𝟏𝟑 - 𝐁𝐫𝐮𝐢𝐭𝐬

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𝐄𝐥𝐥𝐲.

Quatre semaines plus tard.

— Bien sûr que non Mélia, je ne t'en veux pas. Je suis un peu déçue, avoué-je doucement à ma meilleure amie, mais je suis fière de toi. Tu vas tout déchirer et nous sortir un super reportage dont toi seule as le secret !
— Ce n'est que partie remise, d'accord ? J'atterrirai directement à New York, tu ne pourras plus te débarrasser de moi !

Comme si je voulais me débarrasser d'elle.

— Arrête, je sais.
— Et je te ramènerai une tonne de cadeaux de Londres ! m'annonce-t-elle à l'autre bout du fil, toujours en guise d'excuses.
— Mélia, ce n'est pas parce que tu vas au salon du mariage que tu dois me rapporter quelque chose en rapport avec le mariage, OK ? précisé-je en faisant la moue. Ou alors des dragées aux amandes. Quatre kilos, minimum.

Après la trahison que j'ai vécue, je suis vaccinée contre le mariage sur plusieurs vies.

Oui mon capitaine ! acquiesce ma globe-trotteuse préférée – OK, la seule que je connaisse, mais ça ne changerait rien. Et sinon, c'est toujours la Guerre Froide avec ton Iceberg PDG ?

Pas « mon ».

Embarrassée à l'arrière de la luxueuse berline flambant neuve qui nous ramène à la tour KMC, j'ose à peine tourner la tête pour jeter un œil à M. Walsh. À peine inspirer l'air cuiré de l'habitacle guindé. Merde... il a forcément entendu. Double Merde, son visage pivote vers moi en premier. Les yeux d'abord écarquillés, il finit par me sourire en remuant sa tête de droite à gauche, amusé, avant de lever les yeux au ciel. Je hausse légèrement les épaules pour lui signifier que je ne regrette pas d'avoir déballer ce surnom à mon interlocutrice. Même s'il s'agit d'un membre de sa famille, ça lui va comme un gant sur mesure.

— Elly ? Tu es toujours là ?
— Oui... mais je n'étais pas seule Mélia, mon patron t'a entendue. Enfin le sympa, précisé-je en lui adressant un clin d'œil de connivence.

Son sourire amical s'étire de plus belle, flatté du compliment, on ne peut plus sincère.

Depuis que j'ai repris mon poste, nous avons réorganisé nos manières de travailler, pour être plus efficaces ensemble et individuellement. J'ai encore un peu de mal à prendre mes marques, car, comme je le lui ai expliqué lors d'une de nos discussions, j'ai étudié le marketing et non le secrétariat ; et auprès de mes anciens patrons, la tâche comportait moins de responsabilités. Bien que je ne lui aie seulement raconté ce qui a un intérêt pour lui, professionnellement parlant, je me suis montrée honnête en admettant que cette voie m'a été imposée, au détriment d'autres aspirations personnelles.

J'ai conscience de ne pas avoir toutes les qualifications requises pour un poste si haut placé. Je ne connais pas grand-chose à l'ingénierie ni aux télécommunications, je me sens parfois un peu dépassée. Mais Ethan Walsh est un homme patient, il prend le temps de combler mes lacunes. Il n'a rien à envier au big boss...

Et heureusement pour moi, je n'ai pas eu beaucoup d'occasions de côtoyer Liam Kavanagh depuis mon retour.

J'ai d'abord accompagné M. Walsh à Tokyo. Durant le vol, j'ai fait de mon mieux pour lui cacher mon excitation, mais il me tardait d'atterrir, de découvrir cette culture, cette ville. M'éloigner un peu plus, géographiquement du moins, de mon passé m'a fait un bien fou. Bien sûr, ma tête n'a rien oublié et me rejoue régulièrement l'instant où la vérité m'a explosé au visage, égratignant d'autant plus mon cœur trahi, mais chaque point positif doit être célébré.

Malgré notre emploi du temps chargé, j'ai pu visiter plusieurs musées, foulé le quartier Shibuya – le Time Square tokyoïte –, et déambuler dans les jardins du palais impérial. Instants fabuleux. Je n'avais plus aussi bien mangé depuis ma fuite de Seattle, plus autant ri non plus. Même ma fatigue était un cadeau du ciel, me permettant de m'endormir sitôt glissée dans un (vrai) lit, après un copieux repas et un bain aussi moussant que thérapeutique, dans une baignoire immense. Je sais vivre avec peu mais j'apprécie d'avoir tout, juste quelques heures. Juste pour oublier la réalité de ma nouvelle existence.

Devious BOSS | En pause jusqu'au 6 octobre 2024Où les histoires vivent. Découvrez maintenant