Chapitre 31

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WOLF

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WOLF

La première chose que ma mère m'avait inculqué pendant ma jeunesse se résumait en quelques mots : ne pas approcher Edgar de Lussigny et sa famille. Je n'avais jamais vraiment eu l'intention de lui désobéir et finalement, je n'avais jamais eu le choix. Si je l'avais eu, j'aurais à un moment ou un autre tenté d'en apprendre plus sur eux, en dépit de ce que voulait ma mère. Je savais qu'elle avait toujours fait de son mieux pour moi, et je lui en serai toujours reconnaissant, mais au fond elle devait se douter que je voudrais apprendre à les connaitre. Après tout, j'étais un de Lussigny aussi.

Ma mère présentait Edgar de Lussigny comme l'être le plus abject qui soit. Si tant est qu'elle ait raison, derrière sa colère elle l'avait aimé. J'avais grandi dans la crainte du nom de Lussigny. Dès le départ, ma mère m'avait appris tout ce que je devais savoir à propos de cette famille et pourquoi je devais les éviter jusqu'à la fin de mes jours.

- Ils sont inhumains, tuent sans scrupule et écrasent les plus petits qu'eux pour monter encore plus haut, avait-elle dit de son éternel ton ferme et colérique.

À l'évidence, elle avait en partie tort. Roy était peut-être l'un des hommes les plus humains que j'avais pu rencontrer, une fois qu'on avait atteint ce qu'il cachait derrière son armure. Il ne correspondait pas complètement au tableau qu'en dépeignait ma mère. J'avais entendu suffisamment d'histoires à son propos pour savoir à quoi m'en tenir et ce dont il était capable, surtout sous l'emprise de la colère. Mais un être inhumain ne se battrait pas avec tant de ferveur pour libérer son pays de l'oppression, de sa propre famille. Il s'était retourné contre ceux qui l'avaient élevé et fait grandir, contre ses origines. Qui pouvait en dire autant ? Tous autant qu'ils étaient chez les Insurgés venaient du peuple, sauf Iris.

Même moi, je n'avais pas eu à me battre contre ce que j'étais. Je devais juste me battre avec ma peur en permanence. S'il y avait bien un loupé dans mon éducation, c'était ce sentiment néfaste qui me faisait agir impulsivement. Roy n'avait pas peur, pas plus que Edgar. Ils savaient se contrôler, moi j'avais toujours laissé la peur me dominer jusqu'à ce qu'elle m'engloutisse et que je commette l'irréparable.

La première fois que j'avais tué un homme, j'étais resté enfermé une semaine dans le dortoir de l'armée de la base de Strasbourg. J'avais seize ans. Une mission de routine qui avait mal tourné, j'avais agis de façon stupide et un homme était mort à cause de moi. Avec le temps, tuer ne m'avait plus donné cette impression de perdre une part de moi-même, je le faisais sans plus y penser parce que je devais le faire.

Quand je m'étais échappé de la base en pleine nuit, le général avait lancé des escadrons entiers à ma poursuite. J'étais aussi effrayé qu'une bête sauvage à apprivoiser. J'avais tué tout ceux qui se mettaient en travers de mon chemin, que ce soit pour m'aider ou me dénoncer parce que j'étais tétanisé à l'idée qu'ils me retrouvent et me ramènent dans cette base grise et froide. J'avais tué coupables et innocents, parfois sans le réaliser, tant je me laissais mener par ma peur. De cette manière, je m'étais retrouvé à l'entrée du QG des Insurgés sans même savoir ce qui m'attendait. Aza avait été la première à sortir après que les gardiens m'aient ordonné de ne plus bouger. Je savais quel effet je devais renvoyer. Ma tenue de soldat crasseuse, pleine de sang et déchirée aux genoux et sur mon abdomen, ne me laissait aucune chance de mentir. Ils savaient que j'avais tué avant même que je dise quoi que ce soit. C'était comme une odeur que je portais et qui ne pourrait pas partir, jamais.

Empire - T2 (Terminé)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant