𝟑 - 𝐔𝐧 𝐛𝐨𝐮𝐭 𝐝𝐮 𝐩𝐚𝐫𝐚𝐝𝐢𝐬

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Je vous rappelle que je republie le tome 3 dans sa version non réécrite en 2024 : fautes, longueurs, redondances...

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Elly

    Groggy de notre dernier round de sexe, les muscles endoloris mais le cœur leger, j'enroule mon corps nu dans l'un des draps de satin et rejoinds la terrasse, où la vue va m'éblouir. Autant que celle qui s'offre à moi dès que je pose mes yeux sur Liam, allongé, totalement nu, impudique et fier de l'effet qu'il me fait.

    Je referme la baie vitrée pour m'isoler en compagnie de l'océan et du ciel dégagé, mi-bleuté mi-rosé en cette fin de journée. Je fixe l'horizon et une idée me vient. À l'intérieur, je cherche mon téléphone, mais impossible de mettre la main dessus. En désespoir de cause, je saisis celui de Liam puis repars sur le patio.

    Le code de déverrouillage ? Pas un problème, j'ai déjà vu son propriétaire le composer. J'ouvre l'application photo, cadre et prends plusieurs clichés pour immortaliser cette vue à couper le souffle. L'eau et le sable. Les vagues à moins de cinquante mètres, entre la lumière du jour qui faiblit et l'obscurité de la nuit qui apparaît. Les couleurs qui se mélangent, si bien que je ne sais plus où est le large ni où est le firmament. Les deux se confondent, dansent sur la mélodie de la houle et le sifflement du vent.

    J'inspire pleinement, repositionne le tissu doux sur moi, le remonte autour de mes épaules frileuses. Les larmes me montent aux yeux quand je repense aux voyages que j'ai faits durant mon enfance.

    Ma mère, lorsqu'elle m'honorait d'un peu de son temps, ne le faisait que pour deux raisons, selon moi. J'ai eu tellement de temps pour philosopher sur le sujet que trois vies de thérapie ne me suffiraient pas. La première : il fallait bien que, de temps à autre, elle fasse l'effort de jouer son rôle de mère. Pas pour moi, uniquement pour briller en société. Cette société  qu'elle met sur un piédestal, où paraître compte plus qu'être, où la valeur d'une personne se mesure à son compte en banque, ses stock-options, son carnet d'adresses, le nombre de réceptions qu'elle organise dans l'année et, plus encore, le nombre auquel elle est conviée. Cette Société est pour elle une religion. Chaque loi de ce consortium est parole d'évangile. Le leur.

    La deuxième ? Puisque son travail consiste à vendre des voyages de luxe, à grand renfort d'expérience « personnelle », et que ses chers clients ont une progéniture, quoi de mieux que d'utiliser la sienne pour fournir des recommandations approuvées ? Elle faisait ainsi d'une pierre deux coups : tester des activités pour gosses aux parents friqués et se faire passer pour une mère attentionnée.

    Dans la galerie de Liam, je parcours les photos que j'ai prises.  Je remonte trop loin et tombe sur des portraits volés de moi. Il y en a des dizaines.

   Une voix à la sonorité malicieuse me sort de ma contemplation :

— Je suis démasqué, apparemment.

    Je me retourne, les lèvres pincées, prise en flagrant délit de fouille dans son téléphone. Toujours torse nu, Liam a simplement enfilé l'un de ses shorts en coton blanc.

— Pourquoi as-tu pris des photos de moi ?
— Parce que même si je n'oublierai jamais la beauté de tes traits, je veux pouvoir revoir ces clichés sans avoir à fermer les yeux, Lya.

    Sa réponse fait rater plusieurs battements à mon cœur.

— Et toi ? Pourquoi prends-tu des photos alors que ta mémoire est bien plus puissante et sûre qu'une carte mémoire qui pourrait griller à tout moment ? Sur un appareil qui pourrait se briser, que je pourrais perdre ?

Devious BOSS | En pause jusqu'au 6 octobre 2024Où les histoires vivent. Découvrez maintenant