2 août 1732, Cadillac
Après plusieurs années de négociations et de discussions, le roy de France et de Navarre est parvenu à un accord avec le duc de Lorraine. Afin de rétablir Stanislas Leszcynski sur le trône, Louis XV a demandé à la Lorraine de le soutenir dans cette guerre. En contrepartie, le duché a demandé un mariage. Entre le frère du roy, Philippe d'Aquitaine et la sœur du duc, Sophie de Lorraine.
Tandis que le duc d'Aquitaine ruminait, les mains posées sur son pommeau d'épée, les portes de la cathédrales s'ouvrirent. Une jeune fille blonde, vêtue de blanc passa l'entrée tandis qu'une chorale entreprit d'entamer le chant « Jesus Bleibet ». La traîne étant longue, six enfants devaient la porter. Le duc de Lorraine tenait la main de sa sœur sur son bras, caressant du pouce le dos de sa main. Plus l'autel s'approchait, plus la respiration de la jeune demoiselle était rapide. Le cardinal du roy lui faisait face, l'archevêque d'Aquitaine et les prêtres derrière lui la regardaient, son futur époux était face à l'évêque si bien qu'elle ne pouvait voir son visage. Le roy de France était face à elle, à côté du duc d'Aquitaine. Il avait choisi d'être témoin de ce mariage.
Après lui avoir baisé la joue, François de Lorraine s'écarta de sa sœur pour se mettre un banc derrière elle. Sophie ferma les yeux et inspira profondément. Le cardinal de Fleury entama les prières au bas de l'autel. Sophie ouvrit de nouveau les yeux et fixa la robe rouge du cardinal, n'osant les poser sur son futur époux. Après un moment qui sembla interminable, l'ecclésiastique se tourna vers les fidèles et prononça à voix haute :
– Dominus vobiscum.
– Et cum spiritu tuo.
– Vous avez l'âge voulu. Vous êtes catholiques tous deux. Vous avez des témoins. Nous sommes en un temps liturgique où l'Église permet la célébration des noces. C'est le moment de vous recueillir, de vous dire en vous-même que vous avez de grands devoirs à remplir, et de penser à Celui qui, pour bénir d'avance tous les mariages de ce monde, assista aux noces de Cana. Qui donne cette femme à cet homme ?
– Moi, répondit François III de Lorraine.
Il s'approcha de sa sœur, prit sa main et la donna à Philippe . Sophie releva à cet instant les yeux sous son voile et croisa le regard de l'homme en face d'elle. Sa respiration se bloqua en attendant la suite.
– Philippe, Louis, duc d'Aquitaine acceptez-vous de prendre pour épouse Sophie, Éléonore, Marie ? continua le cardinal.
– Oui, moi, Philippe, vous prends pour femme.
– Sophie, Eléonore, Marie, acceptez-vous de prendre pour époux Philippe, Louis, duc d'Aquitaine ?
– Oui, moi, Sophie, vous prends pour mari.
– Si quelqu'un souhaite s'opposer à ce mariage, qu'il parle maintenant ou se taise à tout jamais.
Le cardinal regarda l'assemblée et attendit quelques instants. Il continua de bénir les époux.
Je vous déclare unis en mariage. Au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit. Ainsi soit-il. Amen.
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Les Secrets du Duc d'Aquitaine
Ficción históricaSi vous saviez ma chère, le nombre de personnes présentes au mariage de Monsieur frère du roi ! C'est que l'événement était de taille, probablement le plus important de l'année. Que dis-je, de l'année ? Du siècle au moins ! Philippe d'Aquitaine, frè...