20 - Famille du cœur

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En média : More than words - Little Mix feat Kamille

* * *

PDV LYNNA

J'ai faim.

Je ne peux pas bouger.

Les émissions télé sont nazes au possible.

Je me fais chier.

Après cette semaine merdique passée aux urgences, je pensais au moins que mon retour à la maison me rendrait une partie de ma joie de vivre. Tu parles ! L'unique point positif à ma nouvelle prison est que je n'ai cette fois plus aucun scrupule à me plaindre sans arrêt. Mes infirmiers à domicile, se résumant à Simon, Meredith et Cameron risquent très prochainement de ne plus réussir à me supporter. Mais bon, j'ai été victime d'un accident qui aurait pu s'avérer mortel, et suis dans l'obligation de passer les deux prochaines semaines clouées au lit, alors j'estime avoir un peu le droit de me défouler sur eux.

— Merde, je râle tandis que le gros oreiller derrière mon dos glisse une nouvelle fois sur le sol.

Meredith, qui passait dans le couloir, s'empresse de le ramasser et de le ranger à sa place afin que je conserve cette position assise. Je la remercie d'un petit rictus, définitivement soûlée.

— Au faite, commence-t-elle en boutonnant son manteau d'hiver, Je ne pense pas te l'avoir dit : j'ai demandé à l'hôpital de prévenir Carla le lendemain de ton accident...

La mention de ma mère biologique suffit à attirer toute mon attention, et à me plonger dans cet océan de souvenirs... dont j'ai parfois du mal à gérer.

Je n'aime pas parler de ma vie à l'époque du foyer, encore moins de celle la précédant. Je crois même n'avoir jamais confié quoi que ce soit à Elliot à ce sujet, seulement qu'elle était très compliquée. Pas au stade de celle d'Alex évidemment, mais... tout de même très compliquée.

Je n'ai jamais connu mon père. Enfin si, je l'ai partiellement connu les six premières années de ma vie, avant qu'il ne se décide à disparaître pour de bon juste après la naissance de Simon. J'ignore ce qu'il est devenu et je m'en moque. Je n'ai jamais ressenti le besoin de me rapprocher de lui, ma mère et Simon me suffisaient. Jusqu'à ce que sa débauche nous sépare.

Ça a commencé par la dépression, puis l'alcool, et s'en est ensuite suivi quelques maladies aux noms imprononçables... Bref, elle n'était plus capable de se gérer toute seule, encore moins deux enfants. C'est la raison pour laquelle Simon et moi avons atterri au foyer.

— Ah oui ? Comment est-ce qu'elle a réagis ?

— Eh bien elle n'était pas... Elle n'était pas vraiment en état de répondre.

La gêne déforme son visage.

— Oh, je réponds sans réelle émotion.

Ça ne m'étonne qu'à moitié. Maman a beau logé dans ce centre spécialisé, son état ne s'est jamais vraiment amélioré.

Je me souviens encore de la fois où elle nous avait rendu visite au foyer, l'époque où elle avait encore le droit de sortir sans la surveillance d'un travailleur social. J'avais appris le soir même qu'elle était rentrée au centre complètement bourrée. Et depuis... ça va ça vient. Il y a ces rares fois où elle est bien, et où c'est un réel plaisir de lui rendre visite ou de l'avoir au téléphone. Mais la plupart du temps... elle est complètement à l'ouest. Elle parvient même à sa défoncer sans que personne ne remarque quoi que ce soit. Et dans ces moments-là... l'avoir dans ma vie est insupportable.

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