Hors des frontières françaises, Roy réalise à quel point le monde dans lequel il vivait n'était qu'illusions et mensonges. Blessé et avec pour seul allié, Seth, il choisit de se lancer dans une guerre sans fin contre son père en rejoignant un groupe...
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ROY
Mon monde de paillettes et d'illusions venait tout juste de lever le voile : le clou du spectacle. J'avais toujours été effrayé par la portée des sentiments que je pouvais ressentir et leur influence néfaste sur mes décisions, raison pour laquelle je m'étais toujours particulièrement appliqué à éloigner tout le monde de moi. En revenant à l'Opale, ma détermination avait failli jusqu'à ce que je laisse plusieurs personnes entrer dans mon cercle proche. La naïveté m'avait aveuglé pendant des semaines. Des semaines où j'avais cru que tout pourrait rentrer dans l'ordre, que je n'avais plus à m'inquiéter de cette menace invisible qui planait au-dessus nos têtes.
Je n'avais jamais ressenti pareille douleur dans la poitrine, mon coeur semblait avoir été écorché vif sans pitié ni états d'âmes. Qu'est-ce que j'avais loupé ? Comment j'avais réussi à ne rien voir et à me faire berner aussi facilement ? La seule réponse logique qui me venait c'était que je l'aimai. Aussi dure et indécente cette vérité soit-elle, j'aimai tellement Neils que je n'avais plus pensé une seule seconde qu'elle pourrait me trahir, me mentir, et me jeter en pâture à ceux que je haïssais depuis ma plus tendre enfance.
- Je me disais bien qu'on aurait jamais dû te faire confiance, siffla Charles en foudroyant du regard celle que nous considérions comme une alliée il y a peu.
La bile me monta à la gorge. Je me retenais de ne pas éclater en morceaux sur le champ même si mon esprit n'avait pas attendu que je lui interdise pour imploser.
- Neils... pourquoi ?
Ma voix trahissait mes sentiments tant elle sonnait fébrile et terrifiée. J'étais complètement désemparé. Ça ne pouvait pas être réel. Neils ne pouvait pas nous avoir trahi, pas nous, pas moi. Pas après que je l'ai tant favorisé par rapport à Seth.
C'est un cauchemar et je vais me réveiller. Ça ne peut pas être réel. Ça ne peut pas. Ça ne peut pas !
- Neils a fait son devoir, assena Adrien sans se départir de son sang-froid habituel. Grâce à elle, nous avons pu mettre la main sur un groupe de terroristes dangereux qui menace la République.
- Nous ne devons pas tous avoir la même conception de la République, marmonna Seth dans ses dents.
Voir la réalité en face était insoutenable. Ses prunelles couleur olive m'observaient avec tant d'indifférence que j'en avais la nausée. Ce n'était pas elle, cela ne pouvait pas être elle. Si froide et imperturbable, si peu humaine.
- Neils, l'appelai-je d'un ton si désespéré qu'il ne semblait même plus m'appartenir. Neils, s'il te plait...
Ma raison vacillait, mon coeur le suivait de près. J'étouffai de terreur et de détresse. Je refusai de croire que tout était faux, je refusai de croire qu'elle avait fait semblant et que j'avais des sentiments pour quelqu'un qui se servait de moi depuis le début. Seth avait eu raison de me mettre en garde, peut-être mon père avait-il eu, aussi, en partie raison. J'étais assez épris de Neils pour ne pas l'avoir vu manigancer dans mon dos, assez pour lui avoir accordé une totale confiance. Je l'avais laissé faire de moi ce qu'elle voulait quand je pensais contrôler parfaitement la situation.
