8 : La Maladie

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Le médecin de la Cour arriva rapidement et posa sa mallette près du lit afin de sortir tous les outils nécessaires. Il demanda à toutes les personnes qui n'étaient pas proches de la jeune femme. Il ne resta donc que son mari, sa suivante ainsi que le Roy.

– Vérifiez qu'elle n'ait pas été empoisonnée, ordonna d'une voix sèche le duc d'Aquitaine.

Le médecin inclina la tête et procéda à l'examen de la patiente sous toutes les coutures pour vérifier qu'il n'y avait pas de grosseur à un endroit. La malade était transpirante et disait des mots incompréhensibles, tout en s'agitant légèrement. Le médecin continua de l'examiner en palpant son ventre. Un cri de douleur s'échappa de la gorge de la jeune femme et sa respiration s'accéléra.

– Vous lui faites mal ! Vous ne le voyez point ? s'emporta Philippe.

– Monsieur, la duchesse est victime de la maladie de la Cour. Le typhus. Il faut dès à présent la traiter pour éviter que son état ne s'aggrave !

– Par quels moyens ? demanda calmement le roy, assit sur un fauteuil face au lit.

– L'aération de la chambre le plus souvent possible juste après l'enfumage. L'infusion d'herbes que je vais concocter devrait faire baisser la fièvre. La pratique de saignée devrait permettre l'évacuation de la maladie ! Elle doit rester sous surveillance à toute heure et prendre des bains avec frictions.

Dans la tête du médecin passait différentes vision. Lui, écorché vif par le duc si sa femme venait à mourir. Lui, soumis à la question pour avouer son crime. Il déglutit et se racla la gorge pour se donner de la contenance. Philippe souffla de colère et sortit en claquant la grande porte de bois. Son frère, le roy, remercia le médecin et lui ordonna de faire tout son possible pour sauver la duchesse. Puis, il partit rejoindre son frère qui était assis quelques pièces plus loin, sur un des grands fauteuils de velours rouge.

– Mon frère, dit le roy en s'approchant doucement. Tu te dois de rester auprès de ta femme.

– Et pourquoi donc ? Elle va mourir. Comme la précédente. Et ce sera de ta faute. Encore une fois ! répondit le duc hargneux, tout en se servant un verre.

– Le décès de ta première épouse n'est en rien de ma faute.

– Il serait trop dur pour toi de l'avouer. Parce que tu es le roy. Et tu ne veux paraître faible devant ton frère.

Philippe était face au feu, son verre d'alcool à la main. Les flammes se reflétaient dans ses prunelles et Louis ne savait si c'était seulement le reflet, ou la colère qui s'exprimait par ce moyen. Il inspira profondément et s'approcha de son frère pour poser une main sur son épaule.

– Sophie va vivre. Je t'en fais la promesse.

– Malheureusement ce n'est pas à toi d'en décider. Mais à Lui, dit Philippe en pointant du doigt le plafond avec une moue faussement triste.

– Je suis le roy. Et je suis...

– Choisi par Dieu. Tout le monde le sait. Mais l'es-tu vraiment ?

Louis allait répliquer lorsque Éléonore accourut vers eux, un air affolé sur le visage. Elle s'inclina devant le roy puis s'adressa au duc :

– Monsieur. La duchesse vous demande.

Les deux frères échangèrent un regard puis le jeune homme courut pour retourner dans la chambre, aux côtés de sa femme. Elle était là, pâle, toujours allongée dans le lit et toujours aussi transpirante. Elle avait les yeux à moitié-clos et sa main était tendue vers l'extrémité du lit, paume tournée vers le ciel. Philippe déglutit et s'approcha doucement de sa femme. Il posa les deux genoux à terre puis prit délicatement la fine main blanche dans la sienne.

Les Secrets du Duc d'AquitaineOù les histoires vivent. Découvrez maintenant