𝟏𝟗 - 𝐃𝐨𝐦𝐢𝐧𝐚𝐭𝐢𝐨𝐧

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𝐄𝐥𝐥𝐲.

Il avance toujours, je recule encore. C'est un pas de danse que nous connaissons bien, lui et moi. Dans l'intimité de cette chambre, son regard n'a plus rien de glacial ; il est ardent, sans équivoque. Troublant. Ses yeux bleus arpentent mon corps, détaillent mes courbes, explorent mes bandes de peau nue sans masquer leur lueur de convoitise. Le temps n'existe plus, ma respiration non plus. Ressentir ces picotements sensuels sur chaque parcelle de mon épiderme est perturbant. Inédit. Sûrement interdit. Mais je ne lutte pas contre mes réactions insensées, je ferai le point avec ma conscience plus tard, dès qu'il sera parti.

Je me fige lorsque l'arrière de mes jambes heurte le lit, reprend un peu la main sur mes esprits, me demande à quoi il joue. À quoi on joue. Et pourquoi.

— Arrêtez, lui intimé-je.

Mon ordre ne prend pas sur lui. Un sourire carnassier fend son beau visage, ma peau tressaille de plus belle, mon bas-ventre tiraille. J'ai l'impression qu'il est en chasse. Je suis sa proie. Alors pourquoi n'ai-je pas peur ? Pourquoi suis-je fascinée par la personnification du danger ?

Il fait trois pas de plus puis s'immobilise devant moi. Sa cravate bleu nuit enroulée autour de sa main, il s'affaire maintenant à défaire les boutons de sa chemise, sans me lâcher des yeux. Lentement, comme s'il était maître du temps.

Je crois que le diable a ce pouvoir.

— Sortez.

Il ne bouge pas, dresse un sourcil facétieux, sûr de lui. Envie de le gifler. Et tant d'autres choses. Tout se mélange, haine et désir, colère et tentation. Cocktail dangereux.

— Qu'est-ce que vous faites ici ? demandé-je de la voix la plus claire possible, mon corps et ma volonté s'étant momentanément séparés, encore.

À cause de cet homme.

— Je vous l'ai dit : ce que vous attendez de moi, répète-t-il le timbre chaud.
— J'attends que vous sortiez, Monsieur.

Son rire rauque ricoche sur moi. Il se triture la lèvre d'une dent, dans un air de défi hautement assumé, retire sa chemise complètement, dévoile à mes yeux avides une musculature que j'avais déjà devinée sous ses costumes sur mesure. J'avais parlé d'Apollon pour le décrire ? Ce n'est pas assez. Il est ciselé mais pas à outrance.

Liam Kavanagh cachait donc une perfection.

Une musculature sèche, sculptée à la lame des dieux. D'ailleurs, j'aimerais bien comprendre pourquoi, quand on parle de l'extrême beauté d'un homme, on évoque Apollon. Il est évident que celui-ci est bien plus. Apollon était un dieu musicien et poète, un amoureux transi malgré sa grande beauté, sans cesse repoussé par les femmes qu'il courtisait. L'homme devant moi relève plus du guerrier que du poète ingénu, et je suis convaincue que contrairement au fils de Zeus, lui n'est pas repoussé par ses conquêtes. Non, ces batailles-là, il doit les gagner sans même les mener. Et malheureusement pour moi, je crains de ne pas avoir les armes pour l'affronter sans flancher.

En ai-je seulement envie ?

La peau dorée de son torse luit malgré la lumière tamisée des deux lampes de chevet murales. Je peux compter ses abdominaux, me demande à quels exercices il s'adonne pour obtenir ce résultat. Il retire sa montre de son poignet gauche, je suis incapable de décrocher mes yeux de son corps, des quatre-vingt kilos qui doivent le constituer, à vue de nez. De force, de peau souple et hâlée. De masculinité. De contradictions, aussi. Un prédateur attirant.

Même son corps est parfaitement odieux. Indécent. À son image.

Une carrure en V tout en subtilité. C'est beau, attrayant. Érotique. Trop, à vrai dire. Cette forme de V est également marquée sur son abdomen, descendant jusque dans son pantalon dont il a déjà défait un bouton. Je relève les yeux vers les siens, il sourit toujours, mais cette fois c'est une flamme de satisfaction qui crépite dans ses iris océan.

Devious BOSS | En pause jusqu'au 6 octobre 2024Où les histoires vivent. Découvrez maintenant