15 - I'm a mess

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En média : Gasoline - Halsey

* * *

— Comment est-ce qu'une chose pareille a pu arriver ?! explose Ian pour la énième fois en quelques secondes.

Je pourrai voir d'ici le corps frêle de Cece sursauter sur place, et cette vision me ferait presque esquisser un sourire. Presque.

— Bon sang mais dites-moi au moins ce qui s'est passé !

— Je n'en sais pas plus que toi ! rétorque-t-elle finalement, Elle n'a pas dit un mot depuis notre arrivée... elle doit être sous le choc.

Sans pouvoir m'en empêcher, ce sourire minime apparaît cette fois bel et bien sur mon visage. C'est assez hilarant cette façon qu'ils ont de parler de moi comme si je ne me trouvais pas tout juste à deux mètres d'eux. Comme si j'étais transparente, ou soudainement atteinte d'une maladie mentale. Ce qui est peut-être le cas. Car il y a cette adrénaline qui me hante constamment l'esprit, cette force suprême tout droit sortie de ma part sombre qui menace de s'échapper à tout moment, à moins de garder un contrôle total sur l'ensemble de mon corps. Voilà pourquoi je persiste à rester recroqueviller sur moi-même depuis mon entrée dans l'appartement de Cece. Les bras renfermés autours de mes genoux, le regard rivé droit devant moi, c'est cette position très stratégique qui m'empêche de totalement partir en vrille. Pour l'instant.

La main de Ian ne tarde pas à s'infiltrer dans les miennes, et durant une microseconde, mon cœur manque de lâcher face à sa peau extrêmement froide. Bien différente de la mienne qui bouillonne sur place.

— Bébé... s'il te plait, explique moi.

Pour la première fois en une heure, je sors de mon mutisme et croise son regard, réellement. Lorsque nous sommes arrivées à son appartement au sud de San Francisco, Cece était dans tous ses états : elle ne cessait de me poser des questions tout en s'agitant dans tous les sens, ce qui fut assez exhortant. Mais comment la blâmer ? La pauvre ne comprenait rien à rien à ce qui se passait, et mon silence devait d'autant plus la faire flipper. Au bout de quelques minutes, j'ai finalement réussi à articuler qu'il fallait prévenir Ian, et aussitôt, celui-ci à sauter dans sa voiture avant de nous rejoindre plus vite que l'éclair, et de m'entourer de ses bras musclés. Une étreinte dont j'ai été incapable de rendre.

— Mon père a vu en moi l'opportunité d'obtenir sa came, voilà ce qui s'est passé.

Ses mots sortent amèrement de ma bouche, et me donnent la nausée. C'est la première fois que je les prononce à voix haute, et ce simple fait leur donne cette authenticité... impossible à supporter.

— Il m'a fait croire qu'il voulait renouer avec moi... alors qu'il avait déjà en tête de me livrer aux hommes de David.

J'ai presque envie d'hurler de rire face à cette situation totalement tordue. Quoi que certes tordue mais... putain de prévisible.

Comment ai-je pu passer à côté des signes ?

Cette fascination chelou qu'il avait eu pour David, son interrogatoire vis-à-vis de l'emplacement de notre hôtel à Ian et moi, toutes ses bizarreries à propos de son prétendue travail et... son changement de comportement soudain après avoir compris que je ne valais pas moins de dix mille dollars. Les signes étaient là et je me suis fait avoir, comme une amateure. J'ai été aveuglé par mes souvenirs d'enfances, par ceux de ma mère et par mes blessures... qui je le sais aujourd'hui, ne s'effaceront jamais complètement.

J'aurai préféré qu'il me claque la porte au nez dès ma première visite, la chute aurait été moins difficile à supporter. Car là j'y ai cru, j'y ai vraiment cru putain et c'est ça le pire. Ce foutu espoir.

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