2 - Dis quelque chose

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En média : Where's my love - SYML (cette chanson est beaucoup trop belle)

* * *

Il est presque minuit quand je prends enfin mon courage à deux mains et sort de la voiture. Après avoir roulé durant des kilomètres et des kilomètres, nous nous sommes finalement arrêté au sommet d'une colline, offrant une vue plongeante sur je ne sais quelle ville de l'Ohio. Je crois, je n'en suis pas sûr, je n'ai jamais été très doué en géographie.

Evidemment, et ce malgré la parfaite isolation de ce lieu, Ian s'est empressé de sortir de la voiture, prétextant qu'il serait celui qui monterait la garde cette nuit. Diana étant totalement exténuée, n'a pas bronchée une seule seconde à son explication, tandis que je suis resté silencieuse, me gardant bien de lui rappeler qu'étant notre chauffeur attitré, il était le seul d'entre nous ayant véritablement besoin de repos. De toute façon à quoi mes conseils auraient-ils pu bien servir ? Je sais pertinemment ce qu'il a tenté de fuir en sortant de cette voiture : moi. Et cette pensée a beau énormément me blesser, je n'en pouvais plus de rester là, les yeux grands ouverts à l'observer lui, assit un peu plus loin au beau milieu de la nature. Je n'en pouvais plus de cette situation. Il était temps que je me bouge.

Aussi silencieuse qu'un fantôme, je m'approche peu à peu de Ian, mon cœur se comprimant à chacun de mes pas. Je ne me souviens plus de la dernière fois où j'ai été aussi nerveuse à l'idée de lui parler. Ah, si ! Il y a quelques semaines, lors de cette fameuse soirée à sa fraternité. Cette soirée où la veille même nous nous étions fortement rapprochés dans ce club, et qui s'était terminée sur notre premier baiser. C'est fou ce qui peut se passer en si peu de temps. Les choses étaient déjà compliquées à l'époque, maintenant « compliqué » est un doux euphémisme pour illustrer ma vie.

Je n'ai à peine le temps d'arriver à ses cotés que l'intégralité de son corps se tend. Il se retourne, sa main cherchant par réflexe l'arme accrochée à sa ceinture. Ses épaules s'affaissent finalement lorsque nos yeux entrent en contact.

— Tu m'as fait peur.

Je tente un petit sourire, auquel il ne répond pas mais c'est déjà ça. J'imagine qu'il ne faut pas que j'en demande trop, après tout il ne m'a pas envoyé bouler, c'est plutôt bien parti.

Ou pas. Car j'ai beau être assise à côté de lui depuis maintenant une bonne minute, le silence est toujours palpable entre nous. Nous sommes si proche et à la fois si loin, et je ne le supporte plus.

— S'il te plait dis quelque chose, engueule moi, insulte moi-même si ça peut te soulager, mais je n'en peux plus de ce silence, exprime-je sans réfléchir.

Ne s'étant pas attendu à ça, Ian se retourne vers moi, un sourcil en arc de cercle et je lève les yeux au ciel. Il me connait maintenant, il ne devrait pas être surpris que je finisse par mettre les pieds dans le plat.

— Et ne me fais pas ce regard du « je ne vois pas de quoi tu parles ».

— Je suis désolé, je pensais...

Sa voix hésitante et tremblante réduit à néant l'intégralité de mes espoirs. J'ai clairement sous estimé l'effet qu'aurait mes mensonges sur lui.

— Je pensais pouvoir réussir à dépasser tout ça mais...

— Mais tu m'en veux encore, finisse-je à sa place d'une voix à peine plus élevée qu'un murmure.

Machinalement, je ramène mes deux jambes contre moi et pose mon menton sur mes bras entourant mes genoux. Le vent nocturne est frais et pour ne rien arranger, la roche sur laquelle nous sommes assis est glaciale. Au moins, cette position nous offre une magnifique vue sur la ville endormie. Même si là tout de suite, je n'en ai strictement rien à foutre, mon mental étant trop occupé à imaginer à quel point Ian me déteste.

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