12 : Un Bal

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Le soir même, un bal était donné pour célébrer le retour de la duchesse d'Aquitaine à la Cour. Elle était habillée d'une robe de dentelle sur le devant avec une jupe ornée d'émeraudes. Sophie souriait à chaque personne qui venait discuter avec elle : passant même un peu de temps à parler avec chacune d'entre elles.
A ses côtés, son mari, le duc d'Aquitaine se tenait droit et ne souriait pas. Un verre à la main, il regardait la foule qui se mouvait dans le salon de Mars. D'un côté de la pièce, le roy était assis avec son épouse et ses maîtresses. D'un autre, il voyait son ancienne amante qui le fixait. Il fronça les sourcils et but sa coupe d'une traite avant de détourner le regard. Il regarda son épouse qui faisait les mondanités et pensa que l'émeraude était une pierre qui lui allait à ravir. Il ne savait où elle avait bien pu acheter cette robe, mais cela la mettait en valeur. Philippe roula des yeux en s'entendant penser ainsi et chercha le valet qui apportait les verres. D'un claquement de doigt, il le fit venir à lui et se servit de deux coupes de vin. Regardant les courtisans, il dit d'un ton froid :

– Si vous voulez bien nous laisser, j'aimerais profiter de la soirée avec la duchesse.

Aussitôt, tous les courtisans s'inclinèrent et disparurent en quelques secondes. Sophie soupira et s'adossa contre le mur derrière elle. Elle regarda son mari et prit le verre qu'il lui tendait pour en boire une petite gorgée.

– Peut-être aurais-je voulu continuer à discuter avec ces personnes, dit-elle en regardant au loin.

– Toutes ces personnes commençaient à m'ennuyer. Tous en train de vous dire qu'ils sont heureux de vous revoir alors qu'au fond d'eux-mêmes, pas un ne s'inquiétait de votre santé.

– Si nous commençons à nous occuper de tout le monde chaque jour, il faudrait plus que toutes les heures que nous avons. N'êtes-vous point d'accord avec moi ? demanda-t-elle en le regardant.

– Je me suis préoccupé de vous ma dame, dit-il en se tournant entièrement vers elle.

– En étant la plupart du temps avec votre amante, la marquise ! Ne niez point j'ai mes sources.

– Cette source ne s'appellerait-elle pas le Poète ?

– Excellente théorie monsieur mon mari. Mais il n'est pas le seul. Comment va cette chère marquise ? J'imagine qu'elle a dû être malheureuse en apprenant que j'étais sauvée. Peut-être même vous êtes vous réjoui avec elle de mon sort.

D'un rapide coup de main, il attrapa son poignet avant qu'elle ne boive une nouvelle gorgée de ce jus de raisin fermenté. Elle tourna son regard vers lui et soutint son regard malgré que des éclairs sortaient des yeux du duc.

– Comment pouvez-vous insinuer que j'ai souhaité votre mort Sophie ?!

– Comment pouvez-vous croire que j'ai une liaison avec mon ami ?! Ce n'est pas moi qui trompe la personne à qui j'ai juré fidélité devant le cardinal.

D'un mouvement rapide, Sophie se dégagea et lui tourna le dos pour se diriger vers la porte-fenêtre. Elle étouffait. Elle avait besoin d'air frais et quoi de mieux que d'aller dans les Jardins. Au moins, il n'y aurait personne. Elle passa la grande porte de verre et de bois mais fut poussée vers l'avant au moment même où son pied touchait le sol gelé. Coléreuse, elle se retourna, les sourcils froncés et s'apprêta à hurler sur la personne qui avait osé faire ça. Une main sur sa bouche l'en empêcha et elle fut obligée de marcher à reculons tandis que son mari la tenait par la taille. Son dos cogna la rambarde de pierre et sa main se posa sur celle de son mari pour essayer de lui faire lâcher prise. Au bout de plusieurs secondes, Philippe abaissa sa main pour la poser sur les épaules de son épouse.

– Je n'arrive point à croire que vous pensiez cela de moi.

– Vous ne m'avez jamais témoigné que de la haine et de la rancœur depuis nos noces. Comment pourrais-je avoir foi en vous ? Depuis mon arrivée ici, vous n'avez été que froideur et brutalité.

En disant cela, les larmes commencèrent à couler le long de ses joues. La promenade l'avait fatiguée et elle se sentait toujours aussi faible. Cela n'avait pas été une bonne idée d'aller ce bal organisé par le souverain.

– J'ai déjà perdu ma première épouse. Croyez-vous réellement que je souhaite en perdre une deuxième ? Je n'ai point d'héritier.

– Donc je ne sers qu'à cela pour vous ? Enfanter ? J'aurais dû écouter un peu plus mes suivantes. Que j'ai été sotte de prendre votre défense devant tous ces courtisans. Au final, vous êtes comme l'on vous décrit : coureur de jupons, grossier, froid et perfide.

– Vous preniez ma défense ? s'étonna Philippe.

– Vous êtes mon époux. Je n'ai jamais pensé du mal de vous sauf lorsque vous étiez brutal avec moi. Je vous en prie, laissez-moi seule. J'ai seulement besoin d'air frais. Arrêtez de me faire souffrir. Une seule fois. Je vous en prie.

A ces mots, elle baissa la tête et ses yeux se fermèrent sous la fatigue. Elle tomba en avant et sa tête vint appuyer sur le torse de son mari. Lorsqu'elle sentit son cœur battre et le mouvement de sa poitrine pour respirer, elle se détendit et ses larmes séchèrent. De ses bras, elle entoura la taille de son mari et tourna la tête pour être de profil. Instinctivement, elle se mit à respirer en même temps que lui.

Philippe fut surpris aux premiers abords en sentant la tête de sa femme contre lui. Il se raidit un peu plus lorsqu'il la vit entourer son corps de ses bras maigres. Mais rapidement, il se détendit et lui rendit son étreinte en posant son menton sur le haut de son crâne. Il ferma les yeux et apprécia l'instant présent. Eux deux, dans la nuit fraîche, dans le silence tandis que tous les nobles passaient du bon temps dans le salon de Mars. D'une voix douce, il lui dit :

– Je n'ai pas oublié ma promesse Sophie. Je vous ferai découvrir Versailles comme il se doit. Et j'en ajoute une nouvelle : je vous promets de mieux me comporter avec vous.

En sentant la respiration de sa femme devenir plus lente, Philippe sourit et comprit qu'elle s'était endormie. D'un mouvement ample, il la prit dans ses bras, un bras sous ses jambes et un autres dans son dos puis il la ramena dans sa chambre où il dormait en évitant bien de passer devant tous les courtisans et toutes les pièces où le bruit pouvait réveiller Sophie. Délicatement, il la posa sur le lit et ramena les draps sur elle pour éviter qu'elle ne tombe de nouveau malade. Il s'assit par la suite dans son fauteuil favori, devant la cheminée. Il s'endormit ainsi. 

"A Tout Jamais" est un film sorti en 1998 réalisé par Andy Tennant

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"A Tout Jamais" est un film sorti en 1998 réalisé par Andy Tennant. Il raconte sous une autre forme l'histoire de Danielle de Barbarac, appelée Cendrillon. 

Les Secrets du Duc d'AquitaineOù les histoires vivent. Découvrez maintenant