𝟐𝟏 - 𝐄𝐲𝐞𝐬 𝐨𝐟 𝐭𝐡𝐞 𝐓𝐢𝐠𝐞𝐫

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𝐋𝐢𝐚𝐦.

Ma tasse de café noir à la main, l'esprit dans un coltar monstre, je progresse dans le couloir et fais de mon mieux pour garder les yeux ouverts. Je manque de sommeil, je déteste avoir l'impression de ne pas être au maximum de mes capacités, question d'exemplarité. Je ne peux pas exiger de mes employés une implication de chaque instant et bailler aux corneilles sous leurs nez, comme un tir au flanc qui pense plus à son lit qu'à tous ceux et celles qui dépendent de chacune de ses décisions. Alors, pour donner le change, je me compose un air serein et rends les politesses qui me sont faites lorsque je croise plusieurs collaborateurs, déjà sur les starting blocks à huit heures trente du matin. Leur énergie va peut-être m'aider à émerger, tout compte fait. Et me changer les idées.

Ma récente victoire devrait me donner des ailes, mais un truc n'est pas dans le bon axe.

Mes ailes sont lestées de plomb, bordel !

Je ne comprends pas.
En deux coups d'œil circulaires dans l'open space ouest, je repère celui à qui je dois parler avant le début de notre journée, qui s'annonce chargée. En aparté, de préférence. Feintant mon aplomb habituel alors que je n'en mène pas si large en réalité, je m'avance vers Eddy, mais patiente à une distance raisonnable qu'il ait terminé son appel. Dos à moi, face à une vue imprenable sur cette partie de Los Angeles, sa carrure rondouillarde adepte de la bonne bouffe et des vins hors de prix semble plus sereine que moi. J'en profite pour consulter mes derniers mails, en convoquant une concentration qui a dû rester dans ma chambre, et réponds aux deux plus urgents, dont un d'Ethan.

Ethan...

J'exhale un mauvais sentiment de culpabilité, puis m'excuse intérieurement auprès de lui pour ce que j'ai fait, et ce que je compte bien lui cacher : je n'avais pas le choix. La fin justifie les moyens, comme on dit. Il n'en saura rien, je peux au moins avoir confiance en elle pour ça. Elle n'osera jamais. Notre petit secret sera bien gardé.

Ses soupirs alanguis interdits.
Son regard franc et sensuel.
Sa peau douce et survoltée.
Son corps en transe sous le mien.
Elle. Moi. Une nuit.

Putain.

J'essaie de ne pas ressasser cette incartade nécessaire depuis que j'ai quitté sa chambre en catimini, après qu'elle a plongé dans les bras de Morphée, repue et épuisée. Incapable de rejoindre le sommeil, je suis descendu à la salle de sport de l'hôtel, mais aucune course sur une machine ne m'a aidé. En désespoir de cause, j'ai lu et relu plusieurs rapports totalement soporifiques. Heureusement pour ma santé mentale, Aaron avait eu la bonne idée de me prévenir de leur contenu. Je n'ai finalement dormi que deux heures, tout au plus, entrecoupées de réveils en sursaut.

— Eh bien, tu as passé une bonne nuit on dirait ! m'aborde Eddy d'un ton enjoué, une main amicale sur mon épaule.

Tu n'as pas idée.

Me voilà rassuré : je n'ai pas la tronche d'un mec sorti d'une partie de baise interdite qui a duré sur plusieurs rounds.

— Elle m'a porté conseil, confirmé-je, embarrassé. Eddy, écoute, je te dois des excuses. J'ai conscience d'être allé trop loin en début de semaine. Mes mots ont dépassé ma pensée.

L'ami de toujours de mon père hoche la tête, mais ses yeux m'analysent d'un regard circonspect. Je ne peux pas lui en vouloir. Pourtant, je suis on ne peut plus honnête et sincèrement désolé.

— Es-tu malade Liam ? se moque-t-il gentiment, avant de se mettre à rire.

Malade, non. Simplement capable de m'excuser lorsque j'ai dépassé les limites. Et Dieu seul sait à quel point il va falloir que je fasse amende honorable dès que j'en aurai l'occasion, pour purger mon péché. Mais tout rentre enfin dans l'ordre et sera vite oublié ; par tout le monde. Y compris Ethan.

Devious BOSS | En pause jusqu'au 6 octobre 2024Où les histoires vivent. Découvrez maintenant