Epilogue

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Ian Davis vient de me demander en mariage.

Cette phrase parait surréaliste.

Et vous savez ce qui parait encore plus surréaliste ?

J'ai accepté sa demande. Comme ça, sans trop d'hésitation.

Une décision qui donnerait à la Alex d'il y a quinze ans des sueurs froides et l'envie de prendre ses jambes à son cou. Mais celle d'aujourd'hui l'accepte avec beaucoup de sérénité. Pas étonnant, c'est la même qui a eu idée de ce tatouage qui recouvre désormais mon poignet droit.

Je jette un œil rapide à Ian, qui se décide enfin à sortir le reste de son apéritif surprise du sac, me retenant d'enlever mon bandage pour admirer à nouveau ses fines lignes. Ce n'est pas tellement que c'est secret, d'ailleurs, je suis à peu près sûre de ne pas réussir à tenir ma langue jusqu'à demain matin. J'étais juste... gênée, sur le moment. Une certaine pudeur, comme si je ne m'étais pas déjà entièrement donnée à lui. Et honnêtement, je n'étais même pas sûre que cette date allait lui parler.

Le 10 novembre 2016.

Le jour où a débuté ma toute dernière infiltration, commanditée par Dean. Le jour de mon entrée à l'Université Colombia.

Le jour où je l'ai percuté dans les sanitaires du dortoir.

Je ne sais toujours pas si il a pleinement conscience d'à quel point il a changé ma vie.

Avant de le rencontrer, j'étais une ado paumée, abandonnée par son père, terrorisée par un nombre incalculable de traumas, et qui pensait finir sa vie en taule. En taule ou dans le fond d'un ravin, à voir. Alors qu'aujourd'hui, à l'aube de ma trentaine... je peux l'affirmer : je suis une femme comblée. Comme je n'aurais jamais cru possible. Certaines blessures sont encore là et le seront probablement toujours, mais j'apprends à les apprivoiser. En attendant, je vis dans un cocon paradisiaque, la liberté à ma portée, je m'ouvre un peu plus de jour en jour, je suis sur le point d'obtenir un job d'enfer et j'ai construit ma propre famille... Je n'ai jamais cherché à recontacter mon père depuis qu'il m'a livré aux hommes de David, même lorsque toute cette histoire était terminée. Pourquoi faire ? Me concernant, il peut très bien être mort et enterré. Il me suffit.

D'accord. Je mentirais si je disais ne pas regretter un tout petit peu ma vie d'avant. Parfois ça me manque... l'adrénaline, le danger. Mais tout ça, ce n'est rien comparé à une véritable sensation de plénitude.

Et puis, dans le fond, je sais que ça ne changera jamais vraiment. On aura beau se fondre parfaitement dans le décor cubain, Ian et moi serons toujours une équipe. Deux êtres cabossés par la vie, unis contre le reste du monde.

Des Outsiders.

FIN

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