Chapitre 2

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- Réveille-toi !

Les yeux à demi ouverts, j'entendais tout juste un faible bourdonnement autour de moi. Je ne percevais qu'un halo flou et des taches noires omniprésentes qui me faisaient mal à la tête.

- Roy ! Insista une voix familière dont les intonations faibles m'inquiétèrent immédiatement. 

Une douleur poignante se propageait dans ma cuisse pareille aux tentacules piquantes et collantes d'une pieuvre. C'était comme une sorte de poison venimeux dans mes veines, qui remontait dans toutes les directions, et enflait chaque seconde un peu plus. Je ne sentais plus ma jambe.

- Roy, debout ! S'il te plait, je vais avoir besoin d'aide. Réveille-toi !

J'avais les paupières lourdes, l'odeur de pin qui s'insinuait à travers mes narines me donnait envie de dormir. Un sommeil lourd et profond.

- Roy ! Répéta la voix d'un ton désespéré.

J'ouvris les yeux si brutalement que je ne vis plus rien pendant quelques secondes.

- Enfin, j'ai cru que tu ne te réveillerais jamais, soupira Seth.

Son bras me maintenaient fermement debout, contre lui. Il avait le visage sale de crasse, légèrement égratigné par des branches d'arbres par endroit, et il avait l'air épuisé. Je passai mon bras valide au-dessus de ses épaules et Seth retint mon poignet de sa main pour me stabiliser. Je tenais à peine debout et je n'arrivai pas à percevoir notre environnement.

- Seth, l'appelai-je d'une voix rocailleuse. À ta place, je me laisserai là.

Blessé, sans ressources, en pleine nuit au milieu d'une forêt, je n'avais pas la moindre chance de m'en sortir vivant. S'il voulait espérer vivre, il devait me laisser au pied de cet arbre, au milieu des cadavres froids des soldats de mon père.

- Je ne le considère même pas comme une option. Alors tais-toi, siffla Seth.

C'était bien la première fois qu'il m'ordonnait de me taire de manière aussi brutale. Je ne pourrai pas le faire changer d'avis, il renierait chacun de mes arguments.

- Je ne suis qu'un poids mort et nous sommes perdus au milieu d'un territoire que nous ne connaissons pas, renchéris-je.

Il me dévisagea sans une once de retenue, je n'avais jamais vu ses cils blonds comme les blés de si près, ni le vert sombre de ses yeux dans lesquels je percevais des taches jaunâtres au coin des pupilles. Et ses taches de rousseurs éparses rajoutaient une couche à son visage taillé dans le marbre.

- Je préfère mourir en essayant de vivre qu'attendre que la faucheuse vienne me chercher, grogna-t-il entre ses dents.

J'aurais difficilement pu dire mieux.

- C'est parce que t'as pas un sous de jugeote, le piquai-je en laissant mes lèvres s'étirer en une sorte de sourire qui devait plus ressembler à une grimace.

- T'as un sourire à faire peur, se moqua-t-il.

- Méfie-toi de ce que tu dis, le menaçai-je.

- Tu n'es pas en position de me menacer, Roy. Je suis ton sauveur, chantonna-t-il.

Au clair de lune, ses yeux pétillaient comme des étoiles.

- Alors sauve-moi parce que on est mal partis pour le moment.

Ses doigts se crispèrent sur mon poignet et autour de ma taille.

- À gauche, dans une centaine de mètres, on tombera sur une rivière. Si on suit le cours d'eau, on trouvera peut-être quelques habitations.

Empire - T2 (Terminé)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant