11 - Faire face

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En médias : Radioactive - Imagine Dragons

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PDV ALEX

« Ajouter la farine et la levure dans le saladier, puis former un puit et y verser les œufs... »

Un puit ? Je fais quoi là, de la maçonnerie ?

Tant bien que mal, j'ajoute les ingrédients les uns après les autres au fond de la cuve et tente par tous les moyens de creuser un trou, avant de casser les œufs à l'intérieur. Le résultat est catastrophique, sans parler des micros coquilles flottants au large de la masse visqueuse... Agacée, je passe une main lasse sur mon front avant de me rendre compte que celle-ci était pleine de pâte à pancakes, ce qui a le don m'énerver encore plus.

Je ne sais pas ce qui m'a prise ce matin de m'être embarquée à faire de la cuisine, chose qui ne m'arrive absolument jamais tant mon niveau est lamentable ! Enfin si, j'ai peut-être une idée... Ian n'était pas là à mon réveil, je n'ai donc pas eu accès à son soutien moral et physique, et c'est le seul moyen que j'ai trouvé pour passer au dessus du stress que me procure cette ville.

San Francisco.

La ville est magnifique, l'hôtel, qui est pourtant dans notre budget assez merdique, est pas trop mal non plus, Ian et moi nous en sortons toujours aussi bien dans notre rôle d'incognitos, et je ne peux qu'être enchantée par ce temps magnifique, bien loin de celui que j'avais l'habitude de vivre à New-York en plein mois de Février. Et pourtant je ne peux m'empêcher d'être ultra stressée par la situation. Car je sais pertinemment pourquoi nous sommes là, pourquoi nous avons quitté notre ancien hôtel en furie et pourquoi nous nous sommes installés ici quatre jours plus tôt. C'est pour moi, pour que je puisse faire la connaissance de mon père.

Mon père putain. Celui que je n'ai pas vu depuis mes huit ans et qui se trouve actuellement à moins de trois kilomètres de ma position. Cette simple pensée me terrorise, littéralement.

Je la sors de mon esprit en reprenant machinalement ma préparation, tout en tentant de canaliser le tremblement provenant de mes doigts. J'attrape une louche et verse une petite quantité de pâte dans le fond de ma poêle quand...

Et si c'était une connerie ? Après tout, peut-être que je ne suis pas prête ? Peut-être que tout ça va trop vite ?

Bon sang, ce n'est pas vrai !

Je suis pathétique, je n'arrive même pas à me concentrer sur un pauvre pancake sans que mon cerveau ne parte vagabonder ailleurs !

Il faut tenter quelque chose de plus efficace, et Ian n'étant pas là, le sexe n'est tristement pas une option.

Mes yeux retombent alors sur le poste-radio de la cuisine et... bordel, j'ai l'impression que ça fait une éternité que je n'ai pas écouté de la musique, que je n'ai pas danser sur le tout nouveau hit de Beyonce en explorant mes cordes vocales aussi talentueuses que mon niveau en cuisine.

Depuis le début de cette cavale, j'ai pris pour habitude de m'éloigner de toutes sources d'informations, comprenant donc : les magazines, les télévisions et les radios. M'étant difficilement remise de mon expérience chez l'épicier de L.A, savoir que mon nom, ainsi que celui de Ian, puissent fuiter à n'importe quel moment me rend flipper. C'est peut-être un tort, mais je préfère ne pas prendre connaissance de tout ça, ne pas être spectatrice de tous ces flics voulant ma peau. Je laisse cette tâche volontiers à mon copain.

Mais là c'est un cas de force majeur, et je sais que j'ai touché juste quand, appuyant sur le bouton « on », la résonance du beat de « Toxic » s'infiltre dans mon corps, et le fait vibrer, pour la toute première fois en une semaine.

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