30 novembre 1733
Dans la journée du 15 novembre, le roy reçut une missive concernant le siège de Pizzighettone. Ses troupes avaient pu arrêter un ravitaillement important qui arrivait de la Prusse pour la ville. Les français avaient donc pu se servir dans les chariots et donc se fournir en armes et en nourriture sans que la France ne dépense un seul Louis d'Or.
Aussi, pour fêter cette nouvelle, Louis le Quinzième décida d'organiser un grand bal masqué. Chaque noble devait se déguiser en un dieu grec pour rendre hommage à son arrière grand-père, Louis XIV.
– Hors de question que nous y allons, déclara fermement Philippe au serviteur qui apportait le carton d'invitation. Allez dire au roy que...
– Que nous irons afin de montrer que la famille royale est unie malgré les incidents tragiques de ces dernières semaines, coupa Sophie en surgissant derrière son époux.
Le valet s'inclina devant le couple et repartit hâtivement apporter la réponse. Philippe soupira et se tourna vers Sophie. La prenant par les épaules, il lui demanda :
– Pourquoi faire cela ? Nous devrions plier bagage directement et partir pour mon duché. Nous pourrions préparer tranquillement la naissance de notre enfant et profiter de l'hiver comme il se doit sans complot et sans nobles autour de nous.
– Philippe, malgré ce qui s'est passé, je dois accomplir mon travail de belle-sœur du roy. Nous devons montrer que nous affrontons ensemble les évènements. Louis a besoin de notre soutien afin que les nobles le soutiennent à leur tour.
– Louis ? Vous l'appelez par son prénom maintenant ? s'étonna le duc, sourcils froncés.
– Il a été là pour moi après votre départ. M'invitant pour chaque sorties, chaque soirées et bien d'autres choses.
Sophie s'écarta de lui et s'avança vers le lit pour s'y asseoir. Une main sur son ventre, elle le caressa tout en regardant le sol. Philippe croisa les bras et demanda froidement :
– Et qu'a-t-il fait d'autre ? Vous aurait-il emmenée dans son lit pour montrer encore une fois qu'il a de l'emprise sur mes épouses ?
– Comment ? Non ! Pensez cela c'est ne pas avoir confiance en moi. Il m'a parlé de votre enfance et je comprends mieux votre froideur lorsque nous nous sommes rencontrés.
– Pourquoi vous a-t-il raconté tout cela ? Dans quel but ?
– Il m'a avoué qu'il aurait aimé m'avoir à ses côtés comme souveraine et ...
La duchesse tomba en pleurs sur la chaise, les mains sur son visage. Il fallait qu'elle lui avoue ce qu'elle avait fait. Le massacre de Forbach n'avait que retardé les évènements.
– Il m'a embrassée. Une première fois dans les jardins, une deuxième au bal. J'ai résisté au premier mais ses paroles étaient tellement réconfortantes, si douces. Elles m'ont mis du baume au cœur durant votre absence.
Philippe, qui faisait les cent pas dans la pièce, s'arrêta net en entendant les paroles de son épouse. Son visage se liquéfia et il s'assit sur le bord du lit, observant Sophie.
– Je vous jure qu'il ne s'est rien passé de plus. Je n'ai aucune excuse pour ce que j'ai fait mais je lui ai dit que je ressentais quelque chose à votre égard, qu'il n'y aurait rien entre lui et moi. Je vous le jure.
– Le mal est fait. Vous m'avez trahi alors que j'étais loin de vous. Vous vous êtes donnée comme toutes les autres à mon frère. Si vous n'attendiez pas un enfant, je vous aurais répudiée ou exilée dans un couvent. Malheureusement, vous êtes grosse.
– Philippe... Je vous en prie, dit Sophie en pleurs. Je vous aime. C'est vous seul que j'aime.
– Cela ma chère, dit le jeune homme en se levant brutalement, il fallait me le dire avant que je parte et ne pas se précipiter dans les bras de mon très divin de frère. Je vous avais dit que les visages d'anges pouvaient cacher des démons.
– Je l'ai dit avant que vous ne partiez. Et qu'avez-vous répondu ? Un oui nonchalant. Un oui qui ne laissait transparaître aucune émotions. J'ai été naïve de croire que vous pouviez m'aimer.
– Ne jouez pas avec les mots Sophie. Vous êtes la fautive dans cette chambre. Vous êtes la personne qui s'est laissée embrasser par le roy. J'avais CONFIANCE en vous !
Philippe se leva, prit son manteau et s'avança vers la porte. Il jeta un dernier coup d'oeil à sa femme et dit :
– Je vous retrouve pour le bal. Notre dernier bal. Après, je partirai pour l'Aquitaine en vous laissant ici. Je n'accepte point les traîtres dans ma demeure.
Sophie releva la tête et l'observa, le visage rouge et les cheveux défaits. Voilà qu'elle se retrouvait de nouveau seule. Son mari avait été un soutien après le massacre et voici que le roy se mettait sur leur route. Encore. Elle prit un coussin et mit son visage dessus pour hurler de manière étouffée. Elle avait perdu un membre de sa famille et voilà qu'elle perdait son mari. Ne pouvaient-ils vivre une vie paisible ? Elle souffla fortement et se leva avec difficultés et s'installa à sa table de préparation. Elle essuya son visage trempé de larmes et respira calmement pour tenter d'apparaître plus reposée et pas rouge à cause de ses pleurs. Au bout d'un long moment, elle appela Éléonore afin que cette dernière la prépare pour le bal donné. Il ne fallait montrer en aucun cas au roy que son mari et elle s'étaient disputés. Il fallait faire front devant lui car après tout, c'était à cause du roy de France.
– Allons-y. Allons montrer au roy de France ce qu'une fille de Lorraine peut accomplir.
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Les Secrets du Duc d'Aquitaine
Tarihi KurguSi vous saviez ma chère, le nombre de personnes présentes au mariage de Monsieur frère du roi ! C'est que l'événement était de taille, probablement le plus important de l'année. Que dis-je, de l'année ? Du siècle au moins ! Philippe d'Aquitaine, frè...