Hors des frontières françaises, Roy réalise à quel point le monde dans lequel il vivait n'était qu'illusions et mensonges. Blessé et avec pour seul allié, Seth, il choisit de se lancer dans une guerre sans fin contre son père en rejoignant un groupe...
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ROY
Je me réveillai aux alentours de onze heures avec un mal de crâne phénoménal et une faim monstrueuse. Et pour cause, je n'avais rien avalé la veille. Il faut dire que j'avais été plutôt occupé. D'un pas trainant, je rejoignis la salle de bain afin de me rendre le plus normal possible. Je ne pouvais pas me balader dans le réfectoire avec une tête de déterré pareil où j'étais certain de faire fuir tout le monde. J'en faisais assez comme ça. Et je devais avouer que me faire dévisager partout où je me trouvais telle une bête de foire me lassait atrocement.
Je pris une douche sans trop me presser, et après m'être habillé d'un treillis, d'un maillot de corps et d'un pull épais, je me rasai. Ce n'était pas du luxe non plus. En revanche je ne réussis pas à me donner plus de couleur, j'étais blanc comme un linge.
Avant de quitter la chambre, je lus brièvement le mot qu'avait laissé Seth pour moi. Il m'indiquait qu'il se trouverait dans la chambre de Neils pour la surveiller si jamais je le cherchai. Je fus une fois de plus frappé par mon égoïsme, j'étais détestable de le laisser s'occuper d'elle de cette manière. C'était cruel.
Je quittai la chambre dans les secondes suivantes en fermant à clé derrière moi. Seth et moi conservions quelques armes même si Iris ne l'autorisait pas vraiment, je ne voudrais pas que quelqu'un tombe dessus et j'étais persuadé qu'on ne se gênerait pas pour venir fouiller dans nos affaires. Certain n'avait pas peur des conséquences. Ceux-là essayaient toujours de se montrer plus fort que tout le monde. J'étais même étonné qu'il n'y ait toujours pas eu de vague. Je m'attendais à ce que Neils ou moi nous fassions agresser à un moment ou un autre par un Insurgé qui aurait quelque chose à prouver aux autres ou à lui-même, comme Seth s'était fait agressé.
À la base Grandson, il était arrivé deux fois qu'un officier m'agresse : soit parce qu'il me vouait une haine personnelle, soit parce qu'il haïssait tout simplement ma famille. J'avais amoché très sérieusement les deux, mais le deuxième on ne l'avait jamais revu. J'étais persuadé que ses motivations avaient déplu aux généraux alors ils l'avaient fait éliminer. Les soldats admiraient les de Lussigny, ils n'étaient pas censés les haïr.
Le réfectoire n'était pas très rempli à cette heure ci, ce qui me valut un lot de regard insistant. À quoi s'attendaient-ils exactement ? À ce que je vienne les canarder ? On suivait mes moindres faits et gestes comme si je pouvais tuer quelqu'un à chaque instant. Les ignorant le plus possible, je me servis une grosse assiette de ragout qui devait dater d'hier, et ce même s'il n'était que onze heures du matin. Je m'installai le plus loin possible des autres, au bout du réfectoire, même s'ils continueraient à me fixer comme des vautours.
J'avalai mon repas avidement. À l'avenir, je me rappellerai de ne plus me coucher l'estomac vide. J'avais beaucoup dormi hier mais j'avais la sensation d'être aussi frêle que lorsque j'étais parti me coucher et c'était, à coup sûr, dû à mon ventre vide depuis bien trop longtemps. Alors que je finissais mon assiette en sauçant avec du pain plutôt sec, Zack prit la place en face de la mienne mais il n'avait rien à manger.
