𝟏𝟐 - 𝐂𝐨𝐮𝐫𝐚𝐧𝐭𝐬

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𝐄𝐥𝐥𝐲.

— Trois autres s'il vous plaît ! Non attendez. SIX ! décrète ma rousse par-dessus la musique, un peu plus forte dans cette partie du club. J'en veux un d'avance et mes copines aussi ! L'hydratation c'est hyper important pour la peau, vous savez !

Le serveur opine et fuit. Je crois qu'il craint que la folie de Mélia soit contagieuse. En réalité, ce n'est pas d'elle qu'il devrait avoir peur.

— Eh bien, je comprends de mieux en mieux pourquoi Ethan t'idolâtre ! s'esclaffe Neve en aspirant à la paille phosphorescente les dernières gorgées de son cocktail à base de Rhum. Tu es une véritable poche à alcool le week-end, comme mon frère !
— Oooh... mais tu es trooop gentille toi ! couine ma copine.
— Et toi trop imbibée, Mélia, lui fais-je remarquer avec un sourire moqueur.
— Je ne suis pas saoule, rabat-joie de mon cœur, je suis simplement joyeuse d'être ici. De passer mon week-end avec ma meilleure amie qui m'a tant manqué !

Et moi donc. Le téléphone, c'est bien, mais les bras douillets de Mélia, c'est mieux. Et j'ai terriblement besoin de réconfort. M'empêcher de penser, ressasser, analyser.

Mon activité numéro 1 ces derniers jours.
Je me fatigue à un point !

C'est ma faute. J'ai joué à un jeu tout aussi charnel que je ne pensais pas si dangereux, en suivant les règles établies. Je me suis servie de lui comme adversaire et comme d'un pion pour mon bon plaisir. J'ai gagné sans lutter. La seule bataille fut celle de mon corps se déhanchant sur le sien, autour du sien. Pourtant, la victoire m'était tacitement acquise dès lors que ses yeux se sont posés sur mon corps impatient, enrubanné d'une nouvelle sensualité.

Mais si mon amant de plus d'un soir avait compris que nous allions écrire le deuxième round érotique du script débuté en Californie, il n'a pris conscience de l'issue identique qu'après avoir pris son pied. Même dans un râle étouffé, l'entendre jouir en moi m'a déclenché une seconde vague de plaisir dont je ressens encore le fourmillement entre mes reins une semaine après.

J'ai besoin de tourner la page mais je n'y parviens pas. La folie me tend les bras, souriante et fière de sa réussite. Ce soir-là, j'ai à la fois gagné et perdu et depuis, je ne trouve plus la sortie d'un labyrinthe dans lequel je me suis moi-même jetée.

J'ai cru devoir jouer un rôle en gardant la tête haute, même agenouillée à ses pieds, même le visage très proche de sa virilité, tandis qu'il me laissait le dominer pour combler le désir qui nous consumait. Tout ça ne devait être qu'une bulle éphémère dans sa cage dorée. Erreur de prédiction. Lorsque mon amant interdit creusait profondément sa place entre mes parois, le sentiment que j'étais moi m'a étreint. Pas le reflet de celle que j'avais besoin d'être à ce moment-là. La moi entière, complète. Plus la Elly bâillonnée et menottée à une éducation bourgeoise coincée dont l'esprit est aussi étriqué que faussement moralisateur.

Troublée, j'ai occulté ma tête pour ne me concentrer que sur les sensations de mon corps, le plaisir brut à l'état pur. Mais à trop s'approcher du feu on finit par se brûler. La cloque que je porte est une vérité anxiogène : si je ne sais plus qui est Liam Kavanagh, j'ai bien peur de ne plus savoir qui moi, je suis, quand il est dans les parages.

Avant, c'était compliqué mais finalement si simple. Lui, arrogant, ambitieux mais détestable. Lui, l'interdit malgré tout séduisant, le normalement inaccessible pour qui mon corps avait développé un désir impétueux. Moi : l'intérimaire de son bras droit, fraîchement délestée d'une naïveté scandaleuse, qui ne devait rester que quinze jours entre les murs de la tour. Moi, la méprisée du PDG, la paria à chasser. Lui ; moi ; mais jamais « nous ». Deux entités tout juste capables de se côtoyer qui n'auraient jamais dû se rapprocher.

Devious BOSS | En pause jusqu'au 6 octobre 2024Où les histoires vivent. Découvrez maintenant