22 : Retour à la Cour

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Pendant les deux semaines où ils restèrent à Lunéville, Philippe et Sophie passèrent beaucoup de temps dans les jardins pour discuter et apprendre à mieux se connaître. François III les observaient quelques fois pour s'assurer que son beau-frère ne faisait pas de mal à sa sœur bien-aimée.

Ainsi, Philippe apprit que sa femme avait une grande passion pour les chiens. Et spécialement les Épagneuls. Quand elle était plus jeune, son père lui avait raconté que dans les chiens favoris du roy, se trouvaient : des caniches nains, des Braques et des Levrettes. Après cette histoire, ses parents avaient décidés de lui offrir Norbert, un jeune Épagneul roux. Amusé, son époux lui avait dit : « Si cela vous plaît tant d'avoir un chien, dès notre retour, je vous en offrirai un. » Ce à quoi la duchesse avait répondu par un grand cri de joie, amusant encore plus Philippe.

Sophie, quant à elle, apprit que son époux était un grand passionné de chasse à courre. Dans son domaine, en Aquitaine, plusieurs races de chevaux s'y trouvaient. Certains de ces animaux avaient été offerts par les grands roys et princes des autres pays. Pour d'autres, il avait déboursé une somme astronomique. Chaque été, en retournant dans son duché, il ne s'empêchait pas de monter sur chacune de ses bêtes pour profiter de cette liberté, loin de la Cour.

Les deux mariés avaient donc pu passer du bon temps ensemble. Sophie avait fait découvrir sa région à Philippe, saluant de nombreuses personnes dans les villages alentours, visitant champs et domaines. Mais une lettre était arrivée de la Cour, brisant le nuage où ils se trouvaient. Le roy requérait leur présence, indiquant que c'était extrêmement important. C'est ainsi que deux jours plus tard, Sophie faisait ses adieux à toute sa famille, promettant mille fois qu'elle reviendrait dès qu'elle le pourrait. Malgré tout, au plus profond d'elle-même, elle savait que plus le temps passerait, plus cela serait compliqué. Le mot « guerre » résonnait dans plusieurs des villages visités. Si le souverain de France et de Navarre les faisait rentrer aussi tôt, cela devait réellement important.

Durant tout le chemin du retour, Sophie était nostalgique à ces deux semaines passées loin des intrigues et les rumeurs de Versailles. Comment allait-elle être accueillie ? Philippe allait-il redevenir le même ? Que se passerait-il avec la marquise de la Garrière ?

– Ma douce Sophie, à quoi pensez-vous donc ?

– A tout ce que nous avons laissé derrière nous. J'aurais voulu rester un peu plus. Ô comme j'aimerais ne jamais rentrer à Versailles. N'étions-nous point si bien à Lunéville ? Pourquoi sommes-nous donc obligés de rentrer ?

– Ma chère, dit le duc en baisant sa main tendrement. Si mon frère Louis envoie une lettre avec écrit le mot important dessus, cela veut dire que ça l'est. J'aurais aimé rester un peu plus longtemps. Croyez-moi, dès que cette histoire pressante sera réglée, nous partirons dans mon domaine d'Aquitaine. Vous verrez que c'est magnifique !

Sophie le regarda et sourit. Elle se blottit contre lui et ferma les yeux, profitant encore de leur dernier moment d'intimité. A la Cour, ils seraient de nouveau observer. Du matin jusqu'au soir. Et parfois même, durant la nuit. Pendant ces deux semaines passées dans son domaine, elle avait tenté d'oublier tout le mal qu'il avait pu lui faire. Sa mère lui avait appris à pardonner dès son plus jeune âge car ne pas pardonner était un lourd péché à porter par la suite. Alors malgré tout ce qu'elle avait subi par sa faute, elle avait trouvé au fond de son cœur un peu de bonté et gentillesse pour lui pardonner. Elle n'était pas amoureuse de lui car après tout, n'aimait-il pas une autre femme ? Même s'il avait regretté toutes les fois qu'il était allé voir la Marquise, au fond de lui, il ressentait quelque chose pour la Garrière. Sophie le savait.

Au bout de la longue journée de voyage, le carrosse et l'ensemble des gardes, pénétrèrent dans la grande cour du château. Tous les courtisans étaient réunis de part et d'autre des murs tandis que le souverain et son épouse étaient au centre. Ils avaient été prévenus par les gardes de l'arrivée du duc et de la duchesse d'Aquitaine. Lorsque le couple descendit, le roy lâcha la main de son épouse et s'avança vers eux avec un grand sourire.

– Vous voici donc de retour. Vous étiez très attendu ici même à la Cour.

– Ah oui ? Et par qui donc ? demanda Philippe, sourcils arqués.

– Par tous les courtisans et moi-même voyons. Croyais-tu que tu nous manquerais point ?

Il se tourna ensuite vers Sophie et prit sa main pour la baiser.

– Très chère Sophie, vous voir avec un sourire me réchauffe le cœur. Votre absence a été remarquée ici au château. Beaucoup se sont demandés où vous étiez partie. Je suis heureux de vous revoir.

– Il en est de même pour moi votre Majesté, répondit Sophie en s'inclinant.

Le roy la plaça à ses côtés et marcha en discutant avec elle jusque dans le château. Philippe se raidit en le voyant faire mais un geste de son épouse le calma aussitôt. Sophie se laissa entraîner jusque dans le bureau du roy qui la fit s'asseoir avant d'aller près de la fenêtre, prendre un verre de vin.

– Je suis réellement heureux de vous revoir ma dame. J'espère que vous avez pu vous reposer dans votre domaine.

– En effet votre Majesté. Avec mon époux, nous avons pu visiter ma région natale et discuter. Chose que nous n'avons pas fait depuis longtemps.

– Je vois que vous avez su surmonté la tromperie qu'il vous a faite avec la Marquise. Vous m'en voyez ravi. Si cela fonctionne entre vous, Versailles ne s'en portera que mieux. Comment se porte votre frère ?

– Il va bien je vous remercie. Il part pour Berlin très bientôt pour assister au mariage de Frédéric de Prusse.

– Vous savez à quel point notre alliance avec votre région manque à la France...

– A la France ou bien à vous, votre Majesté ? Si j'ai bien compris, l'aide apportée par ma Lorraine aurait bien aidée dans votre prise de pouvoir en Pologne. Les lorrains se débrouillent bien dans l'art de la guerre. Mais bon, qui suis-je pour parler de tout cela car après tout... Ne suis-je point qu'une femme ?

Sophie le regarda, un sourire discret sur les lèvres, fière de sa répartie. Le roy, quant à lui, plissa les yeux, mécontent de ce que venait de dire sa belle-sœur. Il n'avait pas prévu qu'elle lui parle de manière aussi méprisable. Il s'approcha d'elle et posa ses mains à plat sur la table, devant elle. Il l'observa attentivement et dit :

– Faites attention duchesse. Tout ce que vous dites peut avoir un impact dans votre vie. Vous êtes dans ce château actuellement. Et tant que vous serez ici, vous êtes sous mon autorité.

Sophie n'en démordit pas et leva la tête pour le regarder les yeux dans les yeux. Elle sourit et se leva pour lui faire face.

– Alors soyez heureux que nous partions très bientôt pour l'Aquitaine votre Majesté. Au moins, vous n'entendrez plus parler de mon mépris.

Elle s'inclina et lui tourna le dos pour sortir de la pièce. Elle rejoignit Philippe qui l'attendait dans la pièce à côté, près de la fenêtre, en train de regarder le grand jardin de Versailles. En la voyant arriver, il se redressa et sourit.

– Que te voulait-il ?

– Seulement discuter de mon frère. Quand partons-nous Philippe ?

– Le plus tôt possible.



	– Le plus tôt possible

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Les Secrets du Duc d'AquitaineOù les histoires vivent. Découvrez maintenant