20 : Excuses

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Éléonore s'affairait pour préparer le bain rapidement, l'aubergiste avait ordonné à sa femme de préparer un copieux repas pour les hôtes, ses enfants s'occupaient de mettre en route le feu et Philippe était assis près de sa femme, allongée, en l'observant.

– Votre Altesse, intervint la suivante, le bain est prêt.

– Vous pouvez disposer.

– Ne voulez-vous point que... ?

– J'ai dit, vous pouvez disposer, répéta froidement le duc en tournant les yeux vers elle.

La suivante s'inclina et Philippe barra la porte avec le verrou intérieur, en ayant préalablement demandé aux gardes devant la porte de ne pas le déranger. Il revint ensuite vers Sophie et commença à délacer délicatement sa robe. A mesure qu'il descendait de plus en plus bas, ses mains tremblaient. Jamais en accomplissant cette tâche il n'avait ressenti cette émotion : le malaise. Pourtant, il avait vu nue son épouse plusieurs fois. Bon seulement une dizaine de fois depuis leur épousailles. Mais à cet instant, il était gêné d'enlever les vêtements de Sophie pour la mettre dans le baquet d'eau chaude.

Alors que le dernier ruban était desserré et qu'il allait enfin pouvoir enlever ce corset, une main se posa sur la sienne, l'empêchant de faire un geste de plus. Ses yeux remontèrent jusqu'au visage de Sophie et son regard croisa deux yeux bleu-gris, qui le regardait froidement.

– N'essayez point d'aller plus loin votre Altesse.

– J'allais vous dévêtir seulement pour vous mettre dans votre bain. Ne vous inquiétez point, j'allais laisser votre chemise et vous plonger dans l'eau tiède.

– Je pense pouvoir le faire par moi-même, je vous remercie, dit Sophie en se redressant légèrement, une main sur son visage.

– Montre-moi vos blessures, demanda doucement Philippe, un torchon tiède dans une de ses mains.

– Je m'en occuperai toute seule votre Altesse. Je me suis remise de mes émotions.

– Je préférerai que je m'occupe de vous...

– Vous occupez de moi ?! Pensez-vous, vous être bien occupé de moi depuis nos épousailles ? Pensez-vous que vous m'avez aidé durant ces longs mois où je me suis retrouvée seule ?

– Je vous en prie... Ne recommençons point notre dispute. Vous êtes blessée, sous le choc de l'attaque et...

– Et de votre tromperie aussi, le coupa froidement Sophie. Vous m'avez trompée de nouveau avec cette marquise ! Alors que j'attends votre enfant. Comment avez-vous pu ?

– C'est parce que...

– Point de justification. Comme vous avez pu voir, j'ai préféré partir plutôt que de subir une nouvelle honte à Versailles et de faire l'objet des rumeurs. Encore.

– Sophie...

– Non ! Partez ! Et laissez-moi seule. Et ne revenez plus jamais. Et.... Et...

A mesure qu'elle disait ces mots, Sophie frappait de ses poings le torse de son époux, avec le peu de force qu'il lui restait. Philippe attrapa ses poignets et lui demanda d'arrêter mais il gagna juste la vision de sa femme en pleurs.

– Oh mon ange...

Il la lâcha et la fit venir près de lui pour qu'elle pleure contre lui. Le duc posa sa tête sur celle de sa femme et caressa son dos pour tenter de l'apaiser.

– Si vous saviez comme je me sens désolé... Je ne suis qu'un être stupide. Je n'aurais point dû lever la main sur vous malgré ma fureur. La marquise était une erreur et plus jamais, vous m'entendez, plus jamais je ne me tournerai vers elle.

Les Secrets du Duc d'AquitaineOù les histoires vivent. Découvrez maintenant