14 - Red flag

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En média : All for us - Zendaya feat Labrinth

* * *

PDV ALEX

Je crois bien que quelqu'un a dû prendre possession de mon corps lors de cette dernière semaine, je ne vois que cette explication ; car il est tout bonnement impossible que mon self-control soit suffisamment puissant pour supporter l'extrême lenteur de la caissière en face de moi. Et pire encore : non seulement je la tolère, mais en plus je n'y porte même pas attention ! Je me contente simplement de sourire, la tête dans les nuages. Comme si j'étais défoncée à l'herbe, et dieu sait que ce n'est pas arrivé depuis bien longtemps.

— Ça vous fera trente-quatre dollars, lâche la jeune caissière, non sans mastiquer vulgairement son chewing-gum à la fraise.

Mon mine insouciante manque de défaillir une microseconde.

Ok, Ian va me tuer.

Je chasse cette pensée de mon esprit et dépose les billets sur le comptoir, avant de quitter la supérette, les bras chargés de paquets de Reese's et autre biscuits en tout genre.

Ce matin en me levant, j'ai eu cette folle idée de dévaliser les rayons sucrés du supermarché afin de transformer cette première après-midi passée avec mon père, en une dégustation nostalgique et conviviale. Des bons souvenirs entre nous... il n'y en a pas eu beaucoup. En revanche, je me souviens pertinemment à quel point mon estomac, ainsi que papa, raffolaient de ces gâteaux. Il va adorer, c'est certain.

Bien sûr officiellement, je n'étais censé acheté qu'une quantité compatible à notre budget très serré... mais je sais que Ian sera incapable de me faire la gueule bien longtemps. Lui qui me répète à longueur de journée qu'il ne veut que mon bonheur, comment pourrait-il résister à ma bouille semblable à celle d'une enfant de dix ans le jour de Noel ? Il ne pourra pas, point barre.

Cette image me fait inconsciemment sourire, tandis que j'entame ma marche jusqu'au quartier modeste habitant mon paternel.

C'est ça enfaîte, il n'y a aucune anormalité à mon comportement : je suis simplement heureuse. Genre... vraiment heureuse, comme si nos retrouvailles m'avaient retiré une écharde du pied, un poids important de mon cœur, alors que je n'en avais même pas conscience. C'est très bizarre comme sensation, mais c'est plaisant. Je devrais pouvoir m'y habituer. J'adorerais.

Ian n'est pas aussi confiant que moi. Je lui ai pourtant conté en long et en large les détails de notre dernier entrevue : la façon dont mon père m'a immédiatement proposé que l'on se revoit, l'émotion avec laquelle il m'a prise dans ses bras avant de partir... mais ce n'est pas suffisant. Rien n'est suffisant quand il s'agit de moi. J'imagine que cela est dû à son instinct de protection beaucoup trop sur-développé.

Il n'a pourtant aucune raison de s'en faire : je ne ferai aucune gaffe vis-à-vis de nous deux, de notre situation, et remettrai bien ma perruque avant de sortir de chez lui. Pas de drame, pas de mauvaise rencontre, juste une simple après-midi découverte entre un père et sa fille.

Tout se passera bien, rien ne pourra jamais gâcher cette journée.

— Zut ! s'exclame une passante, son corps s'entrechoquant vivement avec le miens.

Waouh ! Je ne l'ai pas vu venir celle-là, un peu plus et je me rétamais sur le sol.

Par je ne sais quel miracle, je parviens à retenir de justesse mes achats, ce qui n'est pas le cas de son Iphone à elle qui s'écrase malencontreusement contre le goudron. Bien joué Alex.

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