38 - Qu'en est-il de nous ?

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PDV LYNNA

FLASHBACK - TROIS ANS AUPARAVANT - NEW-YORK

— Tu as pensé à appeler les pompes funèbres ? Je sais que c'est difficile, que c'est un grand pas à faire, mais il ne faut vraiment pas trainé si tu veux...

— Ouais, c'est noté.

Juste après mon rendez-vous avec le centre, le notaire et la banque sur ma liste de choses à faire dans les prochaines quarante-huit heures. Sans oublier le traiteur et le fleuriste à contacter pour l'après cérémonie.

J'adore Meredith, je préfère largement l'avoir au téléphone elle que ma tante qui semble se souvenir seulement maintenant de notre existence. Mais je ne peux pas dire que je sois particulièrement fan de la tournure que prend cet appel.

J'ai appris le décès de ma mère biologique il y a à peine quarante-huit heures, c'est à peine si j'ai eu le temps de respirer depuis. Je n'ai pas besoin qu'on me met d'avantage la pression.

— Tu sais que tu peux faire quelque chose de plus simple, Lynna, réplique-t-elle alors d'une voix douce propre à son statut d'assistante sociale. C'est un enterrement, pas un...

— Je sais, mais non.

— Laisse-moi au moins t'aider sur quelque chose ! Je pourrais...

Je n'écoute plus ce qu'elle me raconte. A la place, je continue de noter sur mon calepin ce qui traverse à toute vitesse ma tête en ce moment-même. A toute vitesse, et dans un vacarme monstre.

— Je gère, l'interromps-je finalement. Bye.

Je finis d'ajouter des points sur une liste qui me semble désormais interminable. Et infaisable.

Ça y est, j'étouffe.

Meredith a sans doute raison. Je devrais apprendre à déléguer... ou à être moins too much. Surtout qu'il n'y aura pas grand monde à cet enterrement, une douzaine de personnes à tout casser... Mais je veux faire les choses bien. Je le dois.

Evidemment, tout serait plus simple si Simon décidait de donner signe de vie et de m'aider avec les préparatifs. Mais je ne lui en veux pas de ne pas se sentir concerné par la mort de « maman ». Il n'avait que sept ans quand elle est partie vivre dans ce centre et nous au foyer. Il ne l'a jamais connu dans ses bons jours.

Non, rectification : je n'ai pas besoin de déléguer. J'ai juste besoin de prendre un verre. Un seul, ou plusieurs.

Alex me tuerait si elle me voyait... mais Alex n'est plus là.

Quelqu'un vient sonner à la porte alors que je m'apprêtais à me servir de mon deuxième verre de vin. Je m'attends à voir débarquer mon père adoptif, prêt à me passer un savon pour avoir osé raccrocher au nez à sa femme, ou une voisine un peu trop en manque de gossip... on encore un oncle caché depuis presque deux décennies - je m'attends à tout après ce coup que m'a fait ma tante hier. Mais non... Le scénario qui se présente à moi n'a rien d'aussi farfelu. Il n'en est pas moins surprenant... et un peu agaçant. Je crois.

— Hello...

J'hausse un sourcil en arc de cercle tandis qu'Elliot, du haut de sa grande taille, ne sait visiblement plus où se foutre.

Elliot. Mon ex. Ma dernière... « vraie » relation, si je peux dire. Depuis il y a eu quelques coups d'un soir, des amourettes sans trop d'engagements aussi, puis je suis entrée dans ma phase « Girl Boss » où j'ai décrété que je n'avais pas besoin d'un mec pour être épanouie. Ce qui est vrai ! Mais je l'avoue, le manque commence sérieusement à se faire sentir...

OUTSIDERSOù les histoires vivent. Découvrez maintenant