26 - Face à face

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En média : You should see me in a crown - Billie Eilish

* * *

Jour 1

Un temps fou s'écoule avant que l'homme en face de moi daigne enfin faire un mouvement. Mes yeux de lynx le détectant instantanément, je me redresse contre le mur, le cœur battant. Comme de nouveau d'attaque.

— Qu'est-ce que... commence David, ses pupilles fatiguées croisant mon sourire incroyablement hypocrite.

L'avoir eu inconscient en face de moi durant ces longues minutes a été une vraie torture. Mon self-control n'a jamais été aussi efficace. Je mourrais tout aussi bien d'envie de l'harceler de questions, que de l'abattre sur place. Il était temps qu'il se réveille, ou je crois bien que j'aurais été incapable de tenir la promesse que j'avais faite à Dean.

Quoi que cette lueur venimeuse dans ses grands yeux ouverts ne fait qu'accentuer le serpent qu'il est, alors ce n'est peut-être bien que maintenant finalement que la véritable galère commence.

Surtout ne pas céder à mes pulsions.

L'objectif est de le faire parler.

— Dur dur le réveil, hein ? raillé-je, tandis qu'il peine visiblement à se remettre de son presque-coma.

La mine blanchâtre, le dos vouté, ses sourcils se froncent lorsqu'il réalise la posture dans laquelle il se trouve : assis sur une chaise, ses poignets et ses chevilles respectivement reliés par des menottes et une corde. Un vrai piège à rat. Impossible de s'en échapper, à moins d'être Mac Gyver. Ou d'avoir suivi ma formation, ce qui est tout aussi peu plausible.

Qui ne tente rien n'a rien, David s'empresse tout de même de tester l'efficacité de ce qui l'enchaîne, et un rictus amusé s'empare de mes lèvres.

— Tu devrais peut-être éviter de te balader sans aucun vigile à New-York, je ne dois certainement pas être ta seule ennemie dans les parages. La plus redoutable peut-être mais...

— Où est-ce qu'on est ? m'interrompt-il fermement.

Sa voix a bien plus d'assurance que lors de ses premiers mots. Evidemment, le grand David Blake n'est pas du genre à se laisser abattre aussi facilement.

— Très loin de tes bureaux, très loin de tes hommes de main.

Je croise mes bras contre ma poitrine, cette fois complètement sérieuse.

— Sérieux ? Tu pensais vraiment pouvoir t'en sortir après ce que tu lui as fait ?

— De quoi est-ce que tu parles ?

— Je parle de cette nuit d'il y a quelques jours, celle où tu as descendu Ian.

— Ian est mort ?

Rentrer dans son jeu, lui faire croire qu'il a gagné, c'était ça l'idée initiale de ma manipulation. Seulement je n'avais pas prévu que ces mots m'arracheraient autant la gorge, qu'ils me procureraient autant de douleur. Peut-être parce que je sais très bien qu'il aurait pu effectivement y passer, et que c'est un miracle qu'il soit en vie.

Au moins, la tournure dramatique que vient de prendre mon visage rend la chose bien plus crédible.

— S'il te plait ! Ne fais pas l'innocent avec moi. Je ne suis plus la fille d'il y a trois mois que tu pouvais manipuler lors de ta réception pompeuse. Je connais tous les détails de ta vie maintenant. Absolument tout.

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