𝟏𝟗 - 𝐅𝐚𝐮𝐭𝐞 𝐚𝐯𝐨𝐮𝐞́𝐞

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𝐋𝐢𝐚𝐦.

— Pourquoi tu n'as pas pris mes appels ? Neve a voulu appeler le 911 quand elle ne t'a pas vu arriver.

Et personne n'a envisagé de demander à Lyanor si elle savait où j'étais ?

Ethan n'a pas attendu dix secondes avant de m'honorer de ses reproches. Naïvement, j'avais imaginé que me voir m'excuser en courbant l'échine en réunion lui ferait oublier une ou deux choses. Mais non, cet emmerdeur a décidé de décortiquer mon retard inédit sous toutes les coutures. Bougon, il détache le bouton de sa veste grise puis sa cravate et se cale sur le sofa, à ma gauche. Je laisse volontairement un blanc s'installer.

— Même ta mère s'est inquiétée, ajoute-t-il pour me faire réagir.
— Je n'avais pas mon téléphone. Quand je me suis réveillé et que j'ai vu l'heure, je me suis activé, pas le temps pour le blabla. Satisfait ?

Concentré sur mon dossier, je n'interromps pas ma lecture pour lui répondre. Aucune envie qu'il farfouille dans mes méninges en sondant mon regard.

— Ne me prends pas pour un con. Ton portable est connecté aux enceintes de ta chambre, de ton bureau et de plusieurs pièces de ta baraque, Liam. Même en silencieux si je t'appelle ça sonne puisque je suis dans la liste des exceptions.
— Je n'étais pas dans ma chambre, je me suis assoupi ailleurs. Pas de réveil à portée de main, il me semblait m'être déjà excusé pour ça, lui expliqué-je, laconique.

— Alors t'étais où ?

Dans la chambre interdite, mon vieux.

Deux coups sont frappés à ma porte, Aaron apparaît la seconde d'après.

— Ah... heu, navré, je repasserai plus tard.
— Vous ne nous dérangez pas Aaron, lui assuré-je, ravi de pouvoir gagner un peu de temps. Entrez.

Son intervention tombe à pic. Je n'ai pas l'intention de raconter quoi que ce soit à Ethan avant d'avoir pu en discuter avec Lyanor d'abord. Mon assistant s'avance, la mine préoccupée, puis s'installe sur le fauteuil face à nous. Muet, ses iris sombres jouent au ping pong entre Ethan et moi, mes sourcils se froncent douloureusement puis mon cœur s'emballe sans explication.

Quoi encore ?

— On vous écoute Aaron, l'invite à parler mon bras droit dans un geste avenant du menton.

Il hésite. Le genre d'hésitation qui ne plaît guère à mon pouls et m'enserre la trachée.

— Rien de sûr, déclare-t-il en posant une pile de feuilles sur la table en acajou sombre qui nous sépare, mais j'avoue qu'elle m'a mis le doute. On vient de passer les deux dernières heures aux archives pour...
— Aaron, le coupe Ethan avant moi, depuis le début ? On ne comprend rien.
— Oui, oui, excusez-moi, opine le brun, décontenancé. L'investissement de KMC dans Campbell.Inc. Je sais que ce n'est pas notre boulot, mais Elly a bloqué sur quelque chose en réunion ce matin.
— Ah bon ? nous étonnons-nous d'une même voix.
— Humm, confirme mon assistant, toujours chiffonné. Elly est complètement obnubilée depuis, impossible de lui faire lâcher le dossier. Elle refuse même de sortir des Archives tant qu'elle n'aura pas résolu ce qui tourne dans sa tête. Moi qui me plains souvent d'avoir des trous de mémoire, je n'imaginais pas qu'en avoir une eidétique pouvait créer des crises de psychose...

Aaron soupire en se massant les paupières. Je crois qu'il n'a aucune foutue idée du pavé qu'il vient de lâcher dans la mare. Ethan et moi nous figeons de manière parfaitement synchronisée. Pas parce que Lyanor pense avoir encore relevé un problème qui existe certainement – je sais qu'elle ne s'est jamais trompée et c'est pourtant ça qui devrait nous inquiéter en ce moment –, mais pour l'emploi du mot « crise » prononcé tel un constat alarmant.

Devious BOSS | En pause jusqu'au 6 octobre 2024Où les histoires vivent. Découvrez maintenant