6 - Les trois petits mots

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En média : Shameless - Camila Cabello

* * *

PDV ALEX

Un mois.

Aujourd'hui cela fait déjà un mois, jour pour jour, que cette aventure totalement folle a commencé.

Un mois durant lequel nous avons vécu des véritables montagnes russes émotionnelles. Il y a eu des moments tristes, des moments stressants, des moments de panique intense, mais aujourd'hui est une bonne journée. Je me sens bien. Mais je ne peux pas en dire autant pour Ian.

Allongée sur le lit de notre chambre d'hôtel, je l'observe lui, adossé à la fenêtre entrain de fumer une cigarette. Le soleil Californien reflète sur son visage comme si il s'agissait de l'une des sept merveilles du monde. Il est très beau, bien qu'un air contrarié semble avoir prit possession de son visage depuis le début de la journée.

Mine de rien, je me redresse et lui attrape la cigarette des doigts tandis que la fumée s'évapore par la fenêtre. Ian me laisse faire, bien que son regard réprobateur veuille absolument tout dire lorsque mes lèvres inspirent naturellement une taffe.

— Je devrais peut-être éviter de te laisser fumer. Il ne faudrait pas que... tu sais, tes anciennes addictions reviennent.

Je ne peux m'empêcher de lever les yeux au ciel.

Ça va. J'ai certes eu tendance à apprécier la fumette dans mon adolescence, je n'étais pas atteint au point de passer mon été dans une cure de désintox.

— Et toi tu devrais éviter de claquer notre pognon dans cette merde, ce n'est pas comme si on pouvait vraiment se le permettre.

— Touché.

Son sourire s'évanouit à la seconde même où il est apparu, instantanément. C'est vrai, j'ai tendance à oublier qu'il ne fume en général que lorsqu'il est énervé, ou triste, ou contrarié. Ou même parfois les trois. Et pas besoin d'être Einstein pour deviner ce qui lui prend autant la tête aujourd'hui.

— Ça te rend triste ? Qu'elle s'en aille je veux dire, continue-je en me levant du lit et en passant mes bras autour de son bassin.

Mes lèvres atterrissent sur son omoplate, et il se détend le temps d'une microseconde.

— Ouais. Je sais que c'est pour son bien mais... c'est plus fort que moi. Je peux me résilier à dire adieu à beaucoup de personnes, mais pas à ma mère. Je n'y arrive pas avec elle.

Je lis mes doigts aux siens en guise de soutiens, et il me sert la main avec une certaine fermeté, me laissant facilement deviner l'état de sa détresse. Et je le comprends. Le lien qui relie une mère et son enfant est indéfectible. J'aurai aimé pouvoir vivre cette expérience. Mais on dirait que Dieu n'a eu qu'un père dépressif et lâche à me donner, c'est comme ça.

Je ne devrai même pas parler de lui de cette façon, car je sais au fond de moi qu'il a fait ce qu'il a pu. J'aurais seulement préféré qu'il attende un peu avant d'abandonner sa vie entière, qu'il attende que je sois suffisamment mûr pour affronter la vie sous un angle solitaire. J'avais huit ans, et je ne l'étais certainement pas.

— Rien ne nous empêchera de lui rendre visite d'ici quelques mois. Passer la frontière ne sera pas une chose facile, mais les flics auront peut-être changé de target d'ici là. Avec un peu de bol, un tarer se sera mit en tête de foutre le feu à un building entier, plaisante-je maladroitement dans l'espoir d'alléger l'atmosphère.

A peine cette vanne est-elle sortie de me bouche que je ne peux tout de même m'empêcher de me mordre doucement la lèvre, consciente d'avoir poussé le second degré un peu trop loin.

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