Devious BOSS | En pause jusqu'au 6 octobre 2024

7 - 𝐋𝐚 𝐫𝐚𝐧𝐜̧𝐨𝐧

𝐋𝐢𝐚𝐦.

— Donc vous pensez que c'est une technologie de communication que nous pourrions adapter aux besoins de l'armée ? Y compris en dehors de nos frontières ? Sur un autre continent ? En zones de conflits ?

    Ma montre connectée m'annonce un deuxième appel intempestif. Ethan. Je clique sur l'icône rouge pour renvoyer illico vers mon répondeur.
Il le fait exprès ou quoi ?

— C'est une technologie que nous développons pour l'armée, Monsieur le Secrétaire d'État, rétorqué-je avec insistance. Une alternative à l'utilisation de satellites pour communiquer sans risque d'espionnage ni de hackage, car...
— Excusez-moi, pardon, pardon, se confond en excuses Aaron qui m'interrompt.

Le visage fermé, mon assistant traverse la pièce à pas rapides, son téléphone en main.

—Monsieur Walsh demande à vous parler, me glisse-t-il, penché au-dessus de mon épaule.
— Maintenant ?
— Il dit que ça ne peut pas attendre, confirme-t'il, tout bas.
— Dites-lui que... que je...

    Les mots restent coincés. Ethan sait que je suis au Pentagone, entouré d'une quinzaine de hauts émissaires de l'armée et du gouvernement.

    Le projet Skyless¹ est le plus ambitieux de KMC.Corp en matière de télécommunications. Une technologie qui s'affranchit des satellites, en orbite à environ trente-six mille kilomètres au-dessus de nos têtes. Un projet classé 5 dans nos niveaux d'accréditation interne. Le plus haut. Seule une poignée de nos employés sont au fait. Ceux qui travaillent dessus, plus une vingtaine d'autres, consultants en sécurité civile et militaire pour nos partenaires extérieurs. Mais la liste est restreinte. Le sujet, sensible. Le projet : ambitieux. L'espionnage industriel nous rend paranos.

— Prenons quelques minutes de pause, propose le Secrétaire d'État à la Défense, président cette réunion, déjà debout.

    Nous l'imitons tous et sortons de cette salle de conférence aux allures de bunker. Mieux vaut ne pas être claustrophobe. Dans le couloir, je reprends la communication, mise en attente par mon assistant. Je me demande ce qui peut justifier qu'il passe par Aaron.

— Ethan ? Mais qu'est-ce que...
— À quelle heure Elly devait déposer Ivy ? m'interroge-t-il de but en blanc.
— Attends, quoi ?
— Liam ! À quelle heure Neve lui a-t-elle dit qu'elle devait déposer Ivy à Bryanna ? répète-t-il, avec plus d'empressement encore.
— Dix heures trente, je crois. Pourquoi ?

Ma montre qui indique onze heures trente passées.

— Bordel...
— Ethan !

    Tous les visages alentours convergeant vers moi. Mon cœur suspend sa course.

— Elles ne sont jamais arrivées, Liam, et Elly est injoignable. Bryanna les as attendues mais...

    Un cri féminin hystérique et déchiré me parvient, faisant trembler mon tympan. Neve. Même Aaron, pourtant à deux bons mètres de moi, l'entend et se fige.

    Ethan me parle, mais le ciel qui vient de me tomber dessus m'empêche de prendre les phrases telles quelles. Sous le choc, tout ce que je retiens est que la course contre la montre est déjà lancée. Du fric, on en a. C'est presque de l'illimité. Le temps, lui, se fout bien  de mon compte en banque.

◆◆◆

— VOUS EN AVEZ ENCORE BEAUCOUP, DES COMME CA ?!
— MAIS CHERCHEZ-LES AU LIEU DE PERDRE DU TEMPS ! éructé-je en même temps qu'Ethan, à bout de patience.

     C'est le branle-bas de combat dans le bureau d'Ethan depuis que Neve a reçu un message confirmant ses craintes : elles ont été enlevées.

     Le premier message des ravisseurs ordonnait « Pas de flics, pas de garde du corps ». Il disait aussi « Vingt millions ».