17 : Départ

908 107 10
                                    

Le lendemain, Sophie s'éveilla avec une sensation de brûlure au niveau de sa joue. Elle ferma les yeux et enfouit sa tête dans l'oreiller en repensant à la scène qui s'était passée hier avec son époux. Comme cela lui avait fait mal de parler ainsi à quelqu'un. Elle n'avait pas l'habitude de s'énerver ainsi mais le fait qu'il la frappe, alors qu'elle n'avait rien fait de mal, cela l'avait fait réagir. Elle versa quelques larmes en se demandant si elle l'avait perdu. Où était-il allé après leur dispute ? Elle soupira et resta quelques instants dans cette position avant de se lever et d'ouvrir les rideaux. Le jour commençait à peine à percer, signe qu'elle se réveillait tôt. Elle enfila sa robe de chambre et parti en quête d'une porte-fenêtre pour aller à l'extérieur. Elle se résolut à passer devant la chambre de son époux et à attendre un peu. Elle s'en voulait énormément et voulait à tout prix s'excuser. Devait-elle rentrer ou non ?

Sophie faisait les cent pas devant la porte des appartements de son mari sous l'oeil des deux gardes. Ces derniers la suivaient d'un simple regard, se demandant ce qu'elle faisait là. La duchesse au bout d'un certain temps s'avança vers la porte et posa la main sur la poignée. Elle entendit un rire féminin et Sophie déglutit en pensant à qui cela devait être. Une seule personne pouvait se trouver dans la chambre de son époux : Catherine de la Garrière. Les larmes montèrent dans ses yeux et soupira fortement avant de tourner le dos à cette objet maudit et de courir vers ses appartements.

***

– Ma phrase te fait rire Catherine ? demanda Philippe, sourcils froncés

– Je trouve cela amusant que tu dises que tu as fait une erreur le lendemain de notre folle nuit. Surtout qu'entre temps, nous avons changé de chambre pour aller dans la tienne. Tu penses vraiment que les serviteurs ne vont pas parler de tout cela entre eux ? Je te parie que le roy va te convoquer dans la journée pour discuter de ton épouse et de moi.

Philippe s'assit au bord du lit et observa la grande fenêtre qui était face à lui. Oui, il avait fait une erreur en revenant vers la Marquise. Et il espérait que son épouse ne l'apprenne pas sinon, plus jamais elle ne lui parlerait. Déjà que leur relation était tendue suite à la discussion animée de la journée précédente.
La marquise s'installa derrière lui et passa ses deux bras autour de son torse. Du bout des doigts, elle caressait cette partie du corps qu'elle aimait tant chez son amant. De ses lèvres, elle embrassait son épaule pour remonter jusque dans sa nuque.

– A quoi penses-tu mon amour ?

– A Sophie.

Aussitôt, elle stoppa tout mouvement et se reposa sur l'oreiller en tirant le drap pour cacher son corps. Catherine de la Garrière avait passé une fabuleuse nuit mais elle savait qu'elle ne se reproduirait pas avant quelques temps. Surtout si le duc n'arrêtait pas de penser à sa tendre épouse. Il fallait qu'elle se débarrasse de cette femme et un début d'idée trottait déjà dans sa tête.

– Eh bien, je vais partir dans ce cas. Ne t'inquiète pas, ajouta-t-elle en le voyant ouvrir sa bouche, je passerai par les couloirs secrets pour retourner dans ma chambre.

Elle se pencha vers lui et l'embrassa profondément pour lui faire sentir à quel point elle lui appartenait. Une fois cela fait, elle sortit du lit en lâchant le drap et prit sa robe de chambre et ses pantoufles. Elle le regarda une dernière fois avec un grand sourire puis activa la porte dérobée et s'en alla discrètement.

Philippe regarda à nouveau par la fenêtre le soleil dominer le ciel puis il posa ses paumes de main sur son visage et soupira.

– Qu'ai-je fait ? Mon Dieu, qu'ai-je donc fait ?

***


Sophie courait aussi vite qu'elle le pouvait vers sa chambre, ses talons résonnant dans tous les couloirs où elle passait. Chaque garde tournait la tête vers elle pour la suivre du regard une fois qu'elle était passée. Une fois arrivée dans sa chambre, elle hurla le nom de sa servante. Cette dernière arriva précipitamment et s'arrêta net en voyant sa maîtresse aussi rouge.

– Votre Altesse, que se passe-t-il donc ?

– Prépare mes affaires. Je pars.

– Comment ? Mais pour aller où ?

– Je rentre chez moi Nonore et n'essaie pas de comprendre pourquoi et de m'empêcher. Je partirai avec ou sans toi.

– Bien votre Altesse, je m'occupe de cela immédiatement.

– Je vais t'aider, assura Sophie sérieuse et déterminée.

Ensemble, les deux femmes préparèrent en une heure la malle de voyage de la duchesse et Éléonore somma un garde de faire avancer une voiture à l'entrée du château. Puis elle alla chercher deux serviteurs pour l'aider à porter les affaires.
Pendant ce temps, Sophie finissait de se préparer. Elle agrafa sa cape de voyage et mit en place sa capuche. Elle regarda une dernière fois ses appartements puis tourna le dos pour s'avancer vers le couloir.
Lorsqu'elle passa dans les salons devant tous les courtisans, les discussions s'arrêtèrent tout comme les jeux. Tous la voyaient passer avant une sûreté déconcertante. Les chuchotements commencèrent à se faire entendre mais Sophie n'y prêtait pas attention. Mais lorsqu'elle vit la personne qu'elle détestait le plus près de la porte qu'elle devait passer, elle fronça les sourcils et marcha d'un pas plus rapide.

– Partez-vous votre Altesse ? Dans votre état cela n'est guère intelligent.

– Vous avez gagné marquise ! Mon mari vous appartient et ne vous inquiétez point pour moi, je pars à tout jamais de ce maudit palais.

– Votre époux est-il au courant ? Et sa Majesté ?

– Je pense que vous serez ravie d'apprendre à mon époux dans son lit, lors de vos ébats que je suis partie. En ce qui concerne sa Majesté, j'ai laissé un billet à son intention. Merci de vous en soucier. Maintenant, je désire passer je vous prie.

La Marquise inclina la tête avec un petit sourire et la laissa passer en lui souhaitant bon voyage. Puis elle partit dans la direction opposée, une idée ancrée dans la tête, un sourire sur son visage.
C'est lorsque le bruit des roues du carrosse se fit entendre que Philippe se leva et s'avança vers la fenêtre. Il n'avait pas connaissance de noble qui partait aujourd'hui, lourdement chargé. Ses pensées furent interrompus par son frère qui entrait dans la chambre. Il le rejoignit à la fenêtre, sourcils froncés, et, posant une main sur l'épaule de son frère dit :

– La duchesse n'aura pas beau temps pour son voyage.* 

* Cette phrase fut prononcée par Louis XV lorsque le cortège funéraire de la Marquise de Pompadour quitta Versailles pour Paris

Oups ! Cette image n'est pas conforme à nos directives de contenu. Afin de continuer la publication, veuillez la retirer ou mettre en ligne une autre image.

* Cette phrase fut prononcée par Louis XV lorsque le cortège funéraire de la Marquise de Pompadour quitta Versailles pour Paris. Petite référence à ce Roy ! 

La symphonie n°7 a été composée par Antonin Dvorak en 1885. C'était sa toute première symphonie commandée par une personne extérieure à sa famille. 

Bien, bien, bien,... Les choses se corsent pour notre couple. L'arrêtera-t-il ? La laissera-t-il partir ? A vos hypothèses ! 

Les Secrets du Duc d'AquitaineOù les histoires vivent. Découvrez maintenant