Devious BOSS | En pause jusqu'au 6 octobre 2024

𝟏𝟔 - 𝐋𝐞 𝐩𝐢𝐞̀𝐠𝐞 𝐝𝐨𝐫𝐞́

𝐄𝐥𝐥𝐲. 

Bien au chaud sous la couverture surmontée d'une couette épaisse, je termine de parfaire le bandeau personnalisé que j'ai pensé, créé et cousu de mes dix doigts.

J'ai longuement hésité à investir dans une petite machine à coudre d'occasion, la mienne étant restée à Seattle, dans un appartement où je n'ai plus l'intention de remettre les pieds. Choix cornélien quand les priorités ne sont normalement pas tournées vers les loisirs. Mais j'avais besoin d'occuper mon temps libre à autre chose que bouquiner. J'ai toujours aimé chiner des tissus, des matières, des accessoires. Alors pour combattre la monotonie de ma solitude, j'ai déniché une petite antiquité qui n'avait besoin que d'un peu d'amour. Je me suis remise à croquer des patrons, découper, coudre, broder ; et même tricoter. C'est distrayant, apaisant, et la satisfaction que je ressens une fois la pièce terminée est indescriptible.

Je donne un dernier coup de ciseau quand la sonnette en fin de vie retentit. 19 h 03. Je n'attends personne puisque je ne connais personne ici, exception faite du septuagénaire au bout du couloir et Chad, le punk de l'appartement d'à côté. Sympathique étudiant en musicologie, j'adore son look coloré qui affirme sa personnalité. Moins le fait qu'il soit si bruyant.

Deux coups de sonnette de plus. Je me lève et traverse la pièce, vérifie par le judas : un livreur.

— Bonsoir, je peux vous aider ?
— Un colis pour... L. Johnson, me répond l'homme en jogging noir et casquette rouge logotée, une énorme boule de chewing-gum entre les dents.
— Oui c'est moi, m'étonné-je, merci.
— Pas de quoi !

Il ne demande pas son reste et s'éclipse dans le couloir sombre aussi vite qu'il a dû arriver. La porte verrouillée, ma curiosité piquée au vif, je m'empresse d'attraper ma paire de gros ciseaux pour ouvrir le carton. L'étiquette rectangulaire, au-dessus de mon adresse, m'indique qu'il vient d'Europe. Mélia !

À l'intérieur, quatre paquets emballés dans du joli papier doré. Je retourne me glisser sous les couvertures au moment où mon téléphone m'annonce l'arrivée d'un message. Sûrement Amélia, notifiée de la réception de son envoi. J'ouvre enfin le premier paquet et manque de m'étrangler.

Mais qu'est-ce que... ?

— Elle a osé ! m'écrié-je un peu trop fort en détaillant le vibromasseur aux mensurations... avantageuses.

Espèce de folle nymphomane !

J'ouvre le deuxième, titillée par une pointe d'appréhension... c'est pire. Celui-ci est noir et dispose de deux embouts. Mélia est très à l'aise avec sa sexualité, et le sujet n'a rien de tabou pour elle. Pour ma part, c'est différent. J'aime le sexe évidemment, mais je suis moins portée sur la chose que ma meilleure amie, collectionneuse de jouets coquins. Quant aux plaisirs solitaires, je ne m'y suis adonnée qu'une fois il y a des années, sans obtenir le résultat escompté : un orgasme libérateur.

J'hésite à déballer le cadeau suivant. Le paquet est plus petit, carré. Probablement moins risqué, quoi que Mélia et ses idées pourraient bien me faire mentir. Je l'observe avec perplexité et insistance, comme si j'attendais qu'il réponde à ma question silencieuse : « Petit paquet doré, dis-moi ce que tu caches ».

Soigneusement, j'épluche le papier cadeau qui recouvrait l'ampleur de la folie de ma meilleure amie : un œuf. Un œuf vibrant, rose fuchsia, fourni avec une petite télécommande. Le dernier paquet est un vibromasseur de poche à glisser dans le sac à main. Et pas que, mais vous avez compris l'idée... Au fond du grand carton, une enveloppe décorée de bisous faits au rouge à lèvres pourpre.

« Mon Elly... Voici quatre «petits» cadeaux pour réchauffer tes soirées solos (et tout le reste de ta journée... et tu peux t'amuser à deux, aussi...). Tu me diras lequel te fait le plus d'effet ? C'est la journaliste qui te le demande, évidemment. J'ai une préférence pour l'œuf magique, si tu veux tout savoir, et j'ai plein d'idées de situations où l'utiliser si tu manques d'imagination pour te lancer ! Allez, arrête de rougir, je te vois d'ici. Lâche-toi ! Couine, crie, jouis ! Bienvenue dans l'âge adulte avec option volupté. Je t'aime ! »