30 - Case départ

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En média : Blue Jeans - Lana Del Rey

* * *

— Café ?

Je jette un œil au gobelet que me propose mon ex-boss, avant d'ignorer sa proposition en verrouillant mon regard au mur. L'air impassible. Comme vidée de toute énergie.

C'est le mot je crois. La tristesse a quitté mon corps il y a quelques heures de cela. Je ne ressens plus que du vide désormais. Et de la colère. Beaucoup de colère.

— Café, conclu-t-il devant mon silence.

Dean dépose sous mes yeux ce liquide infâme que la police d'ici appelle du « café », puis s'installe à son tour en face de moi, derrière son imposant bureau. Je le sens m'observer tandis que le silence perpétue encore et toujours entre nous.

— Je dois dire Alexia, laisse-t-il finalement échapper, c'est toujours un plaisir de passer du temps en ta compagnie.

Je le considère longuement, un sourcil braqué en arc de cercle. Ce petit sourire ironique flottant à la commissure de ses lèvres me donne une soudaine envie de l'égorger sur place.

— Désolée, j'ai pas trop la tête à faire la conversation là, je rétorque, un brin sarcastique.

— Ce que je comprends tout à fait au vu des derniers événements. Néanmoins, je crois sentir une pointe de rancœur dans ta voix... Envers moi. Je me trompe ?

Là encore, le silence se charge de ma réponse.

— Et si tu vidais ton sac ? me challenge-t-il en croisant ses bras contre sa poitrine.

Je prends alors une grande inspiration et imite sa position, bien plus tendue.

Si mes yeux pouvaient tuer, Dean aurait déjà certainement trois balles dans l'estomac.

— T'as raison. Je t'en veux.

— Bien. Et je peux savoir pourquoi ?

J'hausse mes sourcils, encore une fois. J'hallucine !

— Sérieux, t'as pas une petite idée ? craché-je, désormais à deux doigts de perdre pieds.

— Franchement ? Non. Si tu veux mon avis, tu devrais plutôt m'être redevable pour tout ce que j'ai pu fai...

— T'être redevable ?! m'emporté-je enfin. Putain mais tu t'entends ?!

Dean reste interdit sur sa chaise tandis que je me relève sur mes pieds, à cran. Furieuse. Et faire les cents pas dans la pièce n'y arrange strictement rien. Petit à petit, la tension s'empare de chaque membre de mon corps, au même rythme que les images s'affolent dans ma tête. Elles retracent toute ma vie de ces derniers mois, et comme d'habitude, la dernière est celle de Ian, détournant son regard du miens après que le juge ait prononcé sa sentence.

Les larmes me montent instantanément aux yeux. Comme si je n'avais pas déjà passé ma nuit entière à pleurer.

Je ne vais jamais pouvoir m'en remettre, ce n'est pas possible.

Enragée, je chasse mon sanglot d'un rapide geste de la main, et reporte mon attention sur le flic en face de moi.

— Tu veux savoir pourquoi je t'en veux ? poursuis-je en posant mes deux mains à plat contre le bureau. Je t'en veux parce que tu nous as fait espérer ! Parce que tu m'as fait espérer !

Des larmes dévalent à nouveau contre mes joues, à toute vitesse, et cette fois je ne fais rien pour les arrêter.

— T'avais dit que tu allais nous aider ! Que tu allais tout faire pour alléger notre dossier si nous collaborions avec toi !

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