44 : Attaque

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Les semaines passèrent et le siège tenait toujours malgré les différents assauts menés par Philippe. Le maréchal, le prince et plusieurs autres nobles étaient réunis sous une tente pour tenter de trouver un plan.

– Nous devrions charger avec plus d'hommes. La forteresse ne devrait pas tenir très longtemps, proposa le maréchal de Belle-Isle.

– A chaque assaut nous perdons des hommes. Si nous en perdons trop, l'assaut final pourrait ne pas avoir lieu et ce serait un échec, dit Philippe soucieux. Le moral des hommes baisseraient et nous aurions des déserteurs. Je pense qu'il vaut mieux faire une attaque discrète.

– De nuit ?

– De nuit et surtout avec des hommes discrets mais efficaces. Il faut que les éclaireurs repèrent un endroit abîmé où nous pourrions passer rapidement et sans se faire repérer. Prenez une vingtaine d'hommes. Les meilleurs. Je veux que d'ici ce soir, nous puissions agir.

Et sur ces mots, le duc sortit de la tente, n'en pouvant plus d'être enfermé depuis des heures. D'un regard il repéra sa femme et Thomas près de leur tente, sur une nappe. Avec un sourire, il partit les rejoindre. Il embrassa tendrement Sophie puis prit dans ses bras son fils pour l'amuser.

– Comment cela se passe-t-il dans la tente ?

– Nous cherchons un moyen pour entrer à l'intérieur mais cela s'avère être compliqué. Je pense que je ferais partie des hommes qui tenteront de rentrer cette nuit.

– Vous ? Mais pourquoi ? N'y a-t-il point des hommes plus qualifiés ? Votre rôle premier est de diriger les hommes.

– Et c'est ce que je ferai. Cette nuit. Ne vous inquiétez point, je reviendrai en vie.

– Ne faites pas de promesses que vous ne pouvez tenir. Le nombre de fois où vous m'en avez faites... soupira Sophie en regardant loin devant elle.

Philippe soupira et se tut, ne voulant pas de nouveau se disputer avec elle. Lui confiant Thomas, il l'embrassa sur la tempe et se releva pour rejoindre les hommes qui s'entraînaient. Sophie le regarda partir et souffla d'exaspération en le voyant agir de la sorte.

– Votre père n'apprend jamais de ses erreurs.

La nuit arriva et les hommes concernés se réunirent près du duc qui leur expliqua la situation. Ils se répartirent en plusieurs groupes et les éclaireurs firent signe qu'ils pouvaient entrer par l'endroit repéré. Philippe hulula et tous ses hommes lancèrent les grappins pour accrocher le pan du mur. Un par un, ils montèrent la corde et ils se rejoignirent sur le haut, les premiers tuant les gardes.

Les choses s'enchaînèrent rapidement. Les gardes furent tués dans leur sommeil ou bien tandis qu'ils étaient à leur poste. Aucun n'échappait au coup fatal des français. Aussi, lorsque le dirigeant autrichien sentit une lame fraîche dans son cou, il sursauta et ouvrit en grand les yeux en reconnaissant le frère du roy.

– Commandant Spenzchen, je vous prierais de me suivre. Votre femme et vos enfants survivront si vous obéissez correctement à mes ordres.

Philippe ordonna à ses hommes de tout piller et brûler tandis qu'il conduisait le commandant de la forteresse hors des lieux. Arrivant à l'entrée du campement, le maréchal de Belle-Isle l'acclama suivit de tous les autres.

– Votre Altesse, nous sommes heureux que votre plan ait aussi bien fonctionné. Le roy sera ravi d'apprendre que la forteresse de Tarbarch est maintenant aux mains des français.

– Elle n'appartient dorénavant à personne. Nos hommes sont en train de la brûler.

Et sur ces mots, il partit dans sa tente, se nettoyer visage et mains où le sang s'accumulait et coagulait. Certes il avait ordonné à ses hommes de se faire plaisir et de tout saccager. Lui, en revanche, n'avait ressenti aucun plaisir à faire cela. La guerre le dégoûtait de plus en plus. Il observa son reflet dans la cuvette d'eau puis s'aspergea le visage, voulant effacer toute trace. Prenant une serviette, il soupira en se séchant. A cet instant précis, il ne voulait qu'une seule chose. Rentrer en Aquitaine pour profiter de sa famille et de sa vie. Il sortit de sa tente et alla rejoindre celle de son épouse où les deux gardes se mirent au garde-à-vous. D'un geste, il leur intima de se taire et pénétra à l'intérieur. Il entendit un gazouillis et vit deux petites mains se tendre au-dessus du berceau. Il s'approcha et sourit en voyant Thomas s'agiter dans son sommeil. Philippe attrapa la petite main et l'embrassa doucement en murmurant des mots doux. Puis, il s'approcha du lit de Sophie et l'observa dormir tendrement. Elle avait un livre posé sur son ventre tandis que son autre bras était au-dessus de sa tête. Elle avait dû l'attendre mais s'était endormie.

Philippe caressa tendrement la joue de son épouse et déposa un baiser sur ses lèvres, ce qui la réveilla aussitôt.

– Philippe ! Vous êtes revenu !

– J'ai pris une décision. Je veux que nous rentrions chez nous avec Thomas.

– Comment ? s'étonna-t-elle en se redressant légèrement. Qu'est-ce qui vous a fait changé d'avis ?

– Toi. Et Thomas. Je veux passer plus de temps avec vous et je veux qu'il puisse grandir en toute sérénité.

– Mais... Tu abandonnes tes hommes. Ce n'est pas quelque chose que tu as l'habitude de faire. Tu as pris un engagement envers ton frère.

– Peu importe mon frère. Il a envoyé le maréchal qui est un très bon stratège. Il n'aura pas besoin de moi. C'est juste pour m'avoir sous surveillance.

Sophie ne sut quoi répondre. Elle était heureuse que son mari souhaite passer du temps avec son enfant, mais en même temps, elle savait qu'il serait triste dès qu'ils passeraient les portes du domaine. Elle le prit dans ses bras et le serra aussi fort qu'elle pouvait.

– Je suis heureuse que tu sois revenu en vie Philippe.

Il l'embrassa et murmura contre ses lèvres :

– Tu me tutoies à présent ?

Elle acquiesça et répondit à son baiser aussi fort qu'elle pouvait. Il s'allongea auprès d'elle et ils s'endormirent tous deux, attendant que le soleil se lève dans quelques heures. 

Les Secrets du Duc d'AquitaineOù les histoires vivent. Découvrez maintenant