Comment osait-elle lui parler ainsi, lui le roy de France et de Navarre ? Il leva la main prêt à la frapper lorsque quelqu'un lui attrapa son poignet. Il tourna les yeux vers l'insolent et croisa le regard furieux de son frère.

– Ose la toucher encore une fois et tu tâteras de mes poings. Roy ou pas roy.

– Enfin mon frère, sais-tu que ta chère épouse que tu protèges tant t'as trompée avec moi.

– Elle a commis une erreur en t'embrassant mais c'était un moment de faiblesse d'après ce que j'ai cru comprendre. Et comme à ton habitude Louis, tu as su profiter de cet instant de faiblesse. Comme avec ma première épouse.

– Veux-tu vraiment discute de ta première femme ? Ce n'est point de ma faute si elle a terminé dans mon lit.

– En revanche, c'est de la tienne si elle s'est enfuie et que cela lui a été fatale.

– Je ne contrôle pas les paysans, désolé de te l'apprendre, répondit Louis nonchalant.

Philippe l'empoigna à deux mains et le souleva légèrement du sol. Sophie s'approcha mais n'osa pas les interrompre.

– Tu l'as tuée Louis. C'est de ta faute si je l'ai perdue, les larmes aux yeux.

Sophie posa une main sur l'épaule de son mari et lui demanda de le lâcher. Philippe respirait rapidement, bouillant de colère. Il secoua la tête et lâcha son frère. Il prit la main de sa femme et ferma les yeux.

– Tu es fou Philippe. Je n'ai que trop toléré tes sautes d'humeur. C'en est fini de mon pardon. Je vais te faire passer quelques semaines à la Bastille pour t'apprendre les bonnes manières.

– Ce ne sera pas nécessaire, répondit Sophie en s'avançant vers lui, prenant à court Philippe. Nous allons partir pour l'Aquitaine. Nous ne reviendrons plus ici. Et lorsque vous aurez besoin de nous dans votre stupide guerre de succession, rappelez-vous que c'est de votre faute et seulement de la vôtre si le duché ne répond point présent.

Elle prit la main de son mari et le guida jusque dans ses appartements. Elle ferma la porte à clé et appela Éléonore pour lui demander de préparer toutes ses malles ainsi que celles de son mari. Lorsque sa suivante sortit. Sophie s'approcha de Philippe et posa les deux mains sur ses épaules.

– Si vous souhaitez discuter de votre première épouse, sachez que je serais toujours présente pour vous écouter. Prenez le temps qu'il faut. Nous avons toute la vie devant nous.

Philippe l'observa, les yeux admiratifs. Venait-elle vraiment de tenir tête à son frère ? L'avait-elle vraiment humilié devant lui ? Il sourit et la souleva dans les airs en la faisant tourner. Essoufflé, il la reposa et l'observa quelques instants. Il posa son front contre le sien et murmura :

– Je vous aime. 

Les Secrets du Duc d'AquitaineOù les histoires vivent. Découvrez maintenant