𝟏𝟎 - 𝐏𝐚𝐫𝐜𝐞 𝐪𝐮'𝐢𝐥 𝐲 𝐚 𝐭𝐨𝐮𝐣𝐨𝐮𝐫𝐬 𝐮𝐧 𝐚𝐩𝐫𝐞̀𝐬. 𝗖𝗵𝗮𝗽𝗶𝘁𝗿𝗲 𝗶𝗻𝗲́𝗱𝗶𝘁

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𝗖𝗵𝗮𝗽𝗶𝘁𝗿𝗲 𝗶𝗻𝗲́𝗱𝗶𝘁. 05/05/2023.

𝐄𝐥𝐥𝐲.

Je n'ai jamais eu le mal des transports, ni en voiture ni en avion. Pourtant aujourd'hui, je donnerais n'importe quoi pour ouvrir la portière de ce SUV de luxe au prochain feu rouge et foutre le camp. Loin, cela va s'en dire. Vite, évidemment. Marcher jusqu'à ce que mes talons soient usés, continuer pieds nus s'il le faut, même après le coucher du soleil, même sous l'éclairage des réverbères. Même quand ils ne fonctionnent plus, dans les quartiers où rien ne tient jamais bien longtemps. Parce que la pénombre est le meilleur témoin des pires méfaits, ceux qu'on lit en gros titre au petit matin, ou dans des rubriques pas moins consultées. Rentrer à New-York puis traverser la ville-pomme qui ne dort jamais, rester éveillée malgré les premières couleurs de l'aube et continuer de marcher jusqu'à m'endormir d'épuisement. Peut-être qu'après, je serais suffisamment loin pour pouvoir respirer correctement.

Mais je ne peux pas faire ça. Alors, pour faire abstraction d'une attraction dérangeante qui anime mon corps et maltraite mon cœur en pleine arythmie, je choisis de reporter mon attention sur l'extérieur. Ce dehors en mouvement, mais toujours moins que mes pensées.

Pourquoi mon autruche n'est jamais là quand j'ai besoin d'elle ?

Mais le cafard me guette rapidement. Trop de vitesse, trop de mouvement. Ou peut-être pas assez pour m'hypnotiser, tout compte fait.

Elly Johnson, la fille aux mille et une contradictions, mesdames et messieurs !

J'en suis à lister toutes les rues de Newark, la plus grande ville du New Jersey, que ce palace roulant huit places à l'habitacle en cuir crème a déjà traversées – nous ne sommes que cinq –, quand un raclement de gorge, à ma droite, me sort de mes efforts pour l'oublier, Lui. Pas mon collègue, mais vous savez qui.

Je pivote d'un demi-tour sur mon siège pour croiser les iris charbonneux de mon homologue, la mine tracassée.

— Elly, tu as eu le temps de jeter un œil au dossier Wang ? Enfin, je sais que tu n'es de retour que depuis hier mais...
— Je l'ai parcouru, oui, le coupé-je avant qu'il ne se confonde en excuses inutiles.

Les dernières semaines n'ont pas été faciles pour Aaron. Nous avions mis en place un fonctionnement en binôme qu'il n'a pas pu tenir trois jours avec mes remplaçantes.

— Tu as pris des notes ? me demande-t-il avec un sourire rempli d'espoir.
— Pas encore, pourquoi ?

Tout est dans ma tête, pas encore sur notre fichier partagé. Son sourire se fane alors qu'il grommelle :

— Les miennes sont sur le réseau interne.

En maintenance pour toute la matinée.
Peut-être que j'aurais pu utiliser cette excuse, ce matin, pour rester dans mon lit. Je vois ça d'ici.

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De : L-johnson@ KMC.Corp/Holding.com
A : E-Walsh@ KMC.Corp/Holding.com <V.PDG>
Objet : corps en RTT, esprit en HP.

Monsieur Walsh,
Je savais bien que le Penthouse était une très mauvaise idée, tout est donc de votre faute, je décline toute responsabilité. Je ne vais pas pouvoir venir bosser puisque mes muscles refusent de coopérer. Vous vouliez que je cohabite avec notre (connard de) PDG et que je fournisse des efforts tangibles ? Sachez que j'ai pris cet ordre au pied de la lettre. Tellement que j'ai pris mon pied tout court, hier soir, avec un certain Iceberg dont je n'ai, je crois, pas besoin de citer l'identité.

Je n'ai pas dormi de la nuit. Aucun rapport avec son endurance, juste parce qu'après avoir claqué sa porte, j'avais encore envie de lui. Et puisque je ne suis pas très plaisirs solitaires, je me suis mise à compter les moutons, les girafes, les pandas et tous les animaux de la Terre – je n'ai d'ailleurs pas terminé, un certain Noé m'attend.

Devious BOSS | En pause jusqu'au 6 octobre 2024Où les histoires vivent. Découvrez maintenant