Les Secrets du Duc d'Aquitaine

14 : Bonnes Impressions

Philippe restait là à observer son épouse, genoux à terre et elle toujours debout dans sa robe crème qui lui cintrait sa fine taille. Il passa une main sur son visage et soupira avant de demander :

– Vous lui avez tout dit n'est-ce pas ? Tout le mal que j'ai pu vous faire, tout ce qui s'est passé entre ces murs. J'imagine que vous avez tout raconté à votre très cher frère.

Elle s'approcha de lui et se mit aussi à genoux pour lui faire face. D'une main elle prit celle de son mari et l'observa en la caressant de son pouce. Elle sourit et dit doucement :

– J'estime que mon frère n'a pas à savoir ce qui se passe entre nous. Même si vous ne m'aimez pas et qu'il ne se passera jamais rien entre nous, je pense que pendant la durée de son séjour, nous pouvons faire semblant que tout se passe au mieux. Ne pensez-vous pas ?

– Alors vous pensez que je vous ai mal traitée à ce point ?

– Depuis que j'ai été malade, vous m'avez aidée et vous avez été là pour moi. J'ai appris que vous aviez renvoyé la Marquise de vos appartements. Et pour cela, je vous en suis reconnaissante. Mon ami.

Elle posa une main sur sa joue et sourit. Le duc la regarda droit dans les yeux et vit toute la gentillesse que ses yeux pouvaient transmettre. Le Poète lui avait dit un jour, avant que sa nouvelle épouse n'arrive, que les yeux étaient le miroir de l'âme. Il voyait à présent que c'était la vérité. Comment avait-il pu être aussi brutal avec cette jeune femme ? Il s'en voulait à présent de tout ce qu'il lui avait fait subir. S'afficher avec la Marquise était un grossière erreur. Il avait pour habitude que les courtisans parlent dans son dos mais à aucun moment, il n'avait pensé à cette jeune femme qui était son épouse. Innocente et pure, il l'avait faite souffrir. Prenant sa main dans la sienne, il la serra et dit d'une voix faible :

– Pardonnez-moi. Pour tout ce que je vous ai fait endurer ma dame.

– Je vous ai pardonné il y a bien longtemps déjà monsieur.

Ils restèrent à se regarder pendant de longues secondes avant que le duc ne se relève et aide Sophie à faire de même. Il s'approcha d'elle et l'embrassa sur la joue avant de la conduire vers la porte. Une fois arrivé au seuil, il l'observa et murmura :

– Je vous verrai donc au dîner de ce soir duchesse. Nous ferons bonne impression devant le Roy et votre frère.

Elle inclina sa tête et partit pour faire une promenade dans les jardins en compagnie du Poète tandis que le duc de Lorraine et le Roy de France discutaient du trône de Pologne.
Le soir venu, tous les courtisans invités au repas étaient en train de se vêtir et de se poudrer le visage pour faire une bonne impression au duc de Lorraine. Les femmes sans époux avaient appris qu'il n'était pas marié et misait tout sur leur toilette et maquillage pour l'impressionner et avoir une chance d'attirer son regard.
Philippe attendait dans le hall d'entrée du château son épouse. Un valet vérifiait une dernière fois que tout était parfait sur lui. Lorsqu'il entendit les talons claquer sur le sol, il renvoya d'un signe son serviteur et se tourna vers les escaliers, les mains devant lui. Il manqua d'ouvrir la bouche en détaillant la jeune femme qui descendait l'escalier de marbre. Vêtue d'une robe recouverte de tissu damas rouge façon tapisserie avec un motif central peint en surface de feuillage stylisé or agrémenté de vert. Son décolleté était rond et mettait en valeur sa poitrine sans trop la découvrir. Au niveau de son corsage, des pierres précieuses étaient attachées pour bien attirer le regard. Sur les manches, le tissu recouvrait la partie haute du bras puis laissait place à de la dentelle blanche sur tulle. Elle était suivie d'Éléonore, son ancienne garde-malade et amie. Il toussota pour reprendre contenance et tira sur les côtés de son justaucorps pour bien le remettre. Il s'approcha jusqu'à la première marche et patienta le temps qu'elle descende. Une fois arrivée à sa hauteur, la jeune femme se tourna vers lui et le regarda avec un petit sourire.