𝐋𝐢𝐚𝐦.
L'ascenseur bondé monte les étages dans un ballet incessant d'entrées et de sorties. Au fond de la cabine, isolé dans ma bulle que nul ne se hasarde à faire exploser, je relis mes messages restés sans réponse. Tous.
Lyanor a pourtant lu chacun de mes SMS. Ça me rend marteau que même la technologie se foute de ma gueule ! Les icônes des accusés de réception et de lecture me narguent dans la fenêtre de conversation. Mais rien. Pas même un « allez-vous faire voir » ni un charmant « mêlez-vous de vos affaires, M. Kavanagh ». Les points de suspension ne viennent jamais valser en bas de l'écran. Comme si je n'existais pas. Ou que son absence de réponse valait réponse, pour exprimer que quelques soient les moyens employés et ma persévérance, rien ne me permettra de rebâtir les ponts que j'ai détruits.
Je me déteste, mais je crois qu'elle me hait encore plus fort.
Son silence est l'écho flagrant de la solitude que je ressens, celle-là même que je cultivais il n'y a pas si longtemps. Le manque fait mal, d'autant plus lorsque l'on porte la culpabilité même de son existence. La turpitude de mon ancien alter-ego n'a d'égale que la magnitude du séisme que Lyanor a créé en moi. Malheureusement, si elle a fait émerger des eaux sombres le volcan caché dans les profondeur pour le révéler à une nouvelle vérité, une nouvelle vision de la vie, elle a, en même temps, pris sa place sous la surface froide et lugubre. Lyanor est une version de ce que j'étais. En moins abjecte, indéniablement plus lumineuse, mais tout aussi cloisonnée par les épreuves qui l'ont formatée.
Évidemment, je n'ai pas cessé d'y penser, j'ai même élargi mon champ de réflexion. Et j'en suis arrivé à la conclusion que son manque de lucidité à mon égard n'est pas arrosé qu'à l'engrais de mes anciens méfaits. Lyanor a été trompée. Sa confiance en l'autre, en l'homme, anéantie. Voilà donc ce que je dois combattre : pas seulement mes propres actes, mais ceux d'un autre enfoiré.
Si le Karma voulait vraiment se foutre de ma gueule, il ne pouvait pas mieux s'y prendre. Elle a payé les pots émiettés par une autre, je règle l'addition pour son ex-fiancé, en plus d'être salement occupé à m'acquitter de ma propre note.
On est dans une impasse que je vais réussir à franchir. Forcément.
Depuis dimanche matin, je n'ai plus pu l'approcher. D'abord parce qu'Amélia et elle se sont enfermées dans ma chambre durant plus d'une heure. Une fois Lyanor remise de ses émotions qui m'ébranlent toujours depuis, elles nous ont rejoints sur la terrasse principale pour le petit-déjeuner où nous les attendions, Ethan, Brad, Mason, Neve et moi. Elle a souhaité garder sous clé le pourquoi de son état. Et même si elle devait entendre chacune de nos interrogations silencieuses, on a tous respecté ça. Les filles sont ensuite parties s'installer sur la plage pour la journée. Nous, on a opté pour un jogging au bord de l'eau censé nous remettre sur pied. Mais huit miles n'ont rien changé au bronx dans ma tête. Et pour la première fois de ma vie, les vagues ne m'ont été d'aucun secours.
Ensuite, parce que je devais être à Los Angeles lundi à la première heure. J'ai hésité à reporter mon déplacement pour rentrer à New York avec Lyanor et les autres, au lieu de repartir directement de là-bas. Ethan m'en a dissuadé.
— On va lui laisser un peu d'air, m'a-t-il expliqué.
Par « on », comprenez « je ». Comme si je l'empêchais de respirer...
Je n'ai jamais autant eu mon téléphone en main que ces soixante-douze dernières heures. Ce fichu écran ne s'allume jamais à cause d'elle. La bonne nouvelle c'est qu'à force de regarder du vide dans le blanc des yeux, je crois avoir trouvé comment m'y prendre. Mais pour l'heure, j'ai besoin de la voir pour m'assurer qu'elle a retrouvé du poil de la bête. Pour que mes poumons en semi-apnée se déverrouillent enfin.
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Devious BOSS | En pause jusqu'au 6 octobre 2024
Romantik[Romance Enemies To Lovers ∞ Slow burn ∞ romance psychologique *** Dominateur, arrogant, sexy. Insupportable ! Un nouveau boss incompétent qu'elle déteste passe encore, mais découvrir que sa vie n'est qu'un mensonge, c'est la goutte d'eau ! Fraîchem...